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Bilan positif à l’OL avant le début de la saison à Rennes

Meilleure équipe de la seconde moitié du millésime précédent, après avoir été dernière du classement pendant 11 journées jusqu’au 15 décembre 2023, l’Olympique Lyonnais entame la nouvelle saison sur des bases stables mais avec son lot d’inconnues. Et surtout, une question centrale : la magie du premier semestre 2024 va-t-elle encore opérer ?

L’année réelle I de John Textor

Propriétaire du club depuis décembre 2022 mais véritablement aux commandes depuis mai 2023 après l’éviction de Jean-Michel Aulas, John Textor dispose désormais du club tel qu’il le voulait, uniquement concentré sur la Ligue 1. Le printemps lui a permis de vendre des actifs hors football masculin, à savoir la salle de concert à l’ancien homme fort du club le 11 juin, la franchise féminine OL Reign, le 17 juin suite à la séparation de l’OL féminin le 8 février.

Toutes ces opérations ont facilité le passage devant la DNCG (Direction nationale du contrôle et de la gestion) qui a pu se faire sans encombre en juin. L’argent frais de la LDLC Arena et de l’équipe américaine (plus de 100 millions d’euros au total), la réduction de la dette générale (autour de 70 millions) sans oublier la fin du déficit récurrent de la section féminine (15 millions annuels) ont ainsi rassuré le gendarme financier du football français.

Le 27 juin 2024, le feu vert donne aux managers la liberté d’action pour avancer, là où douze mois auparavant les problèmes d’encadrement du recrutement ont commencé. On connaît la pente douce de l’été et de l’automne, jusqu’au début de l’hiver avec quatre changements de personnel (Blanc, Vulliez, Grosso puis Sage) !

Des hommes de confiance aux commandes

Dans cet environnement plus serein pour le patron américain – désormais entouré d’un directeur général, Laurent Prud’homme, qui fait l’unanimité et le lien qui manquait à John Textor à l’aube de la saison 23-24, et d’un directeur sportif, David Friio, qui a les coudées franches -, l’OL avance de manière plus fluide autour d’un budget de 220 millions d’euros. A l’image d’un effectif qui a non seulement l’onction sportive d’une remontée historique réussie (18e le 15 décembre pour une 6e place en mai) mais qui est désormais « légal » : Pierre Sage a en effet validé dans la première quinzaine de juin son diplôme d’entraîneur qu’il a officiellement reçu le 27 juin avant de signer un contrat jusqu’en juin 2026 le 3 juillet.

La découverte de John Textor – il a découvert Pierre Sage qui dirigeait l’Academy depuis six mois lors des premiers passages au club – a permis aux deux hommes d’enrichir leur relation et d’asseoir chacun leur puissance dans leur champ d’action. Ainsi, le patron de l’équipe sportive de l’OL, essentiellement issu du monde amateur de la région Rhône-Alpes, et qui a fait mieux que deux champions du monde avant lui (Laurent Blanc et Fabio Grosso), a pu s’entourer d’hommes de confiance au moment de sa nomination officielle. Pour remplacer Jérémie Bréchet et Antonin Da Fonseca, partis rejoindre Bruno Genesio à Lille, il a choisi Jorg Maciel (assistant), Rui Lemos (préparateur physique) et Denis Valour (coordinateur de la performance) pour compléter le staff. Quant à la cellule de recrutement data, bien organisée autour de Mathieu Louis-Jean et David Friio, elle a les moyens de mettre en œuvre sa politique.

Pierre Sage, an II

« Un homme avec une mission, désormais un homme avec un projet » : la formule du directeur sportif David Friio résume le changement de statut de Pierre Sage. Désormais muni du diplôme officiel, il finit par « coûter » à son patron près de 25 000 euros par match (600 000 euros au total) faute du précieux sésame. Et celui qui était censé assurer l’intérim de quelques matches en décembre 2023, puis sauver l’OL de la Ligue 2 et qui s’est retrouvé avec une moyenne de 2,09 points par match (46 points gagnés en 22 matches gérés en Ligue 1) pour propulser l’équipe en Europe sera regardé différemment. Il le sait, et l’assume sereinement : « La seule pression que je me mets, c’est de rendre les joueurs performants individuellement et performants avec l’équipe, confie-t-il. La pression du championnat et de la Coupe d’Europe me dépasse, je me concentre uniquement sur la performance de l’équipe. »

Il poursuit : « Le discours évolue car mon poste a évolué. On a vécu des choses fortes ensemble et j’ai été confirmé dans mon poste donc ça a changé la façon dont l’équipe me percevait. Aujourd’hui la mécanique est différente avec les mouvements de joueurs, on s’entraîne avec un groupe encore incertain, entre ceux qui vont nous quitter et ceux qui pourraient nous rejoindre. On essaye d’être efficace malgré tout et j’essaye de lire les comportements pour que tout le monde soit mobilisé par notre projet à court et long terme. »

La tirelire cassée

Alors pour assurer les ambitions, l’OL ne tergiverse pas : à ce jour, 134 millions ont été dépensés en 2024, pour un déficit de la balance des transferts, calculé à 111 millions d’euros ! Le board lyonnais n’a en effet pas lésiné sur les dépenses dans cette saison atypique, qui en termes de mercato a débuté en… janvier ! En début d’année, il fallait sauver l’OL privé. Et si dans un premier temps, John Textor, encore enfermé dans ses certitudes américaines que l’OL ne descendrait pas (« It’s a funny question », avait-il répondu un soir de novembre à la question sur une éventuelle relégation), il a écouté puis entendu les critiques.

Certains joueurs ont été achetés cash tandis que d’autres ont été prêtés avec de lourdes options d’achat. Au total, de Duje Caleta-Car à Mama Baldé, d’Ernest Nuamah à Gift Orban, l’OL doit lever cet été pour plus de 66 millions d’euros d’options, négociées depuis le 1er janvier 2024, sans oublier les dépenses en cash. L’exemple des chèques XXL signés par John Textor se voit dans le processus d’acquisition d’Orel Mangala : l’option d’achat valait un chèque de 23,4 millions d’euros, effectué le 2 juillet à Nottingham Forest après un prêt payant de 11,7 millions opéré sur les cinq premiers mois de 2024.

A ce jour, seuls Skelly Alvero (Brême, 5 millions d’euros), Tino Kadewere (Nantes, avec 25% d’intérêt pour une éventuelle revente), Johann Lepenant (prêté à Nantes avec une option d’achat de 2,5 millions d’euros) et Jake O’Brien (19,5 millions d’euros à Everton) ont permis de compenser les seuls achats de cet été.

L’OL opère également un lifting de son effectif en termes d’arrivées : Moussa Niakhaté, l’international sénégalais en provenance de Nottingham Forest (31,9 M€), devient le deuxième transfert le plus cher de l’OL derrière… Orel Mangala ! Autre défenseur recruté, Abner Vinicius (Betis, 8 M€) tandis que Georges Mikautadze (18,5 M€) complète une ligne offensive pleine de promesses puisqu’Alexandre Lacazette a décidé de rester.

L’attente des fans

Toujours présents, jamais vraiment râleurs et encore moins acerbes, les supporters de l’OL ont été d’une aide précieuse pour l’institution, tout au long des mois où, en d’autres temps, la défiance et la violence auraient pu dominer. Comprenant le contexte de l’époque, sur fond de succession assez peu sereine entre les deux hommes forts, celle de la construction de l’OL contemporain et celle de la reprise en main, ils ont su entourer leurs joueurs d’une bienveillance rare, les scénarios des matchs aidant aussi beaucoup à (re)nouer les uns avec les autres. Et l’OL est remonté de la 18e à la 6e place en renversant un total de 7 matches de février à mai, prenant ainsi 24 points après avoir été menés, dont 19 apportés par des buts de joueurs sortis du banc quand ce n’était pas au bout de la 16e minute du temps additionnel contre Brest (4-3) !

De quoi nourrir de grands espoirs : « Il faut qu’on continue sur la lancée de la fin de saison avec un titre en fin de saison, explique Dylan, supporter lyonnais, à BFM Lyon. Il faut qu’on garde l’amour du maillot et l’envie d’être ensemble qu’on a vu en fin de saison. » Il rejoint Grégoire, un autre supporter qui a d’autres souhaits : « Je veux de la régularité dans nos efforts et nos résultats. Sur le papier, on a une assez bonne équipe. » « Le scénario rêvé, c’est de gagner le titre, espère Loïc. De manière réaliste, il faut être en Europe en fin de saison, voire en Ligue des champions et sortir de la phase de poules de Ligue Europa. » Tout le monde s’inscrit pour s’enthousiasmer à nouveau, Ruben résumant : « J’attends que la bonne cohésion perdure. Je veux de la régularité et s’enthousiasmer au stade. »

Le retour de la double vie : nationale et européenne

Dans l’irréelle saison 2023-2024, les supporters ont aussi été récompensés par le retour de l’Europe. Elle se jouera une nouvelle fois au Groupama Stadium, après plus de deux ans d’absence, ce jeudi 15 avril 2022 suite à une défaite en quart de finale retour face à West Ham (O-3). Et au terme d’un dernier acte incroyable puisque l’OL a décroché son billet pour la C3 grâce à un penalty tiré à la 90e+6 du dernier match face à Strasbourg. Finalement, ce sera la seule minute de la saison où Lyon occupe une place européenne. S’il n’en restait qu’une, c’était celle-là !

D’où l’importance de surfer sur la magie de la saison passée : « Notre force la saison dernière, c’était notre force de caractère, explique Corentin Tolisso. Il faudra le montrer dès le début de saison en gommant les défauts de la saison passée. Il faudra garder la même exigence et la même intensité que l’an dernier. Les joueurs qui ont vécu les émotions de la saison dernière sont toujours là. Ce n’était pas parfait, mais on a fait des matches assez fous. En revanche, cette année, il faudra être bon dès le début de saison et tout au long de la saison, notamment défensivement. »

Et les ambitions ?

Pierre Sage les énumère sereinement : « Pour moi, une saison réussie sera une meilleure saison que l’an dernier dans l’ensemble, avec une meilleure maîtrise de tous les temps. Le fait de s’inscrire positivement dans les trois compétitions et de faire progresser tous les joueurs aussi bien individuellement que collectivement. La saison dernière, le contexte faisait qu’il fallait construire nos objectifs au fur et à mesure de la deuxième partie de saison, et c’était l’une de nos forces. Pour dire qu’on vise le podium, il faudra le voir à cinq ou six matchs de la fin de la dernière journée. »

Et les coéquipiers de Corentin Tolisso, champion du monde 2018, promu capitaine en attendant le retour du vice-champion olympique Alexandre Lacazette, attendent avec impatience ce premier déplacement comme une révélation : « Le groupe se sent bien, on a eu une bonne préparation, on a travaillé la tactique, la technique et physiquement, on est bien aussi. On pourra jauger tout ça dimanche face à Rennes, mais vu les entraînements qu’on fait, je pense qu’on n’est pas mauvais. On a très bien terminé la saison dernière, il faut maintenir l’exigence et l’intensité, j’espère qu’on repartira sur les mêmes bases qu’en fin de saison dernière ». Rennes, où l’OL version 23-24 avait remporté son premier match de la saison, au soir de la 12e journée, dimanche 12 novembre. Une époque qui paraît si lointaine quand on lit la suite de la vie de l’OL depuis !

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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