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Bluesky, un jeune réseau social face au spectre de la désinformation

«Bonjour les blueskyers. Je vais gentiment venir me foutre en l’air ici, retrouver mes amis fact-checkeurs qui ont fui comme des gros connards de X. A tout de suite. Bisous. » Le message est signé AuBonTouiteFrançais, un compte d’extrême droite habitué à la désinformation, qui s’est fait connaître sur le réseau social en pleine progression. Son objectif revendiqué : contrecarrer le commerce.

Il n’est pas le seul à avoir franchi cette étape. Une dizaine de millions d’internautes ont créé un compte sur Bluesky depuis l’élection de Donald Trump, pour échapper à un membre de l’équipe du président élu républicain. Parmi eux, une majorité de scientifiques, de journalistes, d’experts et de militants, souvent proches de la gauche. Mais aussi certains récits auxquels ils espéraient échapper.

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Spécialistes en fabrication

Ces dernières semaines, de nombreux adeptes d’affirmations manipulatrices ou biaisées s’y sont installés, comme le patron du site controversé Francesoir.fr, Xavier Azalbert, en première ligne des discours rassurants et anti-vax au plus fort de la crise du Covid-19. . Ou encore la revue de presse du militant d’extrême droite Pierre Sautarel, « Fdesouche », un recueil de faits divers à connotation xénophobe.

Certains nouveaux venus sont même des spécialistes des fabrications, comme la double théoricienne du complot du publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, Zoé Sagan, qui a alimenté le mythe de la transsexualité supposée de Brigitte Macron ou d’un complot des fact-checkers, journalistes spécialisés dans la vérification factuelle.

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A ces acteurs de la désinformation s’ajoute une petite armée de « trolls » anonymes, aux noms évocateurs de « Georges Profond », « Vlad le Libérateur » ou « La ComplAutiste », venus débattre, selon leurs propres mots, avec « les hommes de soja » (insulte masculiniste visant les hommes de gauche) et «journalopes et autres décadents pseudo-progressistes», ou dénoncer le « génocide vaccinal » de la « putalabos ».

La plupart sont arrivés fin novembre. S’ils sont minoritaires et isolés pour l’instant, ils posent néanmoins une question : le réseau Bluesky, qui se veut une solution de remplacement saine et rationnelle à la dérive complotiste et haineuse de X, est-il armé pour faire face à l’arrivée de des comptes malveillants ?

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Discours nuisible

Dès les premiers jours, l’émergence des figures de la désinformation s’est heurtée à un mur. A l’image de l’accueil aussi confidentiel que glacial reçu par Xavier Azalbert, avec « Sortez de là », « s’en aller », « aller à la poubelle »les comptes régulièrement accusés de désinformation se heurtent sur Bluesky à l’hostilité affichée des internautes. Et, pour une fois, ces derniers ont les moyens de se protéger des discours nuisibles, là où l’algorithme X, qui privilégie le click-catch et les contenus sensationnalistes, les met au contraire en avant.

Conçu comme un antidote à la dérive sensationnaliste de X, Bluesky intègre de nombreux outils paramétrables pour se protéger des contenus problématiques. Ainsi, un filtre de contenus flexible permet de masquer ou d’alerter sur des contenus violents, insultants, voire trompeurs. Autre exemple, un compte collaboratif propose d’alerter automatiquement sur les messages contenant des fichiers générés par l’intelligence artificielle (IA), ou des profils qui les utilisent souvent. La plateforme fournit également un système de « notes communautaires »vérifications ajoutées par les utilisateurs sur des publications trompeuses. Ce dispositif, initié sur Twitter en 2021 et déployé sur

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Surtout, le concurrent de X propose un système innovant et apprécié : la possibilité de lister les comptes à bloquer (comme les relais du Kremlin, les militants d’extrême droite ou les « trolls ») et de partager cette liste prête à l’emploi avec d’autres utilisateurs. Un mode d’invisibilité qui permet de considérer, pour l’instant, Bluesky comme une forteresse – ou, pourrait-on objecter, comme une bulle.

Contenu illégal

Loin des débats mainstream, Bluesky héberge également des contenus illégaux. Le site brésilien Nucléo a identifié 125 comptes lusophones partageant de la pédopornographie codée, une pratique habituellement réservée à X et Discord. Marginale par rapport aux 24 millions de comptes du réseau social, la découverte a suscité le mépris satisfait des influenceurs complotistes. Depuis, Elon Musk et ses partisans ont caricaturé Bluesky comme un repaire de pédophiles.

Mais la principale vulnérabilité du jeune réseau social est ailleurs. Son système d’autodéfense communautaire, qui fonde la lutte contre la désinformation sur la confiance dans d’autres récits, peut paradoxalement conduire à une moindre vigilance. Trompés par l’estime de soi, les lecteurs influents de Bluesky ont ainsi pu se laisser berner par la désinformation. Comme le prestigieux journal Naturequi a accidentellement illustré un article sur le succès du réseau social auprès des scientifiques avec une fausse image générée par l’IA du télescope Hubble.

Certains s’inquiètent également des limites du système de listes partagées. Un compte, « CSAM Blocklist under Lists », proposait mi-novembre une liste d’utilisateurs supposés partageant du contenu pédopornographique. Celle-ci a effectivement rassemblé des internautes affichant leur sympathie pour la communauté LGBT. Une manière de détourner le système de modération de Bluesky pour relayer les amalgames chers à l’extrême droite.

Correction, le 6 décembre à 18h30 : une première version de l’article attribuait à tort la paternité des « notes communautaires » à Elon Musk et surestimait les inscriptions Bluesky depuis l’élection de Donald Trump.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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