« Banalisation de la cocaïne » : qu’est-ce que cette « poudre énergisante à sniffer » vendue dans certains bureaux de tabac ?
« Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Bien que cela puisse suggérer un plaisir interdit, cela est tout à fait conforme à la loi. » Sur son site Internet, Sniffy l’assure, sa poudre blanche est légale, contrairement à la cocaïne. Or, les deux substances se présentent sous la même forme et s’inhalent de la même manière : en les reniflant, comme l’indique le nom du produit.
Cette poudre énergisante est vendue depuis plusieurs jours dans certains bureaux de tabac et sur Internet. Il se présente comme un « complément alimentaire », se décline en cinq parfums et agit – avec effet immédiat – pendant 20 à 30 minutes.
Sniffy assure que le produit est idéal pour rester éveillé ou concentré. Il contiendrait 90% d’éléments naturels. La substance est composée notamment de caféine, de créatine ou encore de taurine (présente dans certaines boissons énergisantes). Concernant la santé, il est recommandé de n’utiliser cette poudre – interdite aux mineurs – « que lorsque vous en avez besoin », est-il écrit sur le site de la marque. La dose quotidienne maximale serait de deux grammes et une consommation excessive comporte des risques d’effets indésirables.
Ce produit inventé par Highbuy, spécialiste marseillais du CBD, est sous le feu des projecteurs depuis l’émission « La grande semaine », diffusée sur M 6. Interviewé par 20 Minutes, le créateur de Sniffy s’est lui-même étonné que sa poudre ait été vendue. dans un bureau de tabac parisien. Étonnamment, il n’a pas souhaité donner son nom aux médias. Il a reconnu que le produit pouvait « choquer », que « mélanger » les modes de consommation était possible, tout en niant toute incitation.
« Banalisation de la cocaïne »
Pourtant, Sniffy a logiquement fait bondir les spécialistes en addictologie. Au micro de BFMTV, le président de la Fédération française d’addictologie, Amine Benyamina, a appelé à son interdiction par les pouvoirs publics.
Dans un article publié sur le site Addictions France, Bernard Basset, président de l’association, déplore la « promotion publicitaire » et la « banalisation du geste (renifler), de l’apparence (poudre blanche), des motivations à consommer (booster ton énergie, fais la fête) » : « Sniffy n’est pas de la cocaïne, mais il y ressemble tellement qu’il banalise indirectement son usage », écrit-il. Selon l’organisation, les différentes saveurs sucrées « vont attirer les plus jeunes ».
Addictions France assure également que les buralistes vont « contribuer à la banalisation de la cocaïne dans notre monde » à travers la commercialisation de cette poudre blanche. Si le mélange est désormais disponible, la Confédération des buralistes assure que « plus de 90 % du réseau refuse la commercialisation de ce produit ». « Nous ne bradons pas notre éthique », a-t-elle écrit sur ses réseaux sociaux. L’organisation indique avoir contacté les autorités au sujet d’un produit déjà controversé.