Bertrand Hammache, syndicaliste : « Il ne faut pas manquer la voix des travailleurs »

Après l’explosion provoquée par l’annonce par Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin au soir, l’accord pour se rassembler autour d’un nouveau Front populaire réveille l’espoir d’une transformation de la société enfin à portée de main. Les ouvriers doivent prendre la mesure de la fenêtre qui vient de s’ouvrir.

La CGT, qui œuvre depuis plusieurs mois pour l’unité syndicale, construite notamment contre la réforme des retraites, a raison de prendre pleinement sa place dans l’union des forces progressistes du pays. Mais soyons clairs, cela ne suffit pas. Seule une partie du chemin est parcourue. L’autre condition est de convaincre nos concitoyens, collègues, voisins… Beaucoup sont déçus du quinquennat de François Hollande.

Il ne doit pas manquer une voix parmi les travailleurs pour le nouveau Front populaire. En tout cas, dans l’entreprise, la CGT-RATP met toute sa force militante pour faire battre l’extrême droite dans les urnes, mais aussi pour imposer de nouvelles conquêtes sociales au patronat en faveur de notre camp. Les reculs sociaux successifs du droit du travail, de la répression antisyndicale dans les manifestations et sur nos lieux de travail doivent cesser. Il faut rééquilibrer les dispositions du Code du travail, inverser la hiérarchie des normes et recréer des CHSCT avec des prérogatives qui obligent véritablement les employeurs à protéger la santé des salariés.

Enfin, il y a une forte attente de la CGT-RATP pour mettre un terme à la privatisation, déguisée en « ouverture à la concurrence », de notre entreprise de service public. Par dogme libéral, la droite régionale est dans le déni de réalité face à l’éclatement en 12 sociétés différentes qui exploiteront le réseau de bus à Paris et en petite couronne. Pour rappel, la part de l’Île-de-France dans le PIB est de 31 %.

Si les transports publics fonctionnent mal dans la région capitale, l’économie française se portera également mal. Les législateurs ont déjà modifié la loi pour échelonner sa mise en œuvre, prévue le 1^euh janvier 2025, pendant deux ans après cette date. Aujourd’hui, un moratoire est nécessaire pour réaliser une véritable étude d’impact qui révélera sans doute l’aberration de cette sortie d’un monopole public au profit du secteur marchand. Aujourd’hui déjà, la préparation à l’ouverture à la concurrence dégrade à la fois nos conditions de travail et celles des transports usagers. La RATP ne doit plus être le bras armé des politiques libérales.