Face au dérapage des finances publiques, le ministère de l’Économie a besoin de plus de temps que prévu pour peaufiner son projet de Budget.
Matignon ne transmettra finalement pas son projet de budget au Haut Conseil des finances publiques ce lundi, selon les informations de BFM Business. Un envoi qui a été reporté à la dernière minute, car Bercy, en quête d’économies, finalise encore les derniers détails. Le délai pour l’envoyer au Haut Conseil a été prolongé jusqu’à mercredi.
Dans le calendrier budgétaire habituel, le gouvernement a jusqu’au 1er octobre pour présenter son projet de loi de finances au Parlement, avec un dépôt au Haut Conseil des finances publiques vers la mi-septembre. Mais la nomination tardive du nouveau Premier ministre et de son gouvernement a resserré le calendrier et contraint à reporter certaines échéances.
« Jamais un Premier ministre depuis 60 ans n’a été contraint de présenter un budget en deux semaines », a déclaré samedi Michel Barnier lors du 130e congrès des pompiers français.
Le Haut Conseil des Finances publiques rend chaque année un avis sur le projet de budget du gouvernement. Un avis rendu public, mais simplement consultatif. Son président, Pierre Moscovici, avait appelé le gouvernement à transmettre le projet de loi au plus tard ce lundi pour pouvoir espérer respecter la date de présentation du Budget au Parlement le 9 octobre. Car après le Haut Conseil, le texte aura être examiné par le Conseil d’État.
Un déficit public de plus de 6% cette année
Mais la découverte par le Premier ministre, et par les nouveaux locataires du ministère de l’Economie, d’un dérapage plus grave que prévu du déficit public, n’a pas facilité la prise de position de la nouvelle équipe.
« Ce que je constate, je le dis sans polémique, est extrêmement grave, et je pèse mes mots », a prévenu samedi Michel Barnier.
Devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a annoncé que le déficit public pourrait effectivement atteindre 6% pour 2024, bien au-delà des 4,4% prévus en début d’année et même des 5,1% encore espérés cet été. . Selon nos informations, si rien n’est fait, elle pourrait même chuter jusqu’à 6,3%.
Pour tenter de corriger la situation en urgence, Antoine Armand, le ministre de l’Économie, et Laurent Saint-Martin travaillent d’arrache-pied pour trouver des pistes d’économies et de nouveaux revenus. Augmentation de l’impôt sur les sociétés, contribution exceptionnelle des grandes entreprises, suppression des aides à l’apprentissage… Les idées affluent en ce moment à Bercy. Mais rien n’est encore fait et le gouvernement s’est donné un peu plus de temps pour se décider.