Benyamin Netanyahu soupçonné d’avoir organisé un système d’espionnage et de pression sur la CPI
Selon une vaste enquête menée par le média en ligne israélien « 972 » et le quotidien britannique « The Guardian », le Premier ministre israélien a pris des mesures au cours des dix dernières années pour empêcher la CPI de poursuivre des Israéliens pour « crimes de guerre ».
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Des révélations qui pourraient faire vaciller encore un peu le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Selon une enquête approfondie menée par les médias en ligne israéliens 972 et le quotidien britannique Le gardienles gouvernements israéliens successifs de Benjamin Netanyahu ont accru la pression ces dix dernières années sur le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour qu’il renonce à poursuivre des Israéliens pour « crimes de guerre ».
Ces deux enquêtes journalistiques s’appuient sur des dizaines de sources confidentielles, principalement des membres des services de renseignement israéliens pour 972 – la grande spécialité du magazine en ligne -, mais aussi des membres du parquet et des collaborateurs du procureur général de la CPI pour Le gardien.
Non signataire du Statut de Rome, Israël ne reconnaît pas la compétence de la Cour pénale internationale. En revanche, l’Autorité palestinienne est associée depuis 2015 et a transmis au parquet des centaines de plaintes concernant des abus ayant eu lieu en Cisjordanie, à Jérusalem ou à Gaza, notamment lors de la guerre de 2014.
Mais c’est à partir de ce moment que les Israéliens ont déployé le grand jeu, selon les deux enquêtes : espionnage systématique de toutes les preuves examinées par la procureure de l’époque, la Gambienne Fatou Bensouda ; tentative de compromission du chef du Bureau du Procureur de la CPI… Le patron du Mossad, Yossi Cohen, proche de Benyamin Netanyahu, est même allé jusqu’à menacer directement Fatou Bensouda, évoquant «risques pour la sécurité du Procureur ou celle de sa famille » s’il devait prendre des décisions comme celle d’engager des poursuites, rapporte le gardien citant quelques témoins indirects.
L’arrivée du Britannique Karim Kahn comme procureur général de la CPI en 2021 n’a rien changé : l’espionnage systématique du parquet par le Mossad s’est poursuivi, confirment plusieurs agents ou anciens agents du Mossad. Les pressions aussi, sans doute.
Par ailleurs, lorsqu’il a annoncé demander le 20 mai cinq mandats d’arrêt – deux visant le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense Yoav Gallant, en même temps que trois dirigeants du Hamas, pour « soupçons de crime de guerre et de crime contre l’humanité », Karim Kahn a prévenu qu’il n’hésiterait pas à agir contre toute menace qui persisterait contre la CPI et ses enquêtes.