Baisse surprise du taux de chômage en France
Surprise. Alors que tous les experts, ou presque, le voyaient augmenter, au mieux stagner, le taux de chômage a diminué de 0,2 point au deuxième trimestre, à 7,3% de la population active. Le nombre de chômeurs en France (hors Mayotte) a diminué de 40.000 par rapport aux trois mois précédents, à 2,3 millions de personnes, selon les chiffres publiés ce vendredi matin par l’Insee.
« C’est une petite, et bonne, surprise, contraire à la tendance observée depuis 2023, puisque nous avions anticipé une stabilisation du taux de chômage suivie d’une légère hausse tout en restant à des niveaux historiquement très bas », a réagi Vladimir Passeron, chef du département emploi et revenus du travail de l’Institut national de la statistique.
Dans le détail, le taux de chômage a baissé de 0,4 point pour les 15-24 ans, à 17,7%, mais reste supérieur à son niveau d’il y a un an (+0,8 point). Pour les 25-49 ans, il est quasiment stable sur le trimestre, à 6,7%, totalement stable pour les 50 ans ou plus, à 5,1%.
Fait important, le taux d’emploi des 15-64 ans continue d’augmenter. A 69 % (+0,2 point), il atteint un nouveau plus haut depuis qu’il est mesuré (1975). La hausse observée au deuxième trimestre est deux fois plus forte (+0,4 point) chez les 50-64 ans et, au sein de celle-ci, chez les 55-64 ans, sous l’effet probable de la hausse de la réforme des retraites de 2023. Autre point important, le taux d’activité est resté stable, toujours en moyenne trimestrielle, à 74,5 %. Il a baissé pour les jeunes, est resté stable pour les 25-49 ans, et a augmenté au-delà.
La fin de l’effet olympique
La publication de ces chiffres suit de quelques jours celle provisoire de l’emploi salarié dans le secteur privé au deuxième trimestre. Même s’il faut rester prudent (manque à gagner en productivité dans le secteur public et les non-salariés), la stagnation des effectifs par rapport au premier trimestre, qui, « une petite surprise aussi, mais une mauvaise » selon Vladimir Passeron, peut être mise a priori sur le compte de la fin de l’effet olympique qui avait dopé les embauches au cours des trois premiers mois de l’année. Economiste à l’OFCE, Eric Heyer y a vu une confirmation du retour à la productivité dans l’économie.
Depuis deux ans, « la production des entreprises privées dépasse celle des créations d’emplois, de manière assez significative », explique-t-il. Conséquence de ce retour à la tendance qui prévalait avant le Covid, il faudra que la croissance du PIB reprenne, au moins 1,6% par an, pour que le taux de chômage baisse significativement pour se rapprocher de 6%, pas loin du plein emploi.
Chiffres obsolètes
Dans sa dernière note de conjoncture – publiée le 9 juillet mais réalisée avant la dissolution de l’Assemblée – l’Insee anticipait une nette hausse de la population active (+50.000 par trimestre) principalement du fait de la réforme des retraites de 2023. Compte tenu du ralentissement de l’emploi au second semestre (+63.000 après +122.000 au premier), le taux de chômage devrait augmenter très légèrement (+0,1 point) d’ici la fin de l’année, à 7,6% de la population active.
Tout cela devient obsolète au vu des chiffres publiés cette semaine. Pour l’Insee, plusieurs raisons peuvent jouer, notamment la différence de sources. Les chiffres de l’emploi proviennent de sources administratives et sont mesurés en fin de période. Les taux de chômage, d’emploi et d’activité proviennent d’enquêtes, sont mesurés en moyenne trimestrielle et sont sujets à des fluctuations importantes d’un trimestre à l’autre.
Même si sur un an, les deux sources tirent dans le même sens vers un ralentissement de l’emploi et une hausse de la population active, il est possible que le marché du travail ait été mieux orienté au deuxième trimestre. Ceci, malgré des enquêtes de conjoncture en baisse. Face à plusieurs signaux contradictoires, l’Insee risque d’avoir du mal à ajuster le prochain rapport de conjoncture en novembre…
Plus d’informations à suivre…