En 2023, le visage de Bernard Arnault (LVMH) n’était qu’un visage parmi d’autres – avec ceux d’Axel Dumas (PDG d’Hermès), François-Henri Pinault (Kering), Françoise Bettencourt Meyers (L’Oréal), Alain Wertheimer (Chanel) – pour illustrer la couverture du Défis Le classement consacré aux plus grandes fortunes françaises. Pour l’édition 2024 de ce marronnier, qui assure chaque année le magazine économique hebdomadaire le plus vendu, le PDG du groupe de luxe (actionnaire minoritaire du magazine économique) et ses enfants, ou ses enfants seuls, auraient pu figurer en couverture. Au lieu de cela, la vingt-neuvième édition de ce classement, disponible en kiosque jusqu’à la fin de l’été, affiche « 500 » (fortunes de France) en chiffres d’or sur fond blanc. Car M. Arnault déteste ce classement qui, selon l’avis qui lui est attribué, alimente « la haine anti-riches » ?
Les discussions autour de ce numéro spécial ont débuté au printemps. « Mettre un ou plusieurs milliardaires à la une a toujours été un sujet sensible, explique un journaliste qui, comme plusieurs de ses collègues, s’est exprimé sous couvert d’anonymat.En général, on en parle avec eux, il y a des négociations, parfois ça mène à un clash.
Axée sur la transmission et l’héritage, l’édition 2024 avait de bonnes raisons de mettre la famille Arnault à la une. « Certains auraient préféré Vincent Bolloréor, explique le directeur de la rédaction, Pierre-Henri de Menthon. Mais on l’avait déjà choisi il y a deux ans. Ça aurait pu être Xavier Niel. (le fondateur d’Iliad, également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde). Il aurait pu s’agir de Nicolas Puech, principal actionnaire individuel d’Hermès. Pour ma part, je pensais que mettre en avant notre actionnaire minoritaire (à 40 %) n’était pas une bonne idée. Que dirions-nous si Le Figaro magazine mettre la famille Dassault à la une ?
« Droit à l’image »
Le 5 juin, celui qui a « le montage final » a annoncé à la rédaction qu’elle n’avait pas retenu le titre « Arnault », comme le rapporte également le site d’information StreetPress. « Il a fait état de pressions de la part de Claude Perdriel, principal actionnaire du magazine, qui aurait lui-même été dissuadé par M. Arnault. »assure à un participant, soit un « ingérence dans le travail de la rédaction ». « Je ne sais pas si M. Arnault a expressément demandé à ne pas apparaître en Une, ou si M. Perdriel a fait ce choix par considération pour son coactionnaire. »nuance Virginie Grolleau, la présidente de la Société des journalistes (SDJ). A ses yeux, le plus important reste que l’article qui lui est consacré en pages intérieures soit paru sans censure ni autocensure.
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