Blue Tribune et Le Koq, de nouveaux visages réchauffent l’ambiance dans les tribunes derrière les Bleus

Deux groupes de supporters ont récemment formé une association. Amoureux de leur soutien bruyant, les joueurs français rivalisent pour leur présence.

« Allez, on va faire une petite Paillade pendant que personne ne chante. La, la, la, la Paillade. Ce soir, on va chanter et on ne s’arrêtera jamais. Arthur, Arthur. » Dès l’entrée du Montpelliérain Arthur Cazaux sur le court Suzanne-Lenglen, mardi 28 mai lors du premier tour de Roland-Garros, Ilyas a crié en chœur avec ses amis. Tous portent un maillot bleu, imprimé de « Le Koq », contraction des mots « kop » et « coq ». Posté à côté de la fanfare officielle, le groupe se lève à la fin de chaque point et s’attire les regards curieux de ses voisins d’en face, peu habitués à un tel volume sonore en début de match.

« Les gens nous regardent et sourient, ils nous filment mais ne nous suivent pas » Axelle glisse, la voix déjà rauque après trois jours de fandom. Dans une Suzanne-Lenglen bondée et couverte, le kop se fait entendre mais peine à susciter l’enthousiasme. « Le court est grand et ici il y a des CSP+ et des spectateurs plus âgés que sur les courts latéraux. Ils ont moins tendance à reprendre nos chants. C’est beaucoup plus facile sur les petits courts où on retrouve plus de jeunes et de passionnés », analyse Antoine.

Le groupe de sept jeunes actifs âgés de 23 à 30 ans a créé ce kop de supporters des tennismen français en février dernier, après avoir noué des liens à l’autre bout de la planète… lors d’un match d’Arthur Cazaux lors de l’Open d’Australie. Dès le premier tour, le Français s’est imposé en cinq sets au cours d’un match plein de rebondissements. « Nous nous sommes rencontrés lors de ce match. A la fin, le kiné d’Arthur Cazaux est venu nous voir pour savoir si nous comptions venir au tour suivant », retrace Marius, l’un des co-fondateurs.

Les Français créent une telle ambiance que la Fédération française de tennis les remarque et des joueurs, comme Luca Van Assche, leur glissent des invitations pour assurer leur présence. « Nous avons créé l’association à notre retour d’Australie. Nous avons bien fait les choses pour pouvoir récolter des fonds, aider, recevoir des invitations », souligne Ilyas, qui à chaque fois qu’il encourage son champion brandit le maillot du club de football de Montpellier au logo « Cazaux ». « C’est le sien, il nous l’a offert lors de l’Open d’Australie. »

La relation nouée avec l’entourage du joueur est telle que Le Koq va jusqu’à lancer une « Aux armes » de concert avec les amis d’enfance d’Arthur Cazaux présents dans les tribunes de l’autre côté du terrain. « Il ne le montre pas trop, mais on sait que nos chansons plaisent à Arthur. Il nous l’a dit. » assure Antoine. Pour leur premier tournoi sous les couleurs du Koq, quatre de ses membres ont été invités par BNP Paribas pour faire vivre les matchs jusqu’à ce que les tableaux ne comptent plus de Bleus.

Présent sur les réseaux sociaux, Le Koq annonce chaque matin le programme des rendez-vous français où il sera présent pour mettre l’ambiance. « Tout le monde est invité à nous rejoindre à condition qu’il y ait du respect. Nous ne voulons pas d’excès.» souligne Marius. Dans les tribunes, les supporters veillent toujours à faire taire leurs chants au plus tard dix secondes avant le service de chaque joueur. Téléphone en main, Axelle se charge de répondre aux messages des fans souhaitant s’asseoir à côté d’eux.

Sur le court 14, un autre groupe de supporters français attend pour faire entendre sa voix. Comme chaque jour depuis les qualifications, les membres de La Tribune bleue poussent derrière les Français. Ce jeudi, une quinzaine de supporters du petit ballon jaune attendent sous la pluie le début du match de Kristina Mladenovic. Martin est chargé de rassembler les cadeaux. « On a créé un groupe sur Instagram pour se retrouver. La plupart des gens ici ne se connaissent pas. Notre objectif est de nous rassembler autour du tennis. précise l’ambassadeur du jour.

Tout comme Le Koq, La Tribune bleue est née récemment et sur proposition de… Gaël Monfils. En avril, un groupe de huit amis, tous joueurs de tennis, se retrouvent lors du tournoi d’Estoril, au Portugal. « Nous avions déjà l’habitude d’aller à tous les tournois possibles, quel que soit le niveau. Mais nous n’en avions aucune idée lorsque nous sommes allés à Estoril. » » raconte Hippolyte, étudiant et co-fondateur de La Tribune bleue. Dès les qualifications, les étudiants remontent le moral, discutent avec des Bleus parfois seuls dans un tournoi loin de leur base.

Alors quand, ravi du soutien de ces jeunes Français de 21 à 24 ans, Gaël Monfils leur a proposé l’idée de monter un kop, ils n’ont pas hésité. Ils ont créé leur association et ouvert un compte sur les réseaux sociaux. Leur profil, ou encore Alexandre Müller, qui à la veille de son premier tour rappelait que « la Tribune Bleue était évidemment plus qu’invitée ». « On ne s’attendait pas à autant de retours de la part des joueurs et des fans de tennis, confie Hippolyte. Notre objectif est de rassembler les gens car nous ne pouvons évidemment pas assister à tous les tournois. »

Comme Le Koq, La Tribune bleue veut être appréciée des deux camps. Le groupe a donc décidé de fixer des règles. Pour apparaître aux côtés de La Tribune bleue, vous devez signer une charte dans laquelle le supporter s’engage à respecter les valeurs du tennis : « On n’applaudis pas les doubles fautes de l’adversaire, on arrête les chants au moment du service et pendant l’échange », énumère le co-fondateur.

Coïncidence du calendrier, pour cette troisième journée de Roland-Garros, les deux groupes étaient répartis différemment sur les courts, de quoi accroître les soutiens aux Bleus. « Nous aimons aider les joueurs secondaires. Ce sont surtout eux qui ont des difficultés financières et dans le tournoi, indique Hippolyte. Nous essayons aussi de voir ceux qui nous soutiennent depuis le début. » Un constat partagé par les amis de Koq, qui ont hâte de retrouver « leurs » joueurs de l’Open d’Australie. Sur le Lenglen, malgré leur soutien indéfectible, leur champion Arthur Cazaux chute d’entrée.