L’Azerbaïdjan a accueilli les dirigeants indépendantistes de Polynésie française pour une conférence sur le « droit à la décolonisation », au risque d’alimenter les tensions après que Paris a déjà accusé Bakou d' »ingérence » en Nouvelle-Calédonie. Explications.
« Nous avons atteint la fin du processus juridique et nous avons besoin du soutien de l’Azerbaïdjan. Nous sommes convaincus que l’Azerbaïdjan fera entendre notre voix dans le monde entier, car vous comprenez bien ce que nous traversons.« Ces propos sont ceux de Vito Maamaatuaiahutapu, secrétaire général de Tavini Huiraatira. Relayés par l’Agence nationale de presse d’Azerbaïdjan, ils ont été prononcés lors de la conférence sur «Le droit à la décolonisation de la Polynésie française : défis et perspectives« , qui s’est tenue ce jeudi à Bakou.
Après un premier déplacement il y a quelques semaines, une délégation polynésienne se rend à nouveau en Azerbaïdjan pour assister à cette table ronde. Une table ronde qui risque d’alimenter un peu plus les tensions après que Paris ait déjà accusé Bakou de «ingérence » sur la Nouvelle-Calédonie suite aux émeutes. Les autorités françaises accusent notamment Bakou de «manœuvres informationnelles« , via le »propagation massive et coordonnée » sur les réseaux sociaux des contenus accusant la police française d’avoir tiré sur des manifestants indépendantistes lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie.
« L’imperfection des mécanismes juridiques internationaux entrave la libération des colonies françaises ».
Pour ce nouveau déplacement dans les pays les plus autoritaires du monde, la délégation indépendantiste est composée de l’élu Heinui Le Caill. Le président de la Commission chargée de l’éducation, de la jeunesse et des sports de l’Assemblée de Polynésie française, est revenu sur les 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie entre 1966 et 1996.
« En plus du caractère polluant, cela a eu un impact négatif sur la santé de la population. Cela prouve que la France, pays doté de l’arme nucléaire, a gravement porté atteinte à l’environnement et à l’humanité. » a-t-il déclaré selon Agence nationale de presse d’Azerbaïdjan. Participant à la conférence, le vice-président du Parlement azerbaïdjanais, Ali Housseynly, a assuré que «l’imperfection des mécanismes juridiques internationaux freine la libération des colonies françaises« .
Cette nouvelle démarche de Tavini Huiraatira fait réagir à Paris. La tête de liste LR pour les européennes François-Xavier Bellamy s’est indignée mercredi face à la tenue de cette conférence alors que les relations avec la France sont déjà au plus bas depuis la reprise du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan aux dépens de l’Arménie, soutenue par Paris. . « Combien de temps l’État laissera-t-il Aliyev travailler à briser la France ?a écrit le député européen sur X.
Pour rappel, dès juillet 2023, l’Azerbaïdjan avait invité des indépendantistes de Martinique, de Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française à Bakou pour une conférence. LE « Groupe d’initiative de Bakou » avait été créée, avec pour objectif affiché de soutenir «mouvements anticoloniaux ».