Bassin, anneaux, cheval d’argent… Où pourrons-nous continuer à admirer (ou pas) les vestiges des Jeux de Paris 2024 ?
Ces œuvres conçues pour les Jeux olympiques et paralympiques, et exposées dans la capitale, ont fait salle comble. Quid de leur avenir ?
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Elle n’a pas pu décoller lors de la dernière soirée des Jeux paralympiques. La célèbre vasque, le ballon illuminé installé dans le jardin des Tuileries au cœur de Paris depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet, s’est éteinte dans la soirée du dimanche 8 septembre, sans pouvoir s’élever dans le ciel en raison des conditions météorologiques. Cette œuvre Mathieu Lehanneur fait partie de ces objets devenus iconiques cet été, au même titre que les cinq anneaux accrochés à la Tour Eiffel ou le cheval d’argent qui parcourait la Seine. Les Français pourront-ils continuer à admirer ces vestiges des Jeux Olympiques et Paralympiques ?
Le sort du bassin entre les mains de l’Etat
Emblème fédérateur de ces Jeux, cette flamme « 100 % électrique » imaginée par EDF et dessinée par Mathieu Lehanneur rend hommage au premier vol en ballon à gaz rempli d’hydrogène, qui eut lieu en 1783 dans le jardin des Tuileries. Son succès populaire fut immédiat. Depuis fin juillet, quelque 270 000 personnes ont réservé un billet gratuit pour admirer de près ce qui restera un symbole des Jeux de Paris, sans compter la foule qui s’est massée chaque soir au-delà des barrières protégeant le ballon illuminé.
Forte de ce succès, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé qu’elle souhaitait maintenir ce qu’elle appelle« objet extraordinaire et magnifique »et d’avoir écrit en ce sens au président Emmanuel Macron, l’État étant propriétaire du jardin des Tuileries. Mais l’idée divise même son concepteur. Mathieu Lehanneur avait imaginé une œuvre éphémère, difficile à réaliser rester dans le temps. « Cela fait l’objet d’une étude techniquea-t-il confié à France Télévisions. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a pas été conçue pour cela. Le pire serait qu’elle reste et ne vive pas dans de bonnes conditions. »
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal a déclaré que le maintien de la vasque olympique à Paris serait « une très bonne idée », quand Emmanuel Macron a assuré qu’il prendrait soin de son avenir « en temps voulu ». S’il n’est pas possible qu’il reste aux Tuileries, la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a suggéré de le conserver au parc de La Villette, dans le 19e arrondissement de la capitale.
Le Tour de France prévu pour le cheval d’argent « Zeus »
L’image de ce cheval d’argent et de son cavalier galopant sur la Seine fut l’un des moments les plus marquants et les plus poétiques de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Le travail était « l’incarnation de Sequana, déesse du fleuve et symbole de résistance »a expliqué le directeur artistique des cérémonies olympiques et paralympiques, Thomas Jolly.
Ce cheval mécanique flottant, bnommé « Zeus », D’une hauteur de 1,80 m au garrot, a été conçu par l’atelier Blam, basé à Nantes, « et sa construction a nécessité un an de travail »a indiqué l’atelier à l’AFP. « Il est équipé d’un système de flottaison créé spécifiquement pour les besoins de la cérémonie d’ouverture par des architectes navals de Quiberon (Morbihan). Le mécanisme retranscrit le plus précisément possible les mouvements du galop d’un cheval. »ils ont rapporté.
Zeus a été exposé et visible gratuitement dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville de Paris du 29 août au 8 septembre.L’arrivée de la nouvelle génération est toujours en discussion, notamment avec la firme Sanofi qui a financé sa conception. L’option d’un Tour de France est sur la table, selon Pierre Rabadan, chargé des sports et des jeux à la mairie de Paris, puisque plusieurs villes françaises ont demandé à l’exposer. La tenue du cavalier sera « probablement exposé au Musée de la Mode au Palais Galliera »à Paris.
Les anneaux pourraient rester sur la tour Eiffel jusqu’en 2028
Ils ornent l’emblématique monument parisien depuis juin. Les anneaux olympiques fixés à la tour Eiffel devraient y rester jusqu’aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, et « peut être » au-delà, a annoncé vendredi Anne Hidalgo. « Je lutterai contre cette idée selon laquelle il faudrait fermer cette parenthèse enchantée pour reprendre le cours de nos vies et de nos passions tristes. »elle a ajouté.
Mais de nombreuses voix se sont élevées contre ce projet qui viendrait « dénaturer » l’oeuvre de Gustave Eiffel, notamment auprès des défenseurs du patrimoine et des descendants du célèbre ingénieur. Ces derniers ont proposé dimanche que la mairie puisse « transmettre symboliquement » à Los Angeles d’ici fin 2024.
La principale critique est que les anneaux représentant les cinq continents sont une marque déposée, car ils appartiennent à la Comité international olympique. « C’est avant tout un symbole des Jeux, d’un moment de l’histoire de la ville de Paris, de paix, de fraternité et d’unité »rétorque Pierre Rabadan. En attendant, les anneaux actuels seront retirés dans le courant du mois de septembre pour être remplacés par de nouveaux, tout aussi gros mais plus légers, afin de ne pas abîmer la structure de la tour.
Quant aux Agitos, ces petits croissants rouges, bleus et verts symbolisant les Jeux paralympiques, accrochés sur la haute façade de l’Arc de Triomphe, ils devraient rester sur les Champs-Élysées. Mais pas sur le monument emblématique de la capitale : la mairie de Paris réfléchirait plutôt à les installer près de la statue du général de Gaulle, vers le bas de la célèbre avenue.
Les statues d’héroïnes féminines installées Porte de la Chapelle ?
Autre héritage des Jeux : les statues d’héroïnes féminines de l’histoire de France, sorties de la Seine lors de la cérémonie d’ouverture, dans le cadre du tableau « Sororité ». Anne Hidalgo souhaite les installer dans le quartier de la Porte de la Chapelle, un quartier populaire réaménagé pour les Jeux olympiques. Ces statues, parmi lesquelles figurent celles de Simone de Beauvoir, Olympe de Gouges, Simone Veil ou encore Louise Michel, « auraient leur place à Paris, notamment dans le 18e arrondissement »expliquait la maire de Paris début août.
Interrogé par l’AFP, le maire socialiste du 18e arrondissement, Eric Lejoindre, a précisé que le projet consistait à installer les statues « des deux côtés de la rue de la Chapelle »du portail jusqu’à un grand rond-point transformé en place. « Comme c’est l’une des principales portes d’entrée de Paris, l’idée d’être accueilli par des femmes qui ont marqué l’histoire de France nous semble la bonne »il a souligné.
Mais trois communes de Loire-Atlantique ont déjà levé la main auprès du Comité d’organisation des Jeux (Cojop) pour accueillir les statues. Saint-Nazaire espère notamment obtenir la statue de Simone Veil, au nom du combat des femmes pour disposer librement de leur corps. La Baule et Le Croisic, de leur côté, sont en compétition pour une autre figure, celle de la sportive et Nantaise Alice Milliat, qui est aussi l’organisatrice des premiers Jeux mondiaux féminins en 1922. Le Cojop a indiqué que des discussions étaient en cours avec la mairie de Paris pour décider de leur destination.