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Bertrand Badie : « La faiblesse de notre histoire est de définir la guerre mais pas la paix »

Liban, Gaza, Ukraine… la guerre semble redevenir un moyen d’action privilégié au détriment de la politique et de la diplomatie. Un retour en arrière ?

Bertrand Badie

Spécialiste en relations internationales et professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Paris

L’histoire n’offre jamais de retour en arrière et l’on sous-estime à quel point les guerres d’aujourd’hui n’ont que peu à voir avec celles d’hier. En Ukraine, la guerre est certes classiquement celle entre deux États, ce qui n’est pas le cas à Gaza, au Congo ou au Soudan, entre autres.

Mais même dans le cas russo-ukrainien, la mondialisation, la complexité des interdépendances économiques, l’appropriation sociale croissante des relations internationales sont autant d’éléments qui changent complètement les choses et nous éloignent du modèle traditionnel.

L’autre précaution est qu’il n’y a jamais eu d’interruption dans la chaîne des conflits, comme en témoignent les 36 millions de morts durant la guerre froide. En ce sens, les Nations unies ont démontré leur totale incapacité à agir. La formule du « retour de la guerre » est en partie liée à l’émotion suscitée par le conflit en Ukraine. Or, dans les années 1990, l’Europe avait déjà connu une guerre dans les Balkans.

La troisième précaution est de persister à traiter ces conflits d’une nature nouvelle avec les vieux remèdes. Depuis 1945, le pouvoir a été presque systématiquement défait. Cette tendance sans précédent a été initiée pendant les guerres de décolonisation.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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