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Bernard Cazeneuve accepte d’être Premier ministre, mais pose déjà ses conditions


Bernard Cazeneuve accepte d’être Premier ministre, mais pose déjà ses conditions

Dans la liste restreinte d’Emmanuel Macron pour occuper le poste de Premier ministre, Bernard Cazeneuve sera reçu par le chef de l’Etat ce lundi 2 septembre.

Les négociations continuent. Ce lundi 2 septembre, l’ancien Premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, dont le nom circule avec insistance pour le poste de Premier ministre, sera reçu par Emmanuel Macron dans la matinée. Un entretien annoncé par Bernard Cazeneuve lui-même, ce dimanche, puis confirmé par l’Elysée. Selon l’entourage du chef de l’Etat, cette rencontre s’inscrit dans la « poursuite des consultations » pour Matignon. Alors, la solution à l’impasse politique s’appellerait-elle Bernard Cazeneuve ? Difficile à dire, cependant, voilà Emmanuel Macronde plus en plus contraint, d’autant que le pacte de gouvernement qui aurait pu être envisagé entre les centristes et les élus de la droite républicaine, les LR de Laurent Wauquiez, a été rejeté par ces derniers.

Emmanuel Macron doit donc trancher parmi les dernières cartes qui lui restent. « Il est en train de cristalliser son choix », assure même un conseiller de l’Elysée au Parisien. Politiquele nom de Bernard Cazeneuve serait sur la short-list d’Emmanuel Macron. Ce dernier s’était d’ailleurs dit prêt, très tôt, le 5 août, à briguer ce poste sur LCI « Je n’ai jamais refusé de mettre de la sagesse là où il y a de la déraison. S’il faut le faire collectivement, je serai toujours prêt », a-t-il assuré. Sa principale préoccupation est que « le pays ne tombe pas dans le déclassement, dans l’ingouvernabilité ».

Bernard Cazeneuve sait très bien qu’il est un recours envisagé par l’Elysée. Son nom est cité depuis plusieurs jours par des ministres démissionnaires dans les médias. Gérald Darmanin, qui a toujours l’oreille du président, a lui aussi estimé qu’il serait un choix utile. « C’est un homme respectable. Je l’ai combattu autrefois mais c’est un grand républicain laïc. On pourrait très bien discuter d’une coalition avec un socialiste comme lui », a-t-il déclaré sur Twitter. RMC 27 août.

Ayant entendu ce petit refrain, l’ancien Premier ministre de François Hollande se prépare. Il a fait savoir au Parisien qu’il était tout à fait disposé à revenir immédiatement à Matignon. « Il le souhaite vraiment parce qu’il se sent à la hauteur du défi et parce qu’il est conscient qu’il est le seul à pouvoir résoudre la situation », a déclaré au Parisien un parlementaire qui a déjeuné avec lui. L’entourage du président de la République, contacté par le journal, estime visiblement qu’il est « devenu une hypothèse sérieuse qui semble se consolider un peu plus chaque jour ».

Reste que Bernard Cazeneuve poserait ses conditions au président de la République, un homme qu’il connaît bien pour avoir été ministre dans le même gouvernement, sous François Hollande, mais pour lequel il a peu de respect. S’il est nommé, il entend mettre en œuvre « une vraie politique de gauche crédible » ainsi qu’une « vraie cohabitation avec Emmanuel Macron ». À prendre ou à laisser.

S’il s’y résigne, le chef de l’Etat sait que Bernard Cazeneuve cocherait beaucoup de cases. D’abord parce qu’il connaît très bien Matignon pour avoir occupé la place sous François Hollande (décembre 2016 à mai 2017), succédant à Manuel Valls. Un atout considérable pour être immédiatement opérationnel. Bernard Cazeneuve avait auparavant occupé plusieurs postes au sein du gouvernement : Affaires européennes, Budget puis Intérieur. Il a notamment fait face aux attentats de 2015 à Paris. Une expérience qui compte.

L’Elysée, les députés centristes et une partie de la droite sont également sensibles à son opposition farouche à LFI. Il n’a jamais caché son aversion pour Jean-Luc Mélenchon et avait déploré la présence de La France Insoumise au sein du Nouveau Front populaire. Il a d’ailleurs quitté le PS après l’accord entre le PS et LFI pour les législatives de 2022.

La gauche déchirée si Cazeneuve est nommé Premier ministre ?

Les soutiens de Bernard Cazeneuve sont d’ailleurs en hausse. Selon Politico, le groupe PS compterait autant d’élus favorables à Bernard Cazeneuve qu’à Lucie Castets, candidate du NFP à Matignon. Il a notamment reçu le soutien public de l’ancien député PS Olivier Falorni, avec Sud-ouestqui voit en lui un réel potentiel pour être un Premier ministre rassembleur : « Plus les consultations se multiplient, plus le portrait-robot du Premier ministre s’affine et, pour moi, il ressemble à Bernard Cazeneuve ». L’homme politique entretient également de bonnes relations avec Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste. L’hiver dernier, le communiste avait réclamé que le Nupes soit étendu à Bernard Cazeneuve « et à ses amis ».

Il ne fait pourtant pas l’unanimité, notamment parmi les proches d’Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Bernard Cazeneuve incarne une gauche qui a des toiles d’araignées sous les bras, dont on ne veut plus. Une nouvelle génération s’est levée, c’est d’elle qu’il faut désormais parler », confiait-il à Huffpost un cadre du PS. « Ce serait une trahison totale des millions d’électeurs du Nouveau Front populaire qui n’ont jamais voté pour un retour aux années Hollande », a également dénoncé le député insoumis Paul Vannier sur son compte X.

Depuis lundi, d’autres voix au sein du PS ont pourtant assuré qu’il serait un recours idéal, comme Carole Delga, présidente de la région Occitanie, ou Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et présidente du conseil national du PS. Ces deux personnalités sont désormais clairement favorables à une ouverture des socialistes à une coalition, si elle est menée par une figure de gauche et sur la base d’un programme social-démocrate.

Les députés socialistes, écologistes et de gauche auront un choix difficile à faire si Bernard Cazeneuve est désigné. La perspective d’un gouvernement de transition, portant une ligne de centre-gauche et permettant au pays de sortir de la crise est séduisante. « Ce n’est pas trop « allergène » pour Les Républicains, ce qui pourrait leur permettre de s’abstenir en cas d’éventuelle motion de censure. Mais nous avons un problème : aujourd’hui, les socialistes sont pris dans un jeu d’alliance avec les Insoumis. Ainsi, s’ils refusent de s’opposer à un gouvernement centriste dirigé par Bernard Cazeneuve, ils risquent d’affronter un candidat insoumis aux prochaines élections. Autrement dit, soutenir un gouvernement Cazeneuve équivaudrait à la mort du PS », analyse le politologue Benjamin Morel pour La dépêche.



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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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