Changement d’échelle : la France compte désormais plus d’1 million de sites de production d’électricité sur son territoire, contre quelque 61 000 en 2010. La puissance totale du parc approche désormais les 150 gigawatts (GW), soit environ 26 de plus qu’il y a quatorze ans.
Cette réduction est principalement l’affaire du gestionnaire du réseau public de distribution, Enedis. La filiale à 100% du groupe public EDF s’occupe des lignes basse et moyenne tension, celles allant aux habitations. Concrètement, elle recense 1.026.854 sites de production connectés à son réseau sur l’ensemble du territoire, selon le décompte réalisé au troisième trimestre et communiqué le 23 octobre.
L’énergie solaire couvre déjà plus d’un million de sites à elle seule – dont plus de 617 000 en autoconsommation, c’est-à-dire pour les particuliers ou les entreprises disposant de leurs propres panneaux photovoltaïques. En termes de puissance, toujours à l’échelle d’Enedis, c’est plus équilibré : le solaire et l’éolien terrestre représentent désormais respectivement 20,5 GW et près de 19 GW ; contre 0,3 GW et 4,4 GW en 2010.
« Enedis s’apprête à gérer un système plus complexe, car plus décentralisé » déclaré Cédric Boissier, son directeur du projet « Accélération des énergies renouvelables ». Pour décarboner le pays d’ici le milieu du siècle, afin qu’il se débarrasse progressivement des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), l’entreprise prévoit un rythme d’au moins 5 GW d’électricité renouvelable de plus chaque année.
« Le risque est que l’autoconsommation individuelle conduise à des formes d’indifférence à l’égard de la solidarité offerte par le réseau électrique, de nombreux individus augmentant leur propre autonomie, estime Gilles Debizet, enseignant-chercheur en aménagement et transition à l’Université Grenoble-Alpes. D’où l’enjeu politique de développer également l’autoconsommation collective (impliquant plusieurs utilisateurs). »
De nouveaux défis
La profusion de petites installations a « nécessairement un impact sur les activités opérationnelles » d’Enedis, souligne M. Boissier. Avec « beaucoup plus de dossiers, nous devons adapter nos équipes et nos systèmes d’information »il continue. En février, l’entreprise de 40 000 salariés a annoncé 1 600 embauches en CDI pour l’année en cours, ainsi que 1 200 contrats en alternance.
Compte tenu de leur part dans l’électricité produite, le solaire (4,4 % en 2023) et l’éolien (10,3 %) posent déjà de nouveaux défis. Intermittentes en fonction du soleil ou du vent, leur électricité ne peut être stockée à grande échelle, contrairement à celle des grands barrages hydrauliques. « Il est également de plus en plus nécessaire désormais de faire en sorte que la consommation électrique corresponde aux périodes de production d’électricité renouvelable et bas carbone », résume Mathias Laffont, délégué général adjoint du Syndicat français de l’électricité. Quitte à déplacer volontairement une partie de la consommation pour y correspondre. »
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