Bertrand Premier ministre ? Macron accepte, quelqu’un d’autre décide de son sort
Si l’hypothèse Xavier Bertrand n’est toujours pas enterrée pour Emmanuel Macron, le premier doit désormais convaincre le RN et Marine Le Pen pour espérer entrevoir les portes de Matignon.
L’essentiel
- Mardi, à l’issue d’un entretien avec les principales figures de la droite républicaine, Emmanuel Macron s’est dit « dans l’optique de nommer Xavier Bertrand » à Matignon, rejetant les candidatures de Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet.
- Une piste balayée, l’après-midi même, par la menace de censure brandie par le Rassemblement national (RN) si le président de la région Hauts-de-France venait à être nommé Premier ministre. On imagine aisément que le NFP ferait de même, de quoi faire tomber le nouveau gouvernement à peine nommé.
- Mais selon une source proche du chef de l’Etat au Figaro, Emmanuel Macron envisagerait plutôt une solution « politique ». Et la présidence continuerait de mettre en avant les noms de deux personnalités expérimentées, à savoir Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve.
- Xavier Bertrand aurait donc les faveurs du président de la République, mais doit désormais convaincre le RN et Marine Le Pen. Le président de la région Hauts-de-France a déjà tenté de se rapprocher de Sébastien Chenu en lui confiant un rôle d’intermédiaire jusqu’à Marine Le Pen. « Le RN vous censurera immédiatement si vous êtes nommé. Pas de bluff, pas de double langage de notre part sur ce sujet », lui a aussitôt rétorqué Sébastien Chenu, par SMS, selon les informations de Politico.
En direct
09h10 – « Pour nous, c’est non », le RN fermé au débat sur l’affaire Bertrand
Désormais, le travail pour Xavier Bertrand s’annonce extrêmement difficile. Sébastien Chenu y est ouvertement opposé, rendant difficile de tenter de convaincre Marine Le Pen de ne pas le censurer. Par ailleurs, Marine Le Pen a déjà clairement indiqué son refus catégorique de voir le nordiste à Matignon. Elle « l’a dit aux RP la semaine dernière » rapporte un poids lourd du RN à Politico. « Pour nous, c’est non ; on l’a vu à l’oeuvre, on le connaît par cœur, comme ministre, à la Région, à la tête de l’UMP », poursuit-il, toujours dans les colonnes de Politico, ce mercredi 4 septembre.
09:03 – Xavier Bertrand «n’a pas de convictions», déplore Éric Ciotti
Ce mercredi, Éric Ciotti a réaffirmé son hostilité à Xavier Bertrand sur France 2, dans l’émission « Les 4V » sur Télématin : « M. Bertrand est la fausse droite (…) une droite qui vote à gauche. Il n’a aucune conviction, il n’est pas sincère, a toujours trahi la droite et je ne lui accorderais pas ma confiance. »
08:59 – Bruno Retailleau (LR) affiche son soutien à Xavier Bertrand
« Nous ne nous opposerons bien sûr pas à la nomination de Xavier Bertrand » comme Premier ministre, a confirmé ce mercredi matin sur BFMTV, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Xavier Bertrand est « dans notre famille », a-t-il indiqué. « Nous voulons un Premier ministre de cohabitation, c’est-à-dire un Premier ministre qui applique la Constitution de la Ve République, article 20, c’est le gouvernement qui détermine et conduit la politique de la nation, ce n’est pas le président de la République », précise-t-il.
08h55 – « Il est évident que le RN va vous censurer immédiatement », assure Chenu
Toujours selon les informations de Politico, la stratégie de Sébastien Chenu pour tenter de rallier Marine Le Pen à sa cause ou au moins éviter une motion de censure rapide du RN en cas de votre nomination à Matignon ne semble pas aller dans le bon sens. « Au-delà du bluff mal avisé, il est évident que le RN vous censurera immédiatement si vous étiez nominé. Pas de bluff, pas de double langage de notre part sur ce sujet », a indiqué Sébastien Chenu (RN) à Xavier Bertrand dans un SMS. « Bertrand l’a laissé en lecture », précise le média.
08:51 – Xavier Bertrand charge Sébastien Chenu de convaincre Marine Le Pen
Plutôt plébiscité par Emmanuel Macron pour Matignon, Xavier Bertrand se heurte à un obstacle de taille : le Rassemblement national et une motion de censure automatique de sa part si le président de la région Hauts-de-France était nommé Premier ministre. C’est pourquoi, selon les informations de Politico, Xavier Bertrand a tenté de contacter Sébastien Chenu (RN), proche du chef de groupe à l’Assemblée nationale, et lui a « demandé de convaincre Marine Le Pen de ne pas le censurer ».
03/09/24 – 22:53 – Avec Cazeneuve, Bertrand plus « stable » que Castets ?
FIN DU DIRECT – C’est en tout cas ce que déclare à l’AFP un proche d’Emmanuel Macron, notamment Le Figaro Comme le socialiste Bernard Cazeneuve, le patron des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, assurerait « plus de stabilité » que la candidate du Nouveau Front populaire Lucie Castets. « Il y a des réserves à leur égard, des lignes rouges sur le fond et la méthode, mais pas forcément de censure immédiate », suggère-t-on.
