L’offre amicale d’achat de la banque espagnole BBVA pour son rival Sabadell devient hostile. Et politique puisque le gouvernement espagnol est impliqué. Ce jeudi, trois jours après le rejet de son offre amicale de fusion, BBVA, la deuxième banque espagnole en termes de capitalisation boursière (60 milliards d’euros) et de nombre de clients (74,1 millions) a annoncé qu’elle lançait une offre publique d’achat hostile. (OPA), sur la quatrième banque d’Espagne (capitalisation de 9,8 milliards, 20 millions de clients). Près de quatre ans après une première tentative de fusion ratée, l’opération, en cas de succès, donnerait naissance à un géant bancaire européen capable de concurrencer Santander, première banque espagnole avec 72 milliards d’euros de capitalisation et 166 millions de clients, mais aussi d’autres banques européennes. des géants, comme HSBC ou BNP Paribas.
Sabadell valorisée 11,5 milliards d’euros
Cette offre publique d’achat est donc réalisée dans les mêmes conditions que la demande en mariage refusée par le conseil d’administration de Sabadell, à savoir un échange d’une action nouvelle BBVA contre 4,83 actions Sabadell, ce qui valorise cette dernière à près de 11,5 milliards d’euros. . Jugéextraordinairement attrayant, susceptible de créer une entité à plus grande échelle » par le président de BBVA, Carlos Torres, l’offre a au contraire été jugée insuffisante par la direction de Sabadell, qui estime qu’un tel mariage serait contraire à ses intérêts mais aussi à ceux de « ses actionnaires » qui ne disposerait que de 16% du capital de la nouvelle entité, de ses « clients » et son » employés « .
L’offre est donc entre les mains des actionnaires de Sabadell eux-mêmes. La banque catalane n’a pas d’actionnaire de contrôle mais une multitude d’actionnaires n’excédant pas 4% du capital, dont de grands fonds d’investissement. En tout cas, l’offre publique d’achat a été accueillie favorablement à la Bourse de Madrid sur Sabadell, dont le titre gagnait 3,47% à 09h50 GMT. L’action BBVA a en revanche perdu 5,95%.
Le gouvernement est contre l’opération
Mais pas du côté du gouvernement de gauche espagnol qui s’est immédiatement impliqué dans le dossier. La numéro trois de l’exécutif, Yolanda Diaz, ministre du Travail et leader de la plateforme d’extrême gauche Sumar, s’est élevée contre cette offre jugée » contraire aux intérêts » de l’Espagne parce qu’elle « détruirait de nombreux emplois », renforcerait « oligopole » bancaire et équivaudrait à « tuer Sabadell au seul bénéfice des fonds d’investissement étrangers propriétaires de BBVA « . De son côté, le ministre de l’Économie Carlos Cuerpo a prévenu que le gouvernement aurait » le dernier mot lorsqu’il s’agit d’autoriser l’opération » qu’il » rejette tant sur le fond que sur la forme », sans détailler concrètement les marges de manœuvre de l’exécutif pour bloquer l’opération.
Les syndicats de salariés s’inquiètent des conséquences sur l’emploi, mais aussi sur les services proposés aux clients dans un marché concentré autour d’une poignée de groupes. Cette OPA » pourrait être le premier d’une nouvelle phase de concentrations, motivées par l’exubérance des profits, qui aggraverait les problèmes de concurrence » Et » exclusion financière », a jugé le syndicat Workers Commission dans un communiqué. Pour rappel, le secteur bancaire espagnol a connu une consolidation importante depuis la crise financière de 2008, marquée par la quasi-disparition des caisses d’épargne régionales. Ce phénomène a entraîné des dizaines de milliers de suppressions d’emplois.