Bars et restaurants à vendre en série à Cahors, victimes de l’inflation

Bars et restaurants ferment les uns après les autres dans le centre de Cahors. Les managers ne peuvent plus faire face à la hausse des coûts et à la baisse de la consommation. Aperçu.
C’est un carnage. Rien que dans la rue Clément Marot, trois commerces sont à vendre. Sur la porte d’entrée de Tiger Milk, fermée depuis plusieurs mois, une pancarte « À vendre » est affichée. Au Lili Bowl, Julie Giverne, la gérante, n’a pas mis de pancarte. Mais son restaurant est à vendre. Plusieurs explications à cela : « Je voulais sensibiliser à une alimentation plus saine et plus respectueuse. Mais, si j’engageais un salarié supplémentaire, ce n’était plus rentable pour moi. Et, sans personne d’autre, je ne pourrais pas mener à bien cette mission » . Et puis, surtout, des problèmes de trésorerie depuis la rentrée dernière et l’inflation. « C’est compliqué, je n’arrive plus à couvrir mes dépenses, depuis l’été dernier, j’ai constaté une grosse baisse de fréquentation. Les clients viennent toujours, avec le sourire, mais ils viennent beaucoup moins souvent », regrette-t-elle.
Le restaurant végétarien aura définitivement eu une vie atypique. Du travail pendant le confinement, une ouverture pour le déconfinement, en 2020, une activité pointillée pendant le Covid, le pass sanitaire etc. « Depuis septembre, mon chiffre d’affaires baisse de mois en mois, alors que jusqu’à présent il n’a cessé d’augmenter », souligne le restaurateur . Elle a choisi de ne pas toucher à ses prix, « de peur que les clients ne consomment encore moins ». Elle a même proposé des plats à petit prix en concevant une galette à neuf euros. Rien n’a fonctionné. Alors c’est ça. En décembre dernier, Julie Giverne a dû se résoudre à mettre son entreprise en vente. Un crève-cœur.
130 euros de cotisations Urssaf par mois, le solde Covid
Car les cotisations Urssaf dont elle était exonérée par l’Etat pendant le Covid sont venues frapper à la porte : aujourd’hui, il faut les payer et niveau calendrier, ça coince. « En pleine inflation, c’est une charge supplémentaire, un cadeau empoisonné », souffle-t-elle. 130 euros tous les mois à verser jusqu’en 2024. Un reste maudit. Son entreprise n’a pas encore trouvé de repreneur. Le patron envisage de continuer à cuisiner en assurant un service de restauration « pour que le deuil ne soit pas trop lourd à porter ». Elle espère pouvoir vendre avant fin juin. Ensuite, « continuer à exister dans le panorama cadurcien ».
Le cas de Julie Giverne est loin d’être isolé. En février dernier, le restaurant Le Marché place Chapou avait dû se décider à baisser le rideau, lui aussi victime de l’inflation. A Regourd, le restaurant asiatique Antai wok a également baissé le rideau. Un bar bien connu est aussi en sursis : un communiqué annonçant la vente a été publié ce week-end avant d’être retiré. Une triste loi de la série.