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Berlin et Rome en guerre après la nouvelle offensive d’Unicredit sur la Commerzbank

Le chancelier Olaf Scholz s’est fermement opposé lundi à un rachat de l’une des plus grandes banques allemandes, Commerzbank, par l’italien Unicredit, qui a resserré son emprise sur son rival.

« Les attaques hostiles et les rachats forcés ne sont pas bons pour les banques »M. Scholz a déclaré aux médias allemands depuis New York, ajoutant que son gouvernement avait « clairement positionné à cet égard ».

L’exécutif allemand « soutient la stratégie d’indépendance de la Commerzbank »a indiqué une source proche du ministère des Finances dans un message transmis à l’AFP.

Berlin ne soutiendra pas une prise de contrôle par la deuxième plus grande banque italienne et cela a été « notifié à UniCredit »ajouté cette source.

UniCredit est monté lundi à près de 21% du capital de Commerzbank après avoir acquis une participation supplémentaire de 11,5%, ravivant ainsi les spéculations sur un éventuel rachat total malgré la résistance de Berlin.

UniCredit a agi par le biais d’instruments financiers qui peuvent être activés une fois les autorisations reçues de la Banque centrale européenne (BCE), qui agit en tant que superviseur des principales banques européennes.

Berlin et Rome en guerre après la nouvelle offensive d'Unicredit sur la Commerzbank

Le PDG d’Unicredit, Andrea Orcel, a ainsi encore accru la pression sur la direction de Commerzbank et sur le gouvernement allemand, qui affiche désormais ouvertement son désaccord avec l’éventuelle acquisition de la deuxième plus grande banque privée allemande.

Alors que cette éventualité agite les sphères politiques et financières en Allemagne, l’establishment italien avance ses pions un à un: il a d’ailleurs confirmé lundi avoir demandé au superviseur européen d’augmenter sa participation dans Commerzbank à 29,9%, juste en dessous du seuil de déclenchement d’une OPA obligatoire.

Les commentaires de M. Scholz ont laissé perplexe le ministre italien des Affaires étrangères et vice-Premier ministre Antonio Tajani, qui s’est précipité au secours d’UniCredit.

« Ce sont des initiatives privées, mais légitimes. Je ne comprends pas pourquoi cela serait un acte hostile, celui d’une entreprise italienne qui achète sur le marché européen ».a-t-il déclaré à la presse italienne depuis New York.

« En Europe, il y a le marché libre »il y a « Règles européennes »Et « Il me semble qu’UniCredit les a respectés »M. Tajani a souligné.

Manque de vigilance

La banque milanaise a surpris les marchés en annonçant il y a dix jours l’acquisition de 9% de Commerzbank, recapitalisée à grands frais par Berlin après la crise de 2009, et en laissant entendre qu’elle pourrait encore augmenter son capital.

Une participation de 4,49 % a été achetée dans le cadre d’une procédure accélérée pour le compte de l’État allemand pour 702 millions d’euros.

À cet égard, le gouvernement allemand a été critiqué pour son manque de vigilance, laissant un ensemble d’actions tomber entre les mains d’un investisseur stratégique.

Berlin et Rome en guerre après la nouvelle offensive d'Unicredit sur la Commerzbank

Unicredit a publié son  » intérêt «  « Il a contacté à plusieurs reprises le gouvernement allemand et un certain nombre d’autres parties prenantes » de Commerzbank ces dernières années, a déclaré avec malice à la presse allemande M. Orcel, à la tête d’UniCredit depuis 2021.

« Il faut d’abord se calmer, car nous sommes tous très surpris »« Soupirait la semaine dernière la directrice financière de Commerzbank, Bettina Orlopp, ne cachant pas son agacement envers Berlin après l’incursion d’Unicredit dans le capital du groupe ».

« Acte agressif »

Après plusieurs jours de réflexion, le gouvernement allemand, sous pression, a annoncé vendredi qu’il ne voulait pas mettre en place le « jusqu’à nouvel ordre » d’autres participations publiques dans Commerzbank, affirmant qu’elle est déterminée à soutenir son indépendance.

La participation de l’État allemand est actuellement de 12 %.

Lancer une offre publique d’achat hostile sur Commerzbank serait « un acte agressif » ce qu’il veut éviter, a déclaré M. Orcel dans une interview au quotidien Il Messaggero.

Mais il y a un « un potentiel important de création de valeur peut être dérivé de Commerzbank, soit dans un scénario autonome, soit au sein d’UniCredit »À « au bénéfice de toute l’Allemagne »juge lundi la banque italienne, entretenant le suspense sur la suite des événements.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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