Apprendre encore plus
Ce mardi 3 septembre 2024, selon les informations du Parisien, l’Élysée a organisé un appel téléphonique entre Emmanuel Macron, Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau. Autrement dit, les trois ténors de la droite républicaine. Toujours selon le quotidien, l’enjeu était la nomination du futur Premier ministre, et le chef de l’Etat semble désormais prêt à « nommer Xavier Bertrand ». Un coup de théâtre après les révélations hier de L’Opinion sur une potentielle nomination du président du CESE, Thierry Beaudet, à la place de Gabriel Attal.
Si les relations tendues entre Emmanuel Macron et Xavier Bertrand ne sont pas nouvelles, le président de la République semble avoir écarté Bernard Cazeneuve de la course à Matignon. Ce dernier veut revenir sur la réforme des retraites, et il ne sera pas soutenu par les socialistes, risquant ainsi une censure rapide. Lors de l’appel téléphonique de ce mardi matin, le nom de Thierry Beaudet n’a même pas été évoqué. De son côté, l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a indiqué vendredi dernier dans les colonnes du Figaro qu’un « Premier ministre de droite » était nécessaire, affirmant que le nom de Xavier Bertrand pouvait être « un bon choix ». Ce soutien de poids sera-t-il suffisant ?
Un temps soutenu par les poids lourds de la Macronie
Durant le mois d’août, Xavier Bertrand a bénéficié d’une bonne cote de popularité et d’un réel soutien à sa candidature à Matignon. Son profil a été plébiscité par l’aile droite du parti de Macron, y compris les républicains convaincus. « C’est un grand républicain parmi les républicains et un grand président de région », a déclaré Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’État démissionnaire à la Ville, dans La Grande Interview, mardi 30 juillet sur CNews. La veille, sur France 2, le cas Bertrand était déjà soutenu par le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, proche de l’élu du Nord : « C’est un homme politique avec une grande compétence », il pourrait « grandement servir la France ». « J’ai mes amis, mais je ne suis pas le président de la République », a indiqué la numéro 3 du gouvernement démissionnaire.
Et les soutiens ne s’arrêtent pas là. « Si j’avais été élu président de la République, j’aurais probablement choisi Xavier Bertrand » comme Premier ministre. « C’est un très bon candidat, contre Lucie Castets, il n’y a pas de match », a déclaré la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, sur France Inter le 5 août. Un ministre a même indiqué à Politico que la nomination de Xavier Bertrand à Matignon permettrait de « faire pression sur Wauquiez » ou au moins de contraindre le chef de file des LR à l’Assemblée nationale à « venir discuter, vraiment » avec le bloc central.
Homme de terrain, ouvert au compromis
Le profil du président de la région Hauts-de-France apparaît pourtant comme celui qui pourrait permettre à Emmanuel Macron de parler aussi bien à la droite qu’à la gauche. Le « parfum de cohabitation » souhaité par le chef de l’Etat prendrait alors tout son sens. « Il nous faut un gouvernement d’urgence, avec Les Républicains, les indépendants, les différents partis de M. Macron et peut-être aussi des hommes et des femmes de bonne volonté qui souhaitent clairement que notre pays ne soit pas bloqué, paralysé à l’Assemblée », avait indiqué Xavier Bertrand sur France 2, avant la « trêve olympique » décrétée par le président de la République.
Xavier Bertrand bénéficie d’un autre atout qui pourrait plaire au locataire de l’Elysée, jouer la carte du territoire. Homme de terrain, proche des gens, Xavier Bertrand est depuis 8 ans maintenant le président de la région Hauts-de-France, un avantage pour Emmanuel Macron souvent critiqué pour son manque d’empathie envers les Français et sa déconnexion avec Paris. L’élu local peut aussi mettre en avant ses compétences en matière de gestion budgétaire, autant d’atouts qui font de l’homme de 59 ans un candidat à la fois crédible et « Macron compatible » pour franchir les portes de l’Hôtel de Matignon.
Qui est Xavier Bertrand ?
Né le 21 mars 1965 à Châlons-sur-Marne, Xavier Bertrand a commencé à militer pour le RPR à l’âge de 16 ans. Après des études de droit, il est devenu agent d’assurances tout en s’engageant en politique. En 2002, il devient député de la deuxième circonscription de l’Aisne. En 2004, il est secrétaire d’État à l’Assurance maladie puis ministre de la Santé et des Solidarités.
Après avoir soutenu Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, Xavier Bertrand est nommé ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité dans le gouvernement de François Fillon. En 2010, il devient ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé et maire de la ville de Saint-Quentin.
Après l’élection de François Hollande à la présidence de la République en 2012, Xavier Bertrand quitte son portefeuille ministériel, mais est réélu député de la 2e circonscription de l’Aisne. Ancien secrétaire général de l’UMP (2008-2010), il reste maire de Saint-Quentin. Lors des élections municipales de 2014, il est réélu dès le premier tour maire de la ville avec 52,73 % des voix.
Lors des élections régionales de 2015, il est propulsé candidat dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Il affronte Marine Le Pen (FN) et Pierre de Saintignon (PS). Contre toute attente, le Front national arrive en tête dès le premier tour. Le Parti socialiste décide alors de retirer son candidat pour contrer Marine Le Pen. Xavier Bertrand est finalement élu au second tour avec 57,77 % des voix. Il prend ses fonctions de président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie en janvier 2016 et est réélu en juin 2021 avec 52,37 % des voix. En 2021, il échoue à être investi par Les Républicains pour l’élection présidentielle.
GrP1