Le plan d’épargne retraite est-il sur le point de connaître un tournant majeur ? Populaire auprès des Français pour de nombreux avantages qu’il propose, cet investissement lancé le 1er octobre 2019 est désormais pointé du doigt. Le 24 septembre, un rapport réalisé par les députés Charles de Courson et Félicie Gérard a été déposé à l’Assemblée nationale, remettant en cause les avantages fiscaux d’un tel investissement. Dans leur rapport, ils proposent également de fixer une limite d’âge pour l’ouverture d’un PER à 67 ans ainsi que la liquidation automatique à 70 ans.
À peine un mois plus tard, le 14 octobre 2024, c’était au tour du Conseil des déductions obligatoires (CPO), institution rattachée à la Cour des comptes, de se pencher sur la question. Ce dernier suggère dans un nouveau rapport de « recentrer le plan d’épargne retraite sur sa fonction d’épargne retraite en encadrant ses âge de liquidation« comme indiqué Capital.
Plan d’épargne retraite : vers une liquidation judiciaire ?
Il faut dire que les avantages offerts par plan d’épargne retraite sont nombreuses et ont de quoi faire grincer des dents les autorités qui cherchent à réduire le déficit public. Le PER vous permet d’épargner tout au long de votre carrière afin de préparer votre retraite en toute sérénité. Les paiements y sont bloqués (sauf cas exceptionnels), garantissant ainsi un revenu supplémentaire quand le moment sera venu. Par ailleurs, autre avantage non négligeable, les versements effectués permettent de réduire l’impôt sur le revenu jusqu’à 10 % des revenus professionnels et 35 194 euros en 2024.
Le PER pourra ensuite être débloqué au moment de la retraite, au gré du titulaire, sans limite d’âge. Dans ce cas, le montant équivalent aux sommes versées est alors soumis au barème deimpôt sur le revenu. Quant aux gains générés, ils sont soumis au impôt forfaitaire de 30%. Mais cela n’est pas sans poser un certain problème de la part des autorités, comme l’explique le Conseil des Retenues Obligatoires : « Toutefois, dans le cas où un PER ne serait jamais liquidé par son titulaire avant son décès, l’intégralité du droit au capital de ce plan est transmis à ses héritiers« .
Le double avantage du plan d’épargne retraite
Il s’agit donc d’un double avantage en termes de fiscalité pour le titulaire du PER et ses héritiers. Non seulement les paiements ne sont pas imposés au moment du décès, mais ils sont également transmis aux héritiers sans qu’ils aient à payer d’impôts non plus. Mais le avantages fiscaux ne vous arrêtez pas là. En effet, si le titulaire du PER décède avant ses 70 ans, chaque bénéficiaire peut alors percevoir jusqu’à 152 500 euros sans avoir à payer d’impôts. Un montant qui tombe à 30 500 euros si elle décède après 70 ans. Et dans le cas où le bénéficiaire en question est le conjoint, il n’aura pas ni les impôts sur le revenu, ni droits de succession payer.
On comprend mieux pourquoi ce produit est si apprécié des Français et pourquoi il est également dans le collimateur des autorités. Le Conseil des Retenues Obligatoires dénonce : « Constitué de flux non soumis à l’impôt sur le revenu détenus par le défunt au moment de sa constitution, le PER offre un « double avantage » aux personnes concernées ». C’est pourquoi le CPO demande « faire évoluer les principales caractéristiques du PER pour le recentrer sur son objectif premier qui consiste à encourager l’épargne-retraite.
Le plan d’épargne retraite est-il trop avantageux ?
Pour ce faire, le CPO propose un « sortie progressive obligatoirevoire liquidation obligatoire du PER à partir d’un certain âge »sans fournir plus de détails. Une proposition qui permettrait toutefois de conserver des avantages fiscaux pour les titulaires de PER décédés avant l’âge de sortie et leurs héritiers.
Selon le Conseil des Prélèvements Obligatoires, la mise en œuvre d’une telle mesure aurait « le mérite de la cohérence avec l’objectif premier du PER qui est de promouvoir le développement l’épargne retraite, et non pas constituer un outil d’optimisation fiscale en matière de succession ». À suivre.