Barnier : -44% pour la santé – Chronique santé de Christophe Prudhomme – 23 septembre 2024
Alors que la première sortie de Michel Barnier s’est faite dans un hôpital, plaçant la santé parmi ses priorités, on découvre avec stupeur que le budget du ministère de la Santé va être réduit de 44% l’an prochain, soit la plus grosse coupe de tous les ministères. Ce budget, qui n’est pas celui de la Sécurité sociale, concerne notamment les investissements dans les hôpitaux. Pour rappel, les fameuses promesses du Ségur de la santé annonçaient 6 milliards d’euros d’investissement pour les hôpitaux et les Ehpad… des annonces mensongères.
Regardons de plus près les conséquences concrètes de ces mesures. Un grand nombre d’hôpitaux souffrent de vétusté et ont besoin d’urgence de rénovations. Ces travaux ont pris du retard depuis que la Banque centrale européenne a contraint les hôpitaux à emprunter auprès d’elle à des taux d’intérêt élevés, ce qui a entraîné une dette cumulée de plus de 30 milliards d’euros. Pire encore, certains ont été plombés par des prêts toxiques, avec des taux d’intérêt qui ont dépassé les 20 %. Face à cette impasse, le gouvernement est intervenu. Mais il s’est contenté de prendre en charge seulement un tiers de cette dette, ce qui laisse aux hôpitaux une charge d’intérêt d’environ 1 milliard par an. Cette somme est non seulement insuffisante pour l’investissement mais pèse aussi sur la principale dépense des établissements : les salaires. Cela se traduit par une réduction des embauches alors que nous manquons déjà de personnel.
Cette saignée fait suite à celles menées les années précédentes avec le transfert au budget de la Sécurité sociale du financement de certaines agences ou encore de la rémunération des étudiants hospitaliers. La stratégie est claire, on dépouille le ministère de la Santé et on charge le bateau de la Sécurité sociale pour alourdir son fameux trou, ce qui permet d’imposer des mesures d’économies comme obligatoires. Dans le même temps, le budget militaire augmente de 5 % dans le cadre de la loi de programmation qui alloue 413 milliards aux armées d’ici à 2030. Bref, des milliards pour l’armée, de l’austérité pour la santé. Autre exemple des choix de l’État dans un domaine où l’argent coule visiblement à flot : celui des aides aux entreprises pour soi-disant réindustrialiser la France. Ainsi Sanofi, le champion pharmaceutique français, s’est vu octroyer une subvention de l’État de 240 millions d’euros pour son usine de Neuville-sur-Saône, avec la perspective de créer 200 emplois. Une belle opération pour une entreprise qui fait entre 5 et 10 milliards d’euros de bénéfices. Quelle efficacité pour la collectivité quand créer un emploi coûte plus d’un million d’euros ? Tout cet argent manque pour la santé, c’est-à-dire pour la vie, au profit de la guerre et du veau d’or capitaliste.
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