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Bataille de technologies entre employeurs qui espionnent et salariés qui simulent leur activité


Devenu monnaie courante des pratiques professionnelles avec les confinements, le télétravail a donné lieu à l’émergence de logiciels de surveillance de l’activité à distance des salariés, incitant certains d’entre eux à riposter par des leurres numériques.

Article rédigé par

franceinfo – Nicolas Arpagian

Radio France

Publié


Temps de lecture : 5 min

Aux États-Unis, Amazon et Facebook ont ​​annoncé qu'ils surveillaient les activations de badges des employés pour s'assurer que ceux qui étaient invités à revenir au bureau se présentaient régulièrement. (FERRANTRAITE / E+ / GETTY IMAGES)

Malgré l’annonce d’Amazon le 16 septembre d’imposer un retour à temps plein au bureau à partir du 2 janvier 2025, le télétravail – popularisé pendant la période Covid – fait de plus en plus partie des aspirations des salariés lorsque leur cadre de vie le permet. Mais cela peut contrarier certains managers qui s’inquiètent de cet éloignement alors qu’ils apprécient de garder un œil sur leurs équipes. Et dans ce domaine, la confiance n’est clairement pas toujours suffisante.

On assiste à une multiplication des solutions techniques permettant de suivre l’activité des salariés. Et cette tendance est véritablement internationale. Aux Etats-Unis, Amazon et Facebook ont ​​indiqué suivre l’activation des badges de leurs salariés pour s’assurer que ceux qui ont été priés de revenir au bureau se présentent effectivement régulièrement. Tandis que le groupe bancaire JPMorgan Chase a développé un logiciel permettant d’enregistrer le temps passé par ses employés en visioconférence, par e-mail ou sur des feuilles de calcul.

Des éditeurs commercialisent des logiciels qui, par exemple, prennent des captures d’écran pour documenter l’avancement du travail du collaborateur, mesurent les frappes sur le clavier ou les mouvements de la souris, pour estimer si le collaborateur est actif. Certains vont même jusqu’à déclencher des photographies depuis la webcam, pour s’assurer qu’il y a bien quelqu’un assis sur la chaise de bureau.

Après quelques minutes de navigation sur Internet, vous trouverez des logiciels conçus pour organiser la réponse des employés. Comme des produits qui proposent de simuler des mouvements erratiques de la souris ou d’activer des touches du clavier de manière aléatoire.

Il s’agit de la concurrence entre les solutions qui promettent de détecter les utilisations mécanisées, comme une souris qui se promène pendant de trop longues minutes sur la même page, ou toute autre pratique qui ne serait pas habituelle dans les utilisations d’un véritable être humain. Et ceux qui vous garantissent que leur module est indétectable car, par exemple, il active la souris à intervalles irréguliers et à des vitesses différentes.

Le sujet n’est pas seulement théorique. Ainsi, juste avant l’été 2024, Wells Fargo a licencié une douzaine d’employés de son département de gestion des investissements pour avoir déployé des simulateurs d’activité au clavier afin de donner l’illusion d’un travail acharné. La direction a assimilé cette pratique à un comportement contraire à l’éthique. Un signe de déloyauté, en quelque sorte.

En France, c’est principalement la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) qui est compétente sur le sujet. Elle a d’ailleurs publié sur son site une liste de règles et de bonnes pratiques pour organiser et encadrer le télétravail.

Les principes généraux sont simples :

  • Les salariés et les instances représentatives du personnel doivent être informés au préalable des modalités de contrôle technique mises en œuvre. Cela ne doit donc pas se faire à leur insu.
  • Ces moyens doivent être « proportionnés » à ce que l’on souhaite surveiller. En fonction de la mission, de la nature des activités… Pour ne pas tomber dans une Grand frère la vie quotidienne.

Il s’agit d’un équilibre entre une supervision légitime et une approche trop intrusive.

Une enquête menée en juillet 2023 par la plateforme Glassdoor auprès de 2 300 professionnels a montré que 41 % des répondants estimaient que ces programmes de surveillance les rendaient finalement moins productifs.

Rappelons ici que le dialogue, la confiance et la responsabilisation des salariés restent des moyens très humains et non techniques de garantir que employeurs et salariés travaillent en harmonie.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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