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Barnier s’impose à Bruxelles et oppose son veto au Mercosur

Tournée d’échauffement ce mercredi à Bruxelles pour le Premier ministre Michel Barnier. En trois heures montre en main, celui qui est passé «  presque 15 ans », comme il aime à le rappeler, dans les étages du Berlaymont, siège de la Commission européenne, a multiplié les entretiens et mis le pied dans la porte avec Benjamin Haddad, le jeune ministre chargé des affaires européennes directement rattaché à Matignon. , plus familier des affaires transatlantiques que des mystères bruxellois.

Avec un budget 2025 toujours en jachère, un mécontentement social croissant et des agriculteurs annonçant le blocage du pays à partir de la semaine prochaine, l’ambiance n’était pas vraiment à la convivialité. Le Premier ministre était venu prendre la parole » compétitivité « ,  » simplification « ,  » surtout pour les agriculteurs « ,  » Mercosur « ,  » dette  » Et  » immigration », a-t-il déclaré après les entretiens.

Les garanties de récupération

Premier arrêt : le bureau du vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis, qui a le pouvoir en matière de contrôle des règles budgétaires et devrait le conserver pour les cinq prochaines années. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en moins de deux mois et demi, Michel Barnier a multiplié les garanties de reprise. Il était accompagné de Jérôme Fournel, l’un des artisans à Bercy, en tant que directeur des finances publiques, du « plan de réformes à moyen terme » transmis le 31 octobre à la Commission, et qui est depuis devenu son directeur de cabinet.

Feu vert ou sanctions ? Les risques du budget français à Bruxelles

L' » effort spectaculaire » prévu dans le budget 2025 a permis à la France de se remettre sur les rails des nouvelles règles budgétaires et de ne pas faire partie des mauvais élèves qui n’ont pas encore rendu leur copie. En réalité, « les consultations ont commencé il y a plusieurs semaines », explique une source proche du dossier. Lors de l’examen de ce plan par le Sénat fin octobre, certains ont souligné que le volet « réformes » était encore un peu maigre. La conversation est appelée à durer.

« Ne pas mettre en danger des secteurs entiers »

Il reste beaucoup moins de temps sur le dossier brûlant du moment : l’accord d’association avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie). Ce méga-accord, dans la profession depuis 20 ans, cristallise la grogne. Une rumeur insistante, dûment documentée ce mercredi par le site Politiquesouhaiterait que le président de la Commission s’efforce de l’adopter d’ici la fin de l’année.

Ursula von der Leyen,  » que je connais bien », a expliqué le Premier ministre à la fin de cet entretien, aimerait profiter de la réunion du G20 à Rio de Janeiro (Brésil), la semaine prochaine, pour parvenir à un accord politique au moins sur l’aspect commercial. L’industrie automobile allemande attend depuis des années la quasi-élimination des droits de douane prévue par l’accord, pour relancer ses exportations. Ces opportunités sont d’autant plus attendues que les perspectives s’assombrissent aux Etats-Unis avec l’élection du républicain Donald Trump à la présidence. Mais le résultat de ces longues négociations ne satisfait pas les agriculteurs européens, qui ont manifesté mercredi devant le Berlaymont, siège de la Commission, contre les excès des normes et le risque d’une concurrence sud-américaine qu’ils jugent déloyale.

Mercosur : Bruxelles refuse de revoir le volet agricole

 » Dans les conditions actuelles, cet accord n’est pas acceptable pour la France et il ne le sera pas. Je recommande de ne pas ignorer la position d’un pays comme la France », a déclaré le Premier ministre avant de reprendre le train pour Paris.  » Il s’agit de ne pas mettre en danger des secteurs entiers. », a-t-il ajouté, en référence aux producteurs de volailles et de viande bovine qui anticipent un inondation du marché européen par des produits ne respectant pas les normes européennes. Il a également exclu la possibilité d’un mécanisme de compensation.

Fichier explosif

 » La France a posé trois conditions pour signer l’accord, à savoir : ne pas augmenter la déforestation importée dans l’UE, mettre l’accord en conformité avec l’accord de Paris sur le climat de 2015 et introduire des mesures miroirs en matière sanitaire et environnementale. Ces conditions ne sont évidemment pas remplies », ont expliqué mardi plus de 600 parlementaires français dans une lettre ouverte à Ursula von der Leyen publiée par le quotidien. Le monde.

Mais les auditions des commissaires nommés ces derniers jours par les députés européens ont montré que la France était minoritaire dans son rejet de l’accord du Mercosur. Mais la bataille à venir aura lieu au Conseil des ministres, entre les États membres.  » Il faut empêcher Ursula von der Leyen de contourner le principe de l’unanimité (instauré en 2019, ndlr). L’enjeu est de réussir à réformer une minorité de blocage », selon l’eurodéputée socialiste française Chloé Ridel, à l’unisson de ses compatriotes des autres formations politiques.

L’affaire est, il est vrai, explosive.  » La colère des agriculteurs, plus les fermetures d’usines, plus le démantèlement du fret SNCF, ça fait beaucoup… On ne peut pas avoir trois actifs, trois bombes qui explosent en même temps d’ici Noël. », explique une source européenne.  » Sur le budget, il peut négocier les délais. L’urgence est de désamorcer le problème avec les agriculteurs pour éviter de fusionner avec d’autres luttes sociales « .