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veto présidentiel sur l’accès à la pilule du lendemain, le gouvernement prêt à le contourner

Le président conservateur polonais Andrzej Duda à Bruxelles (Belgique), le 14 mars 2024.

Le président conservateur polonais, Andrzej Duda, s’est opposé, vendredi 29 mars, à un projet de loi visant à libéraliser l’accès à la pilule du lendemain en Pologne. Son utilisation avait été sévèrement limitée par le précédent gouvernement nationaliste et populiste dirigé par le parti Droit et Justice (PiS). La pilule n’est plus disponible sans prescription médicale.

Conformément à ses promesses électorales, la coalition pro-Union européenne (UE), au pouvoir depuis décembre, a adopté un projet de loi visant à permettre l’accès gratuit à la pilule du lendemain dès l’âge de 15 ans. Ce texte, qui devait encore être adopté du Sénat, a été approuvée le 22 février par 224 députés (contre 196).

M. Duda, allié du PiS et catholique déclaré, a décidé de « renvoyer l’amendement à la loi sur les produits pharmaceutiques au Parlement avec une demande de révision de la loi », selon un communiqué de la présidence publié vendredi. Le chef de l’État a motivé son refus par le respect de « des normes pour protéger la santé des enfants ».

Andrej Duda « ne peut accepter des solutions juridiques permettant aux enfants de moins de 18 ans d’avoir accès aux médicaments contraceptifs sans surveillance médicale et sans tenir compte du rôle et de la responsabilité des parents », précise le communiqué. Cependant, il «déclaré ouvert aux solutions envisagées par la loi en question, à l’égard des femmes majeures»selon ce texte.

Prescription par les pharmaciens

« C’est dommage que le président se retourne une fois de plus contre les Polonais »a commenté X la vice-ministre de l’Éducation nationale, Katarzyna Lubnauer, ajoutant que le gouvernement savait « comment gérer cet obstacle ». Anticipant le veto présidentiel, le gouvernement avait déjà annoncé qu’il contournerait cette obstruction.

« Nous avons préparé un règlement (). Cette pilule sera disponible sur prescription pharmaceutique »délivré par un pharmacien, a annoncé mercredi la ministre de la Santé, Izabela Leszczyna, sur la radio RMF FM. « Si nous ne voulons pas que les femmes et les filles connaissent des grossesses non désirées, faisons tout notre possible pour rendre la pilule aussi accessible que possible »À partir de 1euh Mai, a-t-elle ajouté.

Magdalena Biejat, vice-présidente de la chambre haute du Parlement, a également fermement condamné la décision du chef de l’Etat : « Les jeunes filles devraient y avoir accès de la même manière que les femmes adultes, car les jeunes filles peuvent aussi tomber enceintes et différentes situations peuvent survenir contre lesquelles nous devons les protéger », a-t-elle déclaré à la presse. Elle a rappelé que l’âge du consentement aux activités sexuelles est fixé en Pologne à 15 ans. «C’est une raison de plus pour (ces jeunes filles) ont le droit de se protéger contre une grossesse non désirée »a-t-elle souligné.

Restriction de l’accès à l’avortement

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la contraception d’urgence devrait être « systématiquement inclus » dans tous les programmes nationaux de planification familiale.

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Le débat sur la pilule du lendemain coïncide avec des tentatives visant à libéraliser la législation polonaise sur l’avortement, l’une des plus strictes d’Europe. Dans ce pays à forte tradition catholique, l’avortement n’est actuellement légal que si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, ou si elle menace la vie ou la santé de la mère. En 2020, la Cour constitutionnelle s’est ralliée au gouvernement précédent en déclarant l’interruption de grossesse pour malformation fœtale. « inconstitutionnel ».

Plusieurs projets de loi visant à libéraliser l’avortement ont déjà été soumis au Parlement, dont un texte déposé fin janvier par le parti politique du Premier ministre Donald Tusk. Ce projet de loi légaliserait l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse, voire au-delà en cas de malformation fœtale grave, de grossesse résultant d’un viol ou de menace pour la santé de la femme enceinte.

En 2022, seuls 161 avortements légaux ont été pratiqués, contre environ 2 000 avant le durcissement de la loi en 2020. Selon des organisations féministes, 100 000 femmes interrompent chaque année leur grossesse en recourant à la pilule abortive, interdite en Pologne, ou en partant à l’étranger.

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Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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