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Avec quatre médailles en une matinée, le triathlon français a fait souffler un vent de folie sur Paris

Lundi 2 septembre, vers 13 heures, personne n’aurait dit non à une aspirine sur le pont Alexandre-III. Rien à voir avec le soleil au zénith qui secouait Paris, ni avec une nuit arrosée la veille. Si les têtes se tournaient dans l’aire d’arrivée du paratriathlon, c’est que les spectateurs venaient d’avoir droit à un régal pour les yeux. Et pour cause : dès 8h15 et pendant cinq heures, pas moins de 11 paratriathlons se sont succédé, avec à la clé une flopée d’émotions françaises. Initialement prévues sur deux jours, les courses avaient été reprogrammées à dimanche, puis lundi, en raison de la qualité de l’eau de la Seine.

Ce qui a donné naissance à un programme très dense sur le pont Alexandre-III, au milieu duquel il n’était pas toujours simple de se repérer. Au petit matin, les catégories PTS2 ont ouvert le bal, en douceur. A cinq minutes d’intervalle, les hommes et les femmes s’élançaient, devant un public déjà nombreux. Si la tribune qui bordait la Seine était loin d’être pleine, les parties libres du parcours l’étaient : il fallait arriver tôt pour espérer s’adosser aux barrières, notamment au point stratégique entre le pont Alexandre-III et les Invalides.

Les deux premières courses de la journée, lancées à cinq minutes d’intervalle, ont permis aux participants de s’habituer aux « temps de compensation », ces départs différés en fonction du niveau de handicap des athlètes, les catégories paralympiques regroupant souvent plusieurs niveaux au sein d’une même course. Jusqu’ici, tout va bien. Mais une fois les courses en fauteuil terminées, une deuxième série de départs a eu lieu.

Entre 9h25 et 9h35, trois courses ont débuté : deux hommes et une femme. Ces chevauchements ont ensuite compliqué la lisibilité de la course, avec des pelotons rapidement mélangés sur un parcours assez court. A vrai dire, sans l’aide précieuse du chronométrage numérique, impossible de savoir qui menait quelle course, entre le mélange des paratriathlètes et les temps de compensation, alors que les différents pelotons se sont enflammés des Champs-Elysées jusqu’à l’Assemblée Nationale, en passant par le Pont Alexandre-III.

« Ce n’était pas toujours facile à suivre, a même admis Benjamin Maze, directeur technique national des Bleus, par la suite. Mais nous avons un personnel nombreux pour pouvoir fournir des informations tout au long du parcours à l’aide de panneaux, l’ambiance était tellement incroyable. » jeJournalistes, spectateurs, para-athlètes venus en amis… Tous étaient plus ou moins perdus dans ce joyeux fouillis. L’heure de la pause est arrivée, avec une fanfare venue du Sud-Ouest pour animer cette fois-ci les cinq premières courses et les six suivantes, programmées à partir de midi.

C’est là que les choses se sont un peu compliquées, avec six départs en l’espace de quarante-cinq minutes, ce qui est vite devenu vertigineux avec des paratriathlètes partout dans l’eau, sur le vélo et en train de courir. Même les speakerines n’arrivaient plus à suivre. Ce qui était d’autant plus frustrant pour le public français que les meilleures chances de médailles (Alexis Hanquinquant, Pierre-Antoine Baele, Thibaut Rigaudeau, Elise Marc…) étaient de la partie dans cette dernière salve de départs.

Les plus identifiables restent les tandems de Thibault Rigaudeau (guidé par Cyril Viennot) et Antoine Perel (guidé par Yohan Le Berre), récompensés par une médaille d’argent et une de bronze dans la course PTVI masculine.et pas dérangé par ce trafic digne d’un croisement sur la route des vacances. « « Sur certaines courses, on est vraiment gênés, mais là, c’était bien. On a fait comme s’ils n’étaient pas là », a-t-il ajouté. sourit Cyril Viennot, avant d’admettre « quelques dépassements à droite… »

Car si le public parisien – et une partie des adeptes – a découvert ce copieux programme, les paratriathlètes y sont habitués tout au long de l’année. « On fait généralement tout le temps en courant le même jour, et c’est beaucoup mieux. C’est génial de pouvoir profiter aussi des courses de nos amis, avant de faire la fête ensemble. »« C’est un moment très agréable, a expliqué Jules Ribstein, médaillé d’or dans la catégorie PTS2 le matin. Ce qui a changé, en revanche, pour les paratriathlètes, c’est l’ambiance.

« C’était fou, car beaucoup de gens qui étaient là dimanche ont dû partir pour le travail et la rentrée scolaire. Mais c’était bondé. »

Alexis Hanquinquant, champion paralympique

à franceinfo : sport

« C’est surtout le bruit qui a tout changé. On s’est donné un quart des communications qu’on s’échange normalement en course. »a expliqué Thibaut Rigaudeau. « Il y en avait partout, sur les ponts, dans les virages, sur les Champs… Ça m’a redonné de l’énergie, ça m’a remotivé, ça m’a vraiment boosté. Le parcours était magnifique. »a ajouté Louis Noël, arrivé quatrième du PTWC masculin, avant d’aller encourager ses compatriotes.

Venu en nombre et de plus en plus bruyant au fil de la journée, le public français a participé à la réussite sportive de l’équipe de France de paratriathlon. Car si la folie était dans les tribunes et sur le bitume, elle l’était aussi au niveau des résultats pour les Bleus, qui sont repartis avec quatre médailles. Un résultat certes loin du raz-de-marée espéré (puisque l’objectif affiché était de huit médailles), mais tout de même historique.

« On veut toujours faire mieux. Il y a des courses où on n’est pas loin, comme Louis Noël qui a fini 4èmereconnaît Benjamin Maze. En PTS4, nous sommes passés tout près d’un triplé historique. En PTS4 féminin aussi, nous avons terminé 4ème et 5ème. Nous allons prendre le temps de faire cette analyse, mais les résultats restent historiques. »

Malgré quelques regrets et de nombreuses quatrièmes places, la France conclut la journée avec deux médailles d’or pour Jules Ribstein (PTS2) et Alexis Hanquinquant (PTS4), l’argent avec le duo Thibaut Rigaudeau-Cyril Viennot (PTVI) et le bronze grâce à la paire Antoine Perel-Yohan Le Berre (PTVI).Nous avons montré que nous sommes une fédération complète, performante dans les compétitions olympiques et paralympiques », savourait Benjamin Maze, aussi heureux qu’après les médailles de Cassandre Beaugrand et Léo Bergère aux Jeux olympiques.

« Avec Alexis Hanquinquant, c’est la première fois que la France a un double médaillé d’or en triathlon aux Jeux. C’est historique, d’autant qu’il avait la pression d’avoir été porte-drapeau. »

Benjamin Maze, directeur sportif des Blues

à franceinfo : sport

A quelques mètres du patron de l’équipe française, la grande silhouette d’Alexis Hanquinquant slalome en zone mixte, affichant un sourire aussi radieux que le ciel parisien. En conservant son titre dans la catégorie PTS4, le Normand a le sentiment d’avoir accompli son devoir : « J’ai voulu donner l’exemple. J’espère qu’avec Jules, on va pousser nos collègues triathloniens et d’autres pour la suite des Jeux. J’espère qu’il y aura du monde au club France ce soir, parce qu’on va venir faire la fête. » Pour que la folie continue en dehors de la zone de compétition et emporte le public français un peu plus loin.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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