Nouvelles sportives

Avec Swiatek et Osaka, le tournoi a-t-il raté l’ultime night session pour promouvoir le tennis féminin ?

A Roland-Garros,

Petit doute au moment de la poignée de main entre Iga Swiatek et sa victime de la soirée, Naomi Osaka. Fallait-il rester pour la cérémonie de remise des trophées après cette finale mémorable ? Suivi d’un coup d’œil sur la date : 29 mai 2024. Dix jours trop tôt. Le match remporté par le Polonais en trois sets, après presque trois heures de jeu et de nombreux rebondissements, n’était qu’un vulgaire 2e tour de ce Roland-Garros. Comble de l’hérésie, le match n’était même pas programmé en soirée. Organisateurs ou diffuseurs, à qui la faute ? Tous deux devront répondre de leurs actes devant le tribunal populaire.

A un mois du début du tournoi, Amélie Mauresmo et Gilles Morretton ont promis, lors d’une conférence de presse, que les matchs du soir seraient programmés en fonction de l’intérêt sportif. « C’est l’athlète qui décidera de la programmation de la soirée. Si nous avons un grand match féminin nous le proposerons, si c’est un grand match masculin, ce sera un match masculin. » Avec tout l’amour que nous avons pour Richard Gasquet et le respect infini dû à Jannik Sinner, personne ne parviendra à nous faire croire que l’affrontement entre un génie du passé et la nouvelle terreur du circuit valait mieux que 4 Grands Chelems contre 4 Grands Chelems.

Le scénario inverse des deux rencontres – Richard n’a rien pu faire, comme prévu – n’a fait qu’empirer un constat établi la veille : si Swiatek vs Osaka n’est pas une night session, aucun match du tableau féminin ne le sera jamais. Il faut déjà être sûr que l’affiche en vaut la peine et qu’elle dure suffisamment longtemps pour valoir le prix payé par les spectateurs, auquel cas le tableau féminin aura mieux à proposer en première semaine pour un match en soirée, même si personne n’aurait pu prédire le niveau surréaliste à Osaka mercredi ?

Interrogée dans la journée à ce sujet, Ons Jabeur s’est lancée dans un exercice d’équilibriste qui a consisté à défendre les intérêts du tennis féminin tout en épargnant Mauresmo, qu’elle juge de bonne foi.

 » Je sais qu’Amélie fait de son mieux pour mettre le tennis féminin à l’honneur. J’aimerais en voir plus. J’aimerais aussi, par exemple, que le match Iga soit une session nocturne, mais bon… Je vais continuer à pousser dans ce sens, pour promouvoir le sport féminin et le tennis féminin en particulier. » »

Osaka est ironique, Swiatek s’en fiche

Naomi Osaka, de son côté, a joué la carte subtile de la fausse naïveté. « Je ne sais pas trop comment sont organisés les programmes ici, je ne sais pas trop si les matchs du soir sont en prime time. Nadal, en général, joue à ce moment-là, je pensais que c’était l’heure des favoris. Je ne sais pas. »

Iga Swiatek, quant à elle, ne se soucie pas de l’égalité des sexes dans le tennis et s’adapte avec bonheur au programme que les organisateurs lui ont réservé. « Le tournoi sait que je suis le genre de joueur qui aime jouer pendant la journée. (…) Donc je n’ai rien de négatif à dire là-dessus. Je n’ai pas grand chose à dire à ce sujet. Je ne termine pas mon match à minuit, je peux me coucher à une heure convenable, donc je suis plutôt content de ça. » Ce n’est pas Serena Williams qui veut.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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