Des Etats-Unis à la France en passant par l’Allemagne, le constat autour de Tesla est le même : « Parmi les perdants figurent les concessionnaires automobiles et les propriétaires de Tesla qui proposent actuellement leurs véhicules sur le marché de l’occasion. Les prix des Tesla d’occasion sont en baisse, en raison des baisses de prix des véhicules neufs », a annoncé le 11 juin le club automobile allemand Adac. Logiquement, la valeur à long terme d’un véhicule d’occasion repose, entre autres facteurs, sur son prix de vente lorsqu’il était neuf.. Donc, Certaines Tesla achetées il y a deux ou trois ans à prix fort se retrouvent aujourd’hui sur le marché de l’occasion à des prix proches de l’équivalent neuf sortant du showroom de la marque américaine.
Hertz, les pieds bien ancrés sur terre
Un désastre financier pour certaines entreprisesLe loueur Hertz n’a pas caché son mécontentement sur le sujet en début d’année, et a annoncé ostensiblement qu’il se débarrassait de ses 20 000 Tesla sine die. Son concurrent Sixt est dans la même démarche. Et Laura Roberson, une universitaire américaine qui travaille sur les valeurs résiduelles, explique « Avec des modèles anciens qui conservent plus de valeur que les neufs, les Tesla sont une exception notable sur le marché de l’occasion ». Plus près de chez nous, en France, le groupe spécialiste de l’occasion Sofipel ne cache pas son manque d’enthousiasme actuel lorsqu’il s’agit de commercialiser une Tesla d’occasion : « Tesla a un fort impact sur les valeurs résiduelles de ses véhicules grâce à ses augmentations/baisses de prix régulières » explique Antoine Pelleau, directeur de la stratégie commerciale du groupe, ce facteur, couplé à la faiblesse du marché des véhicules électriques d’occasion, nous a conduit à ne plus proposer à la vente de véhicules d’occasion de cette marque, ou alors à une marge et dans des conditions d’achat nous permettant d’absorber ces variations « , précise-t-il.
-20% en 18 mois
Des loueurs qui s’estiment floués, des distributeurs de véhicules prudents, la « bulle Tesla » semble prête à éclater définitivement : « En janvier 2023, pour un véhicule de 12 mois, le Model Y avait une valeur résiduelle de 96,4 %. Aujourd’hui, la valeur est de 75 %. Vingt points ont été perdus en un an et demi« Tout le marché est parti à la baisse, ou plutôt, c’est la chute de Tesla qui a entraîné tout le marché vers le bas », analyse Yoann Taitz, le responsable des valeurs résiduelles chez Autovista pour la France et le Benelux. Même constat pour une Model 3. En janvier 2024, cette berline d’un an affichait encore une valeur résiduelle de 84,1 % : « Aujourd’hui, on est à 73 %. On est passé de 39 600 € à 34 300 €, c’est 5 300 € qui ont été perdus », pointe ce spécialiste du marché automobile.
Une marque généraliste classique
Et de faire des comparaisons de valeurs d’un Model Y de 3 ans avec d’autres véhicules du même segment. Le Model Y affiche actuellement 55,5% de valeur résiduelle, un Skoda Enyak 54,8%, et un MG Marvel R, 53,8%. Yoann Taitz note également qu' »une Ford Mustang Mach-E, bien qu’en chute libre, est à 56,4% de valeur résiduelle en moyenne ». Encore plus fort. Alors que Tesla était entré sur le marché automobile avec un positionnement haut de gamme, ses valeurs ne tiennent plus la comparaison avec BMW.par exemple : « Une BMW i4 de 36 mois conserve aujourd’hui une valeur de 62,5 % contre 58,2 % pour un Model 3. Tesla est devenue une marque généraliste classique ! » observe l’expert d’Autovista. Ainsi, les livraisons mondiales de Tesla neuves ont chuté de -9 % au premier trimestre (janvier à mars) par rapport à la même période en 2023 et encore de -5 % au second semestre (avril-juin). Pourtant, en 2019, le PDG de Tesla, Elon Musk, assurait à divers médias américains que ses voitures verraient leur valeur augmenter au fil du temps !
LOA ou LLD plutôt qu’un prêt personnel
Acheter puis revendre une Tesla revient en réalité à perdre au moins autant d’argent qu’avec n’importe quelle autre marque ou modèle électrique. Mais les automobilistes intéressés par une nouvelle Tesla peuvent se protéger des effets néfastes de ces fluctuations de prix intempestives et, selon Yoann Taitz : « Il n’est pas conseillé de financer une Tesla avec un prêt personnel, il est préférable de la prendre en LOA ou LLD et de laisser son constructeur gérer le risque » conclut-il. Ce qui n’est pas de bon augure pour la notation des Tesla déjà financées par des particuliers.
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