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Barack Obama et Kamala Harris, le 5 avril 2022.
ETATS-UNIS – Un silence assourdissant. Depuis l’annonce de la candidature de Kamala Harris à l’élection présidentielle américaine, les démocrates et sympathisants les plus influents ont (presque) tous apporté leur soutien à la vice-présidente qui a relancé la campagne. Mais pas l’ancien président Barack Obama.
Peu après le retrait de Joe Biden, contraint d’abandonner la course face aux critiques sur son âge, l’ancien président démocrate (2008-2016) a félicité l’octogénaire dans cette décision difficile à prendre. Dans sa déclaration, il a également prévenu que le Parti démocrate allait « naviguer en territoire inconnu dans les jours à venir. »
Alors que Joe Biden avait déjà indiqué qu’il soutiendrait sa vice-présidente dans la course à la Maison Blanche, Barack Obama n’a pas eu de mots pour l’ancienne sénatrice et procureure générale de Californie. Tout comme les chefs de file démocrates au Congrès, Hakeem Jeffries et Chuck Schumer. Ces deux derniers se sont néanmoins rangés derrière Kamala Harris, mardi 23 juillet.
Obama au-dessus du parti
Comment expliquer le silence de l’ancien président ? Une source proche de lui a expliqué à MSNBC : « Comme il l’a fait en 2020, le président Obama estime qu’il sera dans une position unique pour aider le parti une fois le candidat choisi, pour élever ce candidat et faire tout son possible pour garantir que ce candidat soit élu en novembre. »
En d’autres termes, comme l’explique également le New York Times, Barack Obama veut rester impartial jusqu’à ce que la convention démocrate de mi-août choisisse officiellement Kamala Harris. Sa nomination semble pourtant assurée. Plus de la moitié des délégués qui voteront lors de ce rassemblement géant du parti ont indiqué qu’ils soutiendraient la vice-présidente.
Ce retrait de Barack Obama n’est pas nouveau. En 2020, il avait déjà refusé de soutenir Joe Biden, qui avait pourtant été son vice-président durant ses deux mandats. Il avait attendu le retrait du dernier candidat en lice pour les primaires, Bernie Sanders, pour enfin s’engager pleinement à ses côtés.
Silence stratégique
Le contexte actuel est quelque peu différent puisque Kamala Harris est la seule à s’être présentée comme candidate depuis le retrait de Joe Biden. En 48 heures, elle a revigoré la campagne et insufflé de l’espoir aux électeurs démocrates. Mais n’ayant pas réussi à marquer l’opinion publique et ayant même été ouvertement critiquée par certains électeurs, sa tentative aurait pu échouer et d’autres candidats sérieux auraient pu émerger.
Le silence de Barack Obama est en réalité stratégique : il permet à une autre personnalité de se manifester si elle le souhaite, d’éviter que Kamala Harris ne soit couronnée trop vite, de laisser croire aux électeurs qu’ils ont eu leur mot à dire alors qu’elle n’était pas candidate lors des primaires, et de s’assurer qu’elle ne soit pas présentée comme la candidate de réserve poussée par l’élite du parti.
Il n’y a donc rien à voir avec une quelconque animosité entre les deux personnages. Tout porte à croire que l’ancien président devrait, tôt ou tard, apporter son soutien à Kamala Harris.
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