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Barrage routier incendié, affrontements avec la police, magasins saccagés… Nuit agitée à Bébel, Sainte-Rose

L’exaspération règne chez les commerçants de Bébel, à Sainte-Rose, au lendemain des cambriolages et du pillage de leurs magasins. Pendant la nuit, des barrages enflammés ont été érigés dans le quartier.

Dans la nuit de dimanche à lundi (22 au 23 septembre 2024), le secteur Bébel de Sainte-Rose a été le théâtre d’actes de vandalisme qui ont profondément affecté la population et les commerçants locaux. Dans un périmètre d’à peine 300 mètres, des émeutiers ont bloqué la route pour saccager trois commerces, semant la désolation et la colère.

Deux barrages enflammés ont été dressés à l’entrée et à la sortie du tronçon, empêchant toute intervention rapide des forces de l’ordre et laissant la voie libre aux délinquants.

Les trois commerces, un garage, une station-service et un magasin de bricolage ont été saccagés.

Ce matin, c’était l’heure pour Jonathan Moueza, gérant du magasin Brico Pro, de faire le point. Un chef d’entreprise abattu. C’est la quatrième fois en trois ans que son établissement subit une «cambriolage qui dure« En fait, la police n’a pas pu intervenir », explique-t-il.

Ils ont mis beaucoup d’efforts et de temps. Mais après 20-25 minutes, ils sont finalement revenus et ils ont passé plus de deux heures dans le magasin parce qu’ils avaient mis le feu à la rue, aux véhicules et la police n’avait aucun moyen d’intervenir.

Jonathan Moueza, gérant d’un magasin de bricolage

©Guadeloupe


Les malfaiteurs ont tenté en vain de pénétrer dans le coffre-fort du magasin.



Un magasin de bricolage vandalisé à Bébel, Sainte-Rose


Sur les images de vidéosurveillance, il a pu compter une vingtaine de personnes entrant dans le magasin.


Machine volée dans un magasin de bricolage, incendiée peu après, à Bébel, Sainte-Rose, le 23 septembre 2024


Non loin de là, Louis Crane, gérant de la station-service voisine, constate les dégâts avec beaucoup d’amertume. Dans la nuit, à quelques mètres de son établissement, des barrages routiers en feu ont fait craindre le pire aux riverains.

L’homme est amer. Au-delà de la perte financière, la déception et la colère prennent le dessus, en voyant la boutique de la station, ce lundi matin.

J’ai vécu Hugo et c’était pire que Hugo. J’ai même l’impression que c’était méchant. On peut casser quelque chose, peut-être voler et partir. Mais là, c’est de la destruction… Moralement, quand on voit ça, on n’a plus envie de recommencer. On se dit à quoi ça sert.

Louis Crane, gérant de la station-service Bébel Sainte-Rose

Les rayons du magasin furent saccagés, de la graisse s’étala sur le sol, des boissons furent consommées et des canettes jetées à terre. Même les cartes à gratter furent volées. Cependant, le coffre-fort résista aux assauts répétés, laissant à Louis peu de consolation : «Ils se sont cassé les dents dessus. Ils ont utilisé une meuleuse, un pied-de-biche » dit-il, encore sous le choc.

Pour Louis, il est impensable que ces actes soient liés à une quelconque revendication sociale.Je fais vivre ma communauté« , a-t-il déclaré, ne comprenant pas la violence qui le visait, lui et son entreprise.

Le garage automobile situé à côté de la station-service faisait également les comptes lundi matin.

Là encore, l’incompréhension et l’agacement se mêlent. Jean-Louis Mésinèle, le gérant, partage le sentiment de malveillance exprimé par son voisin. Ce n’est pas la première fois que l’établissement est pris pour cible. Il espère désormais que les autorités sauront protéger son commerce.

©Guadeloupe

Si les commerçants sont stupéfaits par les derniers événements, les riverains le sont tout autant.

Ce lundi matin, plusieurs d’entre eux sont venus manifester leur soutien aux commerçants sinistrés. L’un d’eux a raconté avoir tenté d’intervenir pendant la nuit, inquiet pour sa sécurité et celle des riverains proches des incendies non loin de la station-service.

©Guadeloupe

Un autre a été lapidé par des individus qui tentaient de lui extorquer de l’argent à un barrage routier à La Boucan vers une heure du matin.

Si les cicatrices de cette nuit de violences sont encore bien visibles, commerçants et riverains partagent la même inquiétude : que de tels événements se reproduisent. Pour eux, cette nuit de destruction laisse un goût amer, non seulement en raison des dégâts matériels, mais surtout en raison du sentiment de vulnérabilité qui en résulte.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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