Alerte rouge sur les comptes publics : la poussée inattendue des dépenses des collectivités locales, couplée à des recettes fiscales décevantes, pourrait faire grimper le déficit public à 5,6% du PIB cette année, voire 6,2% en 2025, selon les documents budgétaires transmis lundi par Bercy aux parlementaires et consultés par l’AFP.
Dans une lettre adressée lundi soir aux rapporteurs généraux et aux présidents des commissions des finances des deux assemblées, le ministre des Finances démissionnaire Bruno Le Maire et le ministre délégué aux Comptes publics démissionnaire Thomas Cazenave se sont inquiétés de la« augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités locales ».
Ces dépenses supplémentaires pourraient « dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros par rapport à » à la trajectoire déficitaire envoyée à Bruxelles au printemps.
Déjà abaissé de « près de 30 milliards d’euros » Au printemps, les prévisions de recettes fiscales pourraient également ne pas être atteintes compte tenu de la croissance « moins favorable aux recettes fiscales »craignez les deux ministres.
Selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, destinataire des documents transmis par Bercy, le déficit public (qui agrège les comptes de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale) pourrait atteindre 5,6% du PIB cette année au lieu des 5,1% espérés.
Elle s’élargirait à 6,2% du PIB en 2025 – au lieu des 4,1% anticipés par l’exécutif sortant – si 60 milliards d’économies n’étaient pas réalisées.
Sur LCI, le député de droite Olivier Marleix a estimé qu’il y avait « Il est urgent de rectifier la situation ».
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a également jugé dans un communiqué « Il est plus qu’urgent de réduire les dépenses publiques ».
Eric Coquerel préfère miser sur l’augmentation des recettes, via la fiscalité « revenu du capital des plus riches » et l’augmentation des salaires, « pour que davantage de contributions arrivent » dans les caisses de l’État et de la Sécurité sociale.
Mais pour le CPME, « La solution facile consistant à augmenter encore les prélèvements obligatoires ne ferait qu’accélérer la catastrophe en décourageant ceux qui font tourner l’économie de notre pays, déjà champion européen des prélèvements obligatoires ».
Visée depuis fin juillet par une procédure européenne pour déficit excessif, la France, comme six autres pays de l’UE, doit transmettre avant le 20 septembre à Bruxelles son plan de redressement des comptes publics jusqu’en 2027, date à laquelle elle aurait normalement dû revenir sous les 3% du PIB pour le déficit public.
« Signal très négatif »
Pour se donner une chance d’y parvenir, le gouvernement sortant a préparé un budget 2025 pour son successeur. « réversible »qui prévoit des dépenses de l’Etat strictement équivalentes à celles de 2024 (492 milliards d’euros), mais réparties différemment entre les ministères.
La répartition des crédits par ministère, qui pourra être révisée par le prochain exécutif mais dans des délais très serrés, a été communiquée aux parlementaires lundi soir.
Selon « une première analyse » par Monsieur Coquerel, « Seuls les budgets de défense et de sécurité augmenteront plus vite que l’inflation » (attendue à 1,7%) l’année prochaine, a-t-il précisé dans un communiqué.
Inversement, « Les politiques les plus touchées devraient être l’aide publique au développement (-18% sans tenir compte de l’inflation), le sport (-11%), l’agriculture (-6%), l’outre-mer (-4%), l’écologie (-1%) et la santé (-0,8%) ».
Dans un communiqué, les députés du Groupe écologiste et social (GES) ont regretté mardi que le gouvernement envisage « encore une fois, des coupes drastiques dans les dépenses consacrées à la transition écologique. »
« Alors que 2024 s’annonce comme une année de chaleur record, ces coupes budgétaires d’austérité sont inacceptables »tonne le groupe de gauche.
Dans un communiqué de presse distinct, Oxfam France a exprimé son indignation face à la réduction prévue de l’aide publique au développement, «dramatique au regard des besoins humanitaires des populations les plus pauvres».
Alan Anic, responsable du plaidoyer d’Oxfam, demande : « Quand la solidarité internationale cessera-t-elle d’être la réserve budgétaire de Bercy ? »
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