« Nous lui avons volé dimanche après-midi, et ce n’est pas très chrétien. » « C’est une grande fête, … « Pourquoi pas en France ? »
Lorsqu’il prend enfin la parole, après avoir suivi les différentes interventions depuis le premier rang, le président français semble dans son élément. Il parle avec aisance, sans notes, s’adressant tour à tour aux chefs religieux ou à la foule nombreuse venue au Palais des Congrès pour réfléchir et débattre du thème. « Imaginez la paix ».
« Être imaginatif pour penser à la paix de demain »
Dans un contexte où « La guerre revient à un niveau sans précédent », Le président français a ainsi pris plaisir à relever le défi de« Imaginez la paix. » « Aujourd’hui, nous avons un immense besoin d’imagination. » a-t-il déclaré, appelant à une plus grande créativité face à la tentation de la nostalgie et de l’obsession identitaire – une « attitude de copiste » selon lui. Il a ensuite rappelé l’audace presque utopique des premiers pas de la construction européenne, à la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. « Il a fallu des gens imaginatifs pour penser à la paix européenne. Nous devons être suffisamment imaginatifs pour penser à la paix de demain. »
Son discours humaniste aux accents philosophiques prenait parfois une tournure plus politique. Evoquant la situation au Moyen-Orient, il exprimait le souhait qu’il y ait « un lieu, une terre, un état, une coexistence, la reconnaissance du droit de vivre en paix de chaque personne »Le président français a également plaidé pour « un nouvel ordre international » et invité à « Repenser notre relation avec la Russie » après la guerre en Ukraine, sans donner plus de détails. « J’y reviendrai cette semaine à l’ONU »il l’a promis, deux jours avant l’Assemblée générale des Nations Unies.
« Réhumaniser » la société avec les religions
Bien qu’il ait fait relativement peu référence aux religions, Emmanuel Macron a néanmoins salué leur « rôle fondamental » et très concret pour « réhumaniser » société, et a rappelé combien « La France est honorée de les aider, notamment au Moyen-Orient »Au pays de la laïcité, la simple participation du président de la République à un sommet interreligieux parle déjà d’elle-même.
« C’était difficile pour lui de faire plus » reconnaît Justin Welby, archevêque de Canterbury, un habitué de ces réunions et l’un des intervenants d’aujourd’hui. « En même temps, il est très rare aujourd’hui qu’un chef de gouvernement prononce un discours aussi philosophique », cite Ricœur. (philosophe français dont Emmanuel Macron fut brièvement l’assistant dans sa jeunesse, NDLR)sans notes » il a réagi à La Croix avec une pointe d’admiration. Un sentiment partagé par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, qui a déclaré « impressionné par la hauteur de la vue » de l’intervention présidentielle.
Représentants du