Barrage routier incendié, policiers pris pour cible, mobilisation « contre la vie chère »… que se passe-t-il en Martinique ?

Après la Nouvelle-Calédonie, un autre territoire d’outre-mer connaît une flambée de violences – d’une autre ampleur. Dans la nuit de vendredi à samedi, le commissariat de police de Fort-de-France (Martinique) a été visé par « deux coups de feu à balles réelles tirés par deux individus cagoulés à moto », selon la préfecture. Personne n’a été blessé et au moins une personne a été interpellée, selon une source policière citée par l’AFP.

Dans le même temps, des barrages routiers ont été « incendiés » dans le quartier Sainte-Thérèse (Fort-de-France). « Des groupes d’individus ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre. Les forces de l’ordre ont réagi et ont fait lever les barrages tôt ce matin. (SAMEDI) « matin », a détaillé la préfecture.

La veille déjà, dans la nuit de jeudi à vendredi, des véhicules et des poubelles avaient été incendiés dans ce quartier de Sainte-Thérèse, comme le rappelle Martinique la 1re. Selon la préfecture, « trois barrages routiers incendiés » avaient été dressés – avant d’être levés par les forces de l’ordre – et « quatre véhicules » avaient été incendiés « au milieu de la route après avoir été renversés par plusieurs groupes d’individus qui volaient du carburant dans les stations voisines ». Six policiers avaient également été pris pour cible et légèrement blessés par des tirs à Fort-de-France, dans la nuit du 2 au 3 septembre.

Un mouvement contre la « vie chère »

Toutes ces violences surviennent alors que, depuis début septembre, des manifestations contre la vie chère ont lieu à l’appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC).

Afin de faire pression, le RPPRAC avait appelé à manifester le 1er septembre entre un centre commercial et les abords du Grand Port Maritime de Martinique à Fort-de-France, par où transitent 98 % des marchandises entrant et sortant du territoire. Des barricades de pneus et de palettes avaient alors été érigées devant l’accès au terminal à conteneurs, bloquant l’accès. Un blocage levé deux jours plus tard.

Malgré les discussions avec la préfecture et l’objectif affiché par l’Etat, les distributeurs et les collectivités d’aboutir à une « baisse de 20% en moyenne du prix » de 2.500 produits de première nécessité, la colère n’est pas retombée. Pour lutter contre la vie chère, la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) s’est prononcée en faveur de « la suppression des taux de taxe maritime et de taxe régionale maritime sur 54 familles de produits », soit « plusieurs centaines » de produits.

De son côté, le président du RPPRAC, Rodrigue Petitot, avait appelé jeudi dernier à durcir le mouvement, selon la radio locale RCI Martinique. Ce samedi encore, deux rassemblements ont eu lieu devant deux hypermarchés de l’île. Selon Martinique la 1re, entre 100 et 150 personnes étaient présentes devant un centre commercial situé au Robert (dans l’est de la Martinique), bloquant notamment l’accès au parking.

Dès lundi, une mission flash d’experts fiscaux et financiers sera menée pour « valider les dispositifs, aller le plus loin possible pour proposer quelque chose de solide au ministre qui prendra ses fonctions la semaine prochaine », a assuré jeudi le préfet Jean-Christophe Bouvier.