Bataille d’Atos : les discussions s’électrisent
Règlements de compte chez Atos. Jugée trop proche de la vision du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, BNP Paribas vient d’être mise sur la touche manu militari par les banquiers qui mènent les négociations.
Le comité composé de la Société Générale, du CIC et de Natixis, ainsi que de Commerzbank, ING et Barclays, a opéré une rupture nette, dit-on. « Les banques alignent ainsi leurs intérêts. Il n’y aura plus d’envoyé spécial de Daniel Kretinsky au sein du comité bancaire», précise un proche du dossier.
BNP Paribas licencié
Cette distanciation est relative : selon nos informations, la banque détient moins de 10 % de la part des banques françaises sur 2,4 milliards d’euros de dette bancaire, soit moins de 100 millions d’euros. Où la Banque centrale européenne, premier créancier, détient 500 millions d’euros d’obligations.
Mais les tensions sont plus profondes qu’il n’y paraît au sein du groupe bancaire. On parle déjà d’un possible ralliement de Natixis et du CIC… et du fonds Attestor, allié de Daniel Kretinsky, à bras ouverts pour racheter leurs dettes. Au total, les banques françaises détiennent 38 % de la dette bancaire d’Atos.
Questions au CIC
Interrogé, le Crédit Mutuel n’a pas fait de commentaire. Mais selon des sources, où l’on les voyait parler d’une seule voix avec les autres créanciers en faveur du projet du premier actionnaire d’Atos David Layani, la banque y réfléchirait encore à deux fois. « Les discussions avec les deux candidats au sauvetage sont toujours en cours et rien n’est exclu », selon des sources.
A l’origine de ce revirement, les arguments du camp de Daniel Kretinsky qui commencent à pointer parmi les créanciers le mur de difficultés croissantes auquel Atos risque de se heurter. « Nous disons qu’aux 4,8 milliards de dettes financières, il faut ajouter environ 3 milliards de dettes économiques qui sont des engagements auxquels la société est tenue et qui ne peuvent être réduits », a encore déclaré dans le camp des milliardaires. Czech qui souligne la baisse rapide des marges, et d’autres coûts de restructuration non encore identifiés.
Cette dette « fantôme » et préoccupante comprendrait, entre autres, les coûts d’exécution de contrats déficitaires faisant l’objet de provisions pour risques et charges, les engagements au titre de régimes de retraite déficitaires à rembourser, ou encore les coûts de restructuration.
Le Conseil d’administration d’Atos ne peut accepter les récentes déclarations publiques inacceptables qui nuisent à la réputation du groupe.
JEAN-Pierre MUSTIER
Mais cet alarmisme a fini par irriter jusqu’au président d’Atos lui-même, Jean-Pierre Mustier, qui a officiellement rappelé à l’ordre. « Je voudrais rappeler aux différents acteurs du dossier que nous sommes dans une procédure structurée et ordonnée, qui doit être respectée », souligne-t-il dans un communiqué transmis aux Echos.
« Le conseil d’administration d’Atos ne peut accepter les récentes déclarations publiques inacceptables qui nuisent à la réputation du groupe et souhaite que ces commentaires cessent immédiatement pour permettre à nos collaborateurs de continuer à travailler sereinement pour accompagner nos clients avec toute l’énergie et le dévouement dont ils font preuve chaque jour. » Et Jean-Pierre Mustier prévient : « le groupe se réserve ses droits pour toute action particulière qui pourrait être menée ».