BMW vend désormais plus de véhicules électriques que Tesla en Europe, aux États-Unis un conducteur sur deux abandonne sa Tesla pour revenir à l’essence

C’est notamment la revue spécialisée Auto Plus qui relaie cette information : aux Etats-Unis, « un conducteur de Tesla sur deux passe au moteur à combustion ». Autrement dit, le constructeur de véhicules électriques appartenant à Elon Musk perd des clients, si l’on en croit l’étude sur laquelle la revue spécialisée s’est basée pour conclure.

Selon cette enquête de la plateforme Edmunds, spécialisée dans l’achat et la vente de véhicules neufs et d’occasion, 51% des automobilistes ayant vendu leur Tesla entre janvier et juillet 2024 ont repris des modèles à moteur thermique, soit à essence, 10% ont opté pour un hybride, 6% pour des hybrides rechargeables et seulement 32% pour une voiture électrique neuve.

Des données qu’il faut toutefois relativiser, puisqu’elles ont été collectées auprès des concessionnaires, elles ne prennent pas en compte les ventes réalisées directement par le constructeur sur internet ou via ses points de vente. Cette année, l’institut McKinsey avait déjà révélé que 46 % des propriétaires de véhicules électriques aux États-Unis envisageaient de troquer leur voiture contre un modèle thermique. En revanche, pour S&P Global Mobility, 70 % des propriétaires de Tesla opteraient pour une autre Tesla. Selon l’enquête d’Edmunds, des problèmes persistants de qualité et un manque d’innovation significative dans la gamme sont à l’origine de cette désaffection, la baisse rapide de la valeur des véhicules étant également pointée du doigt.

BMW dépasse Tesla en Europe

Tesla vit également une mauvaise passe en Europe pour le constructeur américain. Les chiffres compilés par les consultants Jato Dynamics, l’un des principaux fournisseurs de données et d’analyses pour l’industrie automobile mondiale basé à Londres, révèlent que si les ventes de véhicules électriques de BMW ont bondi de plus d’un tiers dans l’Union européenne en juillet, à 14.869 unités, celles du constructeur américain ont chuté de 16%, à 14.561. BMW a donc vendu plus de voitures électriques que Tesla pour la première fois le mois dernier. Ce dernier perd donc des parts de marché au profit du constructeur allemand, ainsi que du suédois Volvo. Et ce, dans un marché qui s’est contracté de 6% en Europe, indique aussi Jato Dynamics, en raison notamment d’une baisse des subventions à l’achat, en Allemagne et en Suède notamment. Cela a notamment poussé certains constructeurs, comme Volkswagen et Mercedes-Benz, à revoir à la baisse leurs cadences de production automobile.

BMW, comme la plupart des acteurs du secteur, n’a pas particulièrement brillé à l’occasion de la publication de ses comptes du deuxième trimestre, marqué notamment par une érosion de la rentabilité due à « normalisation des prix, augmentation de la R&D et inflation des coûts (…), partiellement compensées par la détente des matières premières « , a expliqué le cabinet Oddo BHF – les objectifs annuels ont été confirmés, mais désormais ciblés sur le bas de la fourchette de marge. L’allemand peut toutefois compter sur une forte demande pour ses véhicules électriques, notamment les i4 et iX1, qui se sont vendus plus que les modèles comparables de Mercedes et Audi. Le Model Y de Tesla reste la voiture électrique la plus vendue en Europe au premier semestre, même si la demande s’estompe pour ce modèle désormais vieux de quatre ans, rappelle l’agence Bloomberg.

Tesla également concernée par les surtaxes de la Commission européenne

Sur le continent, Tesla doit aussi composer avec les surtaxes décidées par la Commission européenne sur les importations de voitures électriques en provenance de Chine (déjà taxées à 10%). Si l’Américain est concerné, c’est parce que la firme américaine possède des usines dans ce pays, mais elle bénéficiera d’un niveau de surtaxe préférentiel de 9% car elle reçoit moins de subventions. Dans le détail, les surtaxes pour les principaux constructeurs chinois seront de 17% pour BYD, 19,3% pour Geely et 36,3% pour SAIC. Les autres constructeurs seront soumis à des droits moyens supplémentaires de 21,3% s’ils ont coopéré à l’enquête menée par Bruxelles et de 36,3% dans le cas contraire. Les surtaxes s’appliqueront à partir d’octobre pour une durée de cinq ans à condition que les vingt-sept pays européens adoptent cette proposition de la Commission européenne.

En réaction, la filiale de Renault, Dacia, n’exclut pas d’augmenter à l’avenir le prix de sa Spring électrique pour compenser ces droits de douane européens supplémentaires, mais pas de manière brutale ni significative, avait indiqué début juillet à Reuters une porte-parole de la marque low cost du groupe Renault. La petite voiture est en effet fabriquée en Chine et est actuellement commercialisée en France à partir de 18.900 euros.

Le robotaxi de Tesla attendu en octobre

Fin juillet, l’action Tesla a chuté de plus de 12% lors de la publication de ses comptes du deuxième trimestre. Si le chiffre d’affaires total a progressé de 2% à 25,5 milliards de dollars, porté par les activités de stockage d’énergie par batterie, dont les facturations ont doublé pour représenter 12% du chiffre d’affaires, celui de la division automobile a reculé de 7% à 19,9 milliards de dollars. Le résultat opérationnel, affecté par des charges de restructuration, a plongé de 33% à 1,6 milliard de dollars, représentant une marge opérationnelle de 6,3%, loin des près de 20% affichés il y a un peu plus de deux ans (au premier trimestre 2022).

Le bénéfice net a quasiment été divisé par deux. En revanche, la génération de cash s’est améliorée. Le groupe fait face à la stagnation du marché des voitures électriques en Europe et aux Etats-Unis et à une concurrence accrue, notamment chinoise. Par ailleurs, le groupe a annoncé au début du mois que la présentation du robotaxi, dont rêvaient les investisseurs et qui était prévue le 8 août, a été reportée à octobre.