Batteries de véhicules électriques : Eramet suspend son projet d’usine de recyclage, faute de marché durable en Europe – 24/10/2024 à 10:52
« Compte tenu de la montée en puissance très lente des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser les approvisionnements en matières premières », a expliqué Eramet.
Une usine de recyclage de batteries à Montréal, Canada, le 17 janvier 2023. (illustration) (AFP/MATHIEW LEISER)
Pas assez de matière première et pas assez de débouchés : le marché des batteries de véhicules électriques n’est pas mature en Europe et ne permet pas à Eramet de poursuivre son projet d’usine de recyclage hydrométallurgique prévu dans le nord de la France. Elle est ainsi « suspendue », a annoncé jeudi 24 octobre le groupe minier français « dans l’attente d’un modèle économique solide et durable en Europe ».
« En l’absence d’une montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants,
il existe aujourd’hui de fortes incertitudes, tant sur l’approvisionnement en matières premières de l’usine que sur les débouchés des sels métalliques
issus du recyclage », explique Eramet dans un communiqué.
« Nous restons pleinement convaincus de la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen, dont le recyclage des batteries en fin de vie sera un élément clé de la future chaîne de valeur, mais la réalité est que la chaîne de valeur les batteries électriques en Europe connaissent
un début très difficile
« , a expliqué la PDG du groupe Christel Bories, lors d’une conférence téléphonique avec la presse jeudi.
« Compte tenu de la montée en puissance très lente des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure d’assurer l’approvisionnement en matières premières pour alimenter notre projet d’usine », a-t-elle ajouté.
Pas de matières premières et pas de clients
En attendant de disposer de batteries en fin de vie, le projet d’usine s’est appuyé sur un approvisionnement provenant essentiellement des baisses de production des nouvelles usines de batteries en construction dans le nord de la France. Christel Bories a notamment évoqué
« Problèmes » NorthVolt ou ACC
et les « nombreux reports de projets dans la chaîne de valeur des batteries ».
Par ailleurs, « en aval », a-t-elle précisé, « il n’y a pas de projet européen de précurseur de cathode confirmé, donc il n’y a pas de client (en Europe) pour les sels métalliques issus du recyclage », a-t-elle ajouté.
« Si aujourd’hui on fabriquait des sels (de nickel, de cobalt ou de lithium, ndlr) à partir du recyclage, il faudrait les vendre en Asie.
Cela n’a pas de sens de recycler sur le marché européen pour vendre le produit en Asie
« , a-t-elle déclaré.
Le projet Eramet, en collaboration avec le groupe Suez – selon toute vraisemblance à Dunkerque ou aux alentours – prévoit la construction de deux usines : l’une de tri et de broyage de batteries usagées ou de chutes de production pour fabriquer un composant connu sous le nom de « masse noire » contenant sels minéraux mixtes, et l’autre pour la séparation de ces sels destinés aux équipementiers de la chaîne industrielle des batteries.