Avec son tour du lac Léman à l’aveugle et en solitaire, Olivier Ducruix prouve que la voile est accessible à tous

Passionné de voile et aveugle, Olivier Ducruix a navigué autour du lac Léman en solitaire. Mêlant système D et moyens technologiques, le voyage s’inscrit dans le projet Cécvoile.#IlsOntLaSolution
Olivier Ducruix a gagné son pari : boucler le tour du lac Léman en trois jours, seul sur un dériveur adapté à son handicap. Gauche sur 24 marche de la base nautique de Scie-sur-Léman, près de Thonon en Haute-Savoie, il revient au point de départ le 26 Mars. trois jours avec 12 à 25 milles nautiques (22 à 45 km) par étape, soit 5 à 8 heures de navigation par jour.
Malgré le mauvais temps, le marin a pu effectuer Ce voyage baptisé Raid Liberté, du nom de bateau dériveur d’occasion, UN Hanse Liberty, support auto-redressant, spécialement adapté aux personnes handicapées.
GPS et ceinture vibrante
Olivier était bien seul sur son bateau, faisant lui-même les réglages. Autonomie rendue possible grâce à plusieurs outils techniques. Commencer avec Navigation SARA (pour Sail And Race Audioguide), une application de guide gratuite sur iPhone dédiée aux marins malvoyants. Après, une girouette tactile connectée en Bluetooth à une ceinture placée autour du ventre d’Olivier qui lui est signalée par vibration la direction du vent. Conçue et réalisée par Olivier et sa petite équipe, la girouette est encore au stade de prototype mais a fait ses preuves.
Cloche de chat !
Mais la technique ne fait pas tout. La voile est aussi une question de sensations et d’observation. Comment savoir si la voile se fane (qu’elle est dégonflée) quand on ne voit pas les témoins, ces petits bouts de laine installés sur le dessus de la voile qui oscillent et permettent de savoir comment le vent circule-t-il le long des voiles ? Là, c’est le système D qui a résolu le problème… avec une clochette fixée à la voile. « Quand la voile flotte un peu, la cloche s’active » explique Gilles Guyon, le directeur de la base nautique de Sciez.
Depuis un Zodiac, Gilles a suivi le raid nautique d’Olivier, restant en contact radio avec lui pour assurer sa sécurité, notamment face à risque de collision ou d’obstacles. « C’est le prochain défi et développement à venir » confirmé Marine Clogenson, ingénieur informaticien, « parce que pour le moment, ces outils n’existent pas ». C’est peut-être le dernier gros obstacle à franchir pour permettre aux non-voyants de vraiment naviguer en totale autonomie.
Attirer des sponsors
Le raid visait également à trouver de nouveaux sponsors pour financer des projets et notamment la ceinture vibrante utilisée par Olivier. Interrogé à ce sujet par le média Handirect, il confiait qu’au printemps, « 10 exemplaires seraient mis à la disposition des clubs qui accueillent déjà un public déficient visuel en France et en Suisse. Ensuite cette ceinture peut être acquise par des associations, des clubs ou des particuliers. Si nous parvenons à trouver suffisamment de soutien auprès des sponsors, nous pourrons peut-être le rendre disponible gratuitement. Sinon, il sera vendu au prix coûtant car il y a toujours un prix de fabrication, hors ingénierie et conception.
Le projet Cecivoile
Ce n’est pas un hasard si Olivier Ducruix s’est lancé dans ce Raid Liberty. En 2017, il est l’instigateur de la Projet Cecivoile avec UNADEV (Union Nationale des Aveugles et Malvoyants). Le but: développer la pratique de la voile pour les déficients visuels en prouvant au grand public comme aux clubs que cette pratique est possible malgré le handicap. En 2020, UNADEV a également signé une convention de partenariat avec la Fédération Française de Voile (FFV) afin de développer la voile à la main dans les bases nautiques de la FFV.
A noter : la base nautique de Sciez accueillera les championnats de France de voile handivalide en mai, pour le week-end de Pentecôte, du 26 au 29 mai, sur le lac Léman.
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