Berlin et Paris appellent l’UE à négocier avec Londres
Paris et Berlin ont appelé samedi dans une lettre commune à la Commission européenne à intensifier les efforts contre l’immigration illégale, notamment en négociant un accord migratoire avec le Royaume-Uni, a appris l’AFP samedi.
Le Brexit a gravement affecté « la cohérence des politiques migratoires » au sein de l’UE, ont écrit le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et son homologue allemande, Nancy Faeser, dans une lettre commune envoyée vendredi soir à la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.
La question majeure des routes migratoires vers le Royaume-Uni
Les routes migratoires traversant le continent européen vers le Royaume-Uni représentent « près d’un tiers des entrées illégales » dans l’espace Schengen, rappellent les deux ministres. Or, « l’absence de perspectives légales au Royaume-Uni encourage la clandestinité et alimente les réseaux de passeurs » en mettant en danger les personnes traversant la Manche et la mer du Nord.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit ouvert à une coopération plus étroite avec l’Union européenne sur ces questions. Il a proposé d’accélérer le traitement des dossiers des demandeurs d’asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs. Cette position est vue comme une opportunité de redéfinir les relations migratoires entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, et ainsi de mieux réguler les flux migratoires.
Le système de Dublin sous le feu des critiques
Gérald Darmanin et Nancy Faeser déplorent également que les « règles de Dublin ne soient que rarement, voire pas du tout, appliquées par certains États membres ». Ce règlement stipule que le premier pays d’entrée d’un migrant en situation irrégulière est responsable de sa demande d’asile. Pourtant, plusieurs États membres, notamment ceux situés aux frontières extérieures de l’UE, comme l’Italie et la Grèce, critiquent ce système. Ils appellent à une plus grande solidarité entre les États membres afin de mieux partager la charge des demandes d’asile.
En vertu de ce règlement communautaire, le premier pays de l’UE par lequel un étranger en situation irrégulière est responsable de sa demande d’asile, mais les Etats aux frontières extérieures de l’UE, comme l’Italie et la Grèce, critiquent ce mécanisme, appelant à davantage de solidarité entre les Vingt-Sept. En Allemagne, un attentat meurtrier à Solingen (ouest) en août, attribué à un Syrien de 26 ans qui aurait dû être expulsé vers la Bulgarie, où son arrivée avait été enregistrée, a mis en évidence les failles du système.
En réaction, l’Allemagne a réintroduit depuis le 16 septembre des contrôles généralisés avec les neuf pays situés à ses frontières pour six mois afin de lutter contre l’immigration illégale, avec le risque d’un effet domino et de nouvelles tensions dans le reste de l’Union européenne.
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