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Bitcoin – Le coup de maître géopolitique des États-Unis

Bitcoin – Le coup de maître géopolitique des États-Unis


lun. 25 nov. 2024 ▪
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Nicolas T.

La création d’une réserve stratégique de Bitcoin s’annonce comme le plus grand séisme monétaire depuis la fin des accords de Bretton Woods.

Le dilemme

La sénatrice américaine Cynthia Lummis pourrait poser la première pierre d’une refonte du système monétaire international.

En l’état, son projet de loi bipartite (Bitcoin Act) prévoit d’acheter un million de bitcoins, soit 5 % de l’offre totale. Le cumul doit se faire sur cinq ans dans le but de les conserver pendant au moins 20 ans.

Plutôt que de financer cette réserve par de la dette, Cynthia Lummis propose de vendre les réserves d’or et de puiser dans les bénéfices réalisés par la Fed. La Fed perçoit les intérêts sur plusieurs milliers de milliards de bons du Trésor achetés via le fameux Quantitative Easing.

Cette stratégie est à comparer avec la diminution rapide de la part du dollar dans les réserves mondiales de change. Face à la défiance mondiale à l’égard du dollar, il est éclairant de faire un petit détour historique pour comprendre la portée de la création d’une réserve américaine de bitcoin.

C’est à Bretton Woods que la livre sterling fut officiellement détrônée par le dollar, plus d’un an avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis ont imposé le billet vert comme monnaie pivot par rapport à laquelle toutes les autres monnaies flotteraient.

L’or a été créé comme garantie pour que le commerce international s’effectue sur un pied d’égalité. En d’autres termes, Washington a dû convertir le dollar en or à la demande, ce qui lui a évité d’abuser de la planche à billets pour financer ses importations.

Ce système portait cependant en lui le germe de sa propre destruction. Le piège a été exposé en 1960 par Joseph Triffin. Le dilemme de Triffin explique que les pays dont la monnaie est une monnaie de réserve internationale doivent nécessairement être en déficit commercial pour permettre aux autres pays de disposer d’une réserve.

Cet impératif mathématique signifie qu’un déficit commercial permanent est la condition nécessaire pour réapprovisionner le monde en monnaie.

De l’or au pétrodollar

Les États-Unis devaient fournir la monnaie internationale tout en promettant de la convertir en or. Mais face à la croissance du commerce international, il est vite devenu impossible de tenir cette promesse en maintenant une parité fixe de 35 dollars l’once d’or.

À tel point qu’après seulement deux décennies, il y avait déjà sept fois plus de dollars en circulation dans le monde que d’or à Fort Knox. Particulièrement responsables de la coûteuse guerre du Vietnam et du pic pétrolier, les États-Unis ont commencé à importer beaucoup de pétrole du Moyen-Orient.

Les accords de Bretton Woods se sont effondrés lorsque la France et d’autres pays européens ont exigé la conversion de leurs dollars en or. Le président Richard Nixon a finalement mis fin au Gold Standard en 1971.

Cela a été suivi par l’avènement du système dit du pétrodollar. Ce qui était censé être une grave faiblesse économique (le pic pétrolier de 1971) s’est avéré être une aubaine comme on en voit rarement dans l’histoire. Le coup de maître géopolitique a été d’obliger les pays de l’OPEP à vendre leur pétrole exclusivement en dollars.

Le pétrole étant l’élément vital de toute économie industrialisée, le monde entier a été contraint de rester fidèle au dollar. Les États-Unis ont ainsi pu laisser filer leur déficit commercial sans que le dollar ne se déprécie. Les États-Unis sont le seul pays à bénéficier de ce privilège.

L’explication réside dans le fait que les dollars accumulés par les pays exportateurs ne sont pas convertis dans leurs monnaies nationales, mais investis dans la dette américaine (pour rapporter des intérêts). C’est le privilège exorbitant : afficher une balance commerciale chroniquement négative tout en s’endettant facilement à faible coût.

Le revers de la médaille est que la dette publique américaine représente désormais 37 % de la dette publique mondiale. Le gouvernement américain doit au reste du monde 7 000 milliards de dollars…

Mettre la main sur les bitcoins avant (presque) tout le monde réduirait la facture. C’est l’objectif énoncé par la sénatrice Cynthia Lummis.

BRICS et dédollarisation

De nombreux pays craignent que les États-Unis ne remboursent pas et le « gel » des réserves russes (300 milliards d’euros et de dollars) n’a pas arrangé les choses. La dédollarisation est désormais un objectif assumé par les BRICS, rejoints récemment par trois grands exportateurs de pétrole (Iran, Émirats arabes unis et Arabie saoudite).

Le rapport de force n’est plus le même que dans les années 1970. La Chine est devenue la première économie mondiale en termes de parité de pouvoir d’achat. Les BRICS+ représentent 46 % de la population mondiale et 35 % du PIB mondial (PPA).

Entre autres mesures, le club est responsable d’environ 25 % des exportations globales. Elle produit également 42 % de blé, 52 % de riz et 46 % de soja. C’est aussi 43 % de la production pétrolière (et 44 % des réserves mondiales). Soit même 35,5 % de sa production de gaz (et 53 % des réserves).

Une évolution du système monétaire international est inévitable dans les années à venir. Washington le sait et les tensions géopolitiques sont la conséquence directe de cette peur. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’ambition américaine de créer une réserve de bitcoin.

Bitcoin possède tous les attributs d’une parfaite monnaie de réserve internationale. La première raison est qu’il résout le paradoxe de Triffin en étant apatride. La seconde est qu’il puisse circuler facilement, une exigence qui a toujours manqué à l’or.

Ainsi, après l’aubaine de l’achat des territoires de Manhattan, de la Louisiane, de la Californie et de l’Alaska, les États-Unis se préparent à nouveau à conclure l’affaire du siècle.

Il était naturel que les États-Unis soient les premiers à franchir le pas, car ils ont le plus à perdre si le bitcoin devenait l’actif de réserve du prochain millénaire. Si tout se passe comme prévu, Michael Saylor prédit qu’un seul bitcoin atteindra 13 millions de dollars.

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Nicolas T.

Reportage sur Bitcoin, « la déesse de la sagesse, se nourrissant du feu de la vérité, devenant de plus en plus intelligente, plus rapide et plus forte de manière exponentielle derrière un mur d’énergie cryptée ».

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