Baisse de la TVA sur les opérations de réparation : une aubaine pour les cordonniers ?
Une TVA réduite à 5,5% sur la réparation de certains produits, comme les chaussures, a été adoptée le 17 octobre 2024 par la commission des Finances dans le cadre des discussions budgétaires (qui se poursuivent…). Un coup de pouce peut-être bénéfique pour des métiers en voie de disparition, alors même que la demande existe.
On l’appelle déjà « TVA circulaire », du nom de cette économie qui voudrait que l’on réutilise, rénove ou répare plutôt que de jeter. Seulement 5,5% sur les opérations de réparation de cycles, d’électroménager, de chaussures et articles en cuir, d’habillement et de linge de maison.
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L’amendement, porté par les membres du groupe socialiste et apparenté, a été adopté le 17 octobre par la commission des finances. « Pilier de la transition vers une économie circulaire, le secteur de la réparation doit être soutenu », expliquent les signataires, « sans cordonnier, tailleur ou réparateur, les produits ne peuvent pas être réparés. Mais ce secteur souffre et le nombre de réparateurs a diminué en 20 ans.»
45 000 cordonniers dans les années 50, 3 500 en 2023
L’idée, qui vient de remporter sa première victoire politique, est soutenue par l’Inec (Institut national de l’économie circulaire), un think tank leader en matière de préservation des ressources. Il se trouve que sa directrice générale, Emmanuelle Ledoux, a récemment donné une conférence à Montauban, invitée par le club « Les entreprises s’engagent en Tarn-et-Garonne ». Dans sa présentation, elle évoquait déjà la baisse vertigineuse du nombre de cordonniers en France. Au milieu des années 1950, ils étaient 45 000, ils ne sont plus que 3 500 aujourd’hui. Jean-Pierre Verneau, président de la Fédération de la Chaussure Multiservice, confirme cette baisse, « même si le niveau se stabilise depuis une dizaine d’années ».
Une demande qui existe définitivement
Interrogé, l’emblématique cordonnier montalbanais Dominique Antunes, 41 ans de service rue Bessières (1) avant de prendre sa retraite en 2023, se souvient d’une époque où les moins de 20 ans… « Quand j’ai commencé, il y avait encore cinq cordonniers en ville, sans compter tous les Minutes Talon, y compris dans la rue de mon commerce ! « . La fast fashion arrivant des pays asiatiques a balayé cette image trop datée.
Et aujourd’hui ? A partir des données transmises par la Chambre des Métiers (CMA), et en excluant ceux qui ne s’occupent que de la sellerie, nous recensons cinq cordonniers multiservices dans le Tarn-et-Garonne, quatre à Montauban (dont deux en galerie marchande) et un à Caussade. (lire ci-dessous). Ce n’est pas grand-chose pour une demande qui existe, ou qui n’hésiterait pas à être stimulée.
Un bonus de réparation
Roland Delzers, président du CMA 82, voit d’un bon œil la TVA circulaire, même s’il sait bien que beaucoup de cordonneries récentes sont des micro-entreprises, donc indifférentes aux questions de TVA. Par ailleurs, le projet de budget n’est pas encore stabilisé. Mais selon lui, « toute mesure réduisant le coût du travail stimule à la fois la consommation et l’activité des métiers de la réparation, favorisant ainsi un modèle économique plus durable ». Jean-Pierre Vernaut rappelle pour sa part la récente instauration d’une prime à la réparation, qui fait immédiatement baisser le salaire. prix de la prestation. Et que les professionnels soient dans des microentreprises ou non, ils peuvent en profiter dès maintenant.
« Ce qui me rend optimiste, poursuit le président national de la fédération, c’est que les gens recommencent à acheter des chaussures de qualité, et qu’ils préféreront les faire réparer plutôt que de les jeter. A condition de trouver un cordonnier à leurs pieds.
(1) Shoe Maker, repris par Catherine Maurel