Joël SAGET / AFP
Bastien Vivès publie « La Vérité sur l’affaire Vivès » en réponse partielle à l’enquête ouverte contre lui depuis janvier 2023 pour des représentations pédopornographiques.
BD – Bastien Vivès publie ce mercredi 16 octobre La vérité sur l’affaire Vivès aux Éditions Charlotte, la maison d’édition qu’il a cofondée en juin dernier. Une manière pour le designer de revenir à « l’affaire ». Il fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte depuis janvier 2023 par le parquet de Nanterre pour diffusion d’images pédopornographiques.
Bastien Vivès fait son retour dans une bande dessinée destinée à répondre à ses détracteurs. Loin de se justifier, l’auteur préfère répondre dans une satire en noir et blanc qui caricature une version fictionnelle de l’affaire juridique et morale qui l’entoure depuis deux ans. Dans ce monde alternatif, le dessinateur est jugé pédophile en raison d’une situation absurde, censée faire écho à celle de l’auteur, mais qui ne le fait pas. « ne traite qu’une partie de « l’affaire », la plus caricaturale et la plus spectaculaire » selon Libérer.
Le vrai » Affaire Bastien Vivès » est toujours en cours. Elle surgit début décembre 2022, lorsque le Festival d’Angoulême annonce l’exposition Dans les yeux de Bastien Vivès pour l’édition 2023. Cela déclenche de vives réactions de la part des auteurs de bandes dessinées, mais aussi des milieux militants féministes, qui rappellent les polémiques autour des dessins jugés pédopornographiques de l’auteur. Des propos du dessinateur sur la pédophilie sont également exhumés par Libérer.
L’exposition est annulée le 14 décembre 2022 pour des raisons de sécurité, Bastien Vivès et ses maisons d’édition ayant reçu des menaces de mort. Dans une publication sur ses réseaux sociaux, l’auteur présente ses excuses et condamne les violences faites aux femmes, la pédopornographie et l’inceste.
Une enquête ouverte
Suite à la polémique, un article est paru dans Médiapart d’appeler à la création d’un #MeTooBD contre le sexisme dans ce milieu, réclamant entre autres la création d’une charte pour le festival d’Angoulême.
« L’affaire Bastien Vivès » prend une nouvelle tournure les 19 et 20 décembre 2022, lorsque les associations Innocence et La Fondation pour l’Enfance portent chacune plainte au parquet de Paris contre Bastien Vivès, ainsi que contre ses éditeurs Les Requins. Marteaux (Les melons de la colère, la décharge mentale) et Glénat (Petit Paul) Pour « diffusion d’images pédopornographiques, incitation à commettre des agressions sexuelles sur mineurs et diffusion de messages violents à destination d’un mineur ».
Le parquet de Nanterre avait alors ouvert une enquête préliminaire pour diffusion d’images pédopornographiques en janvier 2023, avant qu’une nouvelle plainte de l’association Face à l’inceste ne soit déposée un an plus tard. L’enquête sur l’affaire est toujours en cours au moment de la rédaction de cet article.
Représentations pédopornographiques depuis 2011
Lauréat de plusieurs prix dont le prix révélation du Festival d’Angoulême 2009 pour Le goût du chlore (2008), et pour Polina (2011), Bastien Vivès jouit d’une large reconnaissance dans le petit monde de la bande dessinée franco-belge.
Mais à partir de 2011, Les melons de la colère publié par Les Requins Marteaux dans la collection BDcul a créé un « malaise » pour le critique François Boudet du webzine belge ActuaBD. Il raconte notamment une scène où une jeune fille fait une fellation à son petit frère. L’artiste, qui invoque l’absurde (l’enfant ayant un pénis disproportionné), sera défendu par le directeur de la rédaction Didier Pasamonik, critiquant le « l’hypocrisie bourgeoise bien-pensante » et justifier l’héritage de la littérature érotique.
De nouvelles polémiques accompagnent la sortie de deux bandes dessinées pornographiques en 2018. Dans la première intitulée Décharge mentale (Les Requins Marteaux), Bastien Vivès dessine des scènes incestueuses explicites. Dans la seconde, Petit Paul (Glénat), il met en scène les relations sexuelles d’un enfant de 10 ans, doté à nouveau d’un énorme pénis, avec des femmes adultes.
Instruction en cours
Les marques Cultura et Gibert Joseph retirent les ouvrages de leurs rayons, tandis que Bastien Vivès se défend sur le caractère humoristique de la bande dessinée. « Ce livre est comme une grosse blague, pour faire rire les gens. Ce n’est certainement pas une apologie de la pédophilie. assurait le designer de l’époque dans le parisien.
En 2018, dans le cadre de l’article 227-23 du Code pénal qui interdit les représentations pornographiques de mineurs, un citoyen alerte le procureur de Paris, qui le déboute sans suite. Un an plus tard, l’association Face à l’inceste demande au parquet de Nanterre de retirer les BD des librairies, sans succès.
Ce sont les premiers signalements faits contre Bastien Vivès avant que d’autres associations et fondations ne portent plainte contre l’auteur en 2022. L’enquête ouverte en 2023 par le parquet de Nanterre est toujours en cours, et l’auteur des faits devrait comparaître devant le tribunal correctionnel. Dans une interview accordée à Indiquer pour la sortie de sa nouvelle BD, le dessinateur critique une affaire « ridicule et scandaleux », regrettant la tournure des événements et « l’extrême politisation de l’art ».
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