Bayrou au secours d’un député MoDem sortant en Gironde
En 2022, Sophie Mette remporte son siège avec seulement 444 voix d’avance. Dans sa circonscription, la majorité présidentielle a essuyé un immense revers lors des élections européennes, rendant probable la victoire de l’union de la gauche voire du Rassemblement national.
Le Figaro Bordeaux
La nouvelle Assemblée nationale n’aura pas le même visage que l’ancienne. Après la dissolution surprise annoncée par Emmanuel Macron au soir des élections européennes, la liste officielle des candidats aux élections législatives a été publiée ce dimanche, marquant le début d’une campagne éclair pour inciter les Français à se rendre aux urnes le 30 juin et 7 juillet. Dans la neuvième circonscription de Gironde, la députée sortante Sophie Mette (MoDem) ne l’a emporté qu’avec 444 voix d’avance en 2022. Sa réélection est donc loin d’être assurée, malgré le soutien du chef de file de son parti, François Bayrou.
Lundi, le maire de Pau est venu galvaniser ses troupes dans le Sud-Ouest, en espérant que les deux députées MoDem sortantes, Sophie Mette en Gironde et Geneviève Darrieussecq dans les Landes, conserveront leur poste à l’issue de ces élections anticipées. . Pour l’instant, c’est un défi. Lors d’une conférence de presse à La Brède, François Bayrou a ciblé les deux blocs qui menacent le macronisme, estimant que « l’idée que nous allons désormais nous séparer les uns des autres dans un pays où nous devons nous unir » serait « l’inacceptable ». Malgré une colère et une méfiance évidentes envers la classe politique exprimées lors des urnes, le Palois juge que « Maintenant, c’est trop grave » et espère une poussée en faveur de la coalition présidentielle.
« La guerre des uns contre les autres »
« On n’est plus dans les programmes, on est dans les valeurs »a insisté François Bayrou. « Devrions-nous vivre ensemble ou devrions-nous perpétuellement nous faire la guerre ? Je pense que la vertu du centre, c’est justement de pouvoir parler avec les uns comme avec les autres pour peu qu’ils soient de bonne foi. Mais l’ancien ministre de la Justice a fermement soutenu l’argumentation relayée par son camp, cherchant à mettre sur le même plan le Rassemblement national et le nouveau front populaire, en évoquant le risque d’un Premier ministre issu de La France insoumise.
Une technique condamnée sur France Inter ce lundi matin par l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin, qui rappelle « que La France insoumise avait 328 candidats en 2022, elle en a désormais 229, et alors que le Parti Socialiste en avait 70 en 2022, il en a 175 ». Le bloc des socialistes, écologistes et communistes représente 297 candidats et pourrait donc prendre un certain ascendant sur la gauche radicale. « L’idée qu’il y aurait une soumission » à LFI apparaît alors à l’ancien adversaire de Jacques Chirac comme « une fausse analyse »qui se lirait aussi dans le programme du front populaire, assez éloigné de celui de LFI sur plusieurs sujets qui divisent.
Un risque de triangulation avec l’extrême droite
Face à Sophie Mette, qui n’avait récolté que quelques centaines de voix de plus que son adversaire Insoumis, le nouveau front populaire a également désigné cette fois une socialiste : la conseillère départementale Corinne Martinez. Dans la neuvième circonscription de Gironde, qui comprend les communes de Bazas, Belin-Béliet, La Brède, Captieux, Grignols, Langon, Podensac, Saint-Symphorien et Villandraut, les électeurs placent cependant le RN bien en avance avant les élections européennes du 9 juin. avec 19 106 voix, soit 33,47% des suffrages exprimés. La liste de la majorité présidentielle, portée par Valérie Hayer, n’a recueilli que 7 542 voix. Pour Sophie Mette, la tâche semble donc éléphantine, ne serait-ce que réussir à réaliser le même score qu’en 2022 (14 732 voix), avec face à elle une représentante du RN désormais en mesure de se qualifier pour le second tour et un candidat plus consensuel investi par le nouveau front populaire.
Dans cette circonscription, Sophie Mette est encore arrivée première au premier tour en 2022, profitant de la dynamique impulsée par la victoire d’Emmanuel Macron et devançant de peu les candidats du Nupes et du RN. Au second tour, l’écart était infime dans le duel entre la majorité présidentielle et la gauche. Mais cette fois, ça pourrait être un trio. Pour se maintenir au second tour, les candidats doivent obtenir les voix de 12,5% des inscrits sur les listes électorales, soit environ 13.000 personnes. En 2022, la candidate du RN a obtenu 12 008 voix et celle de la Reconquête 2 136. Aux élections du 9 juin, Jordan Bardella et Marion Maréchal cumulaient 21 827 voix. Les quatre principaux partis de gauche ont obtenu un total de 16 982 voix. Avec trois blocs que tout semble opposer, l’issue des élections des 30 juin et 7 juillet dans cette circonscription semble donc particulièrement incertaine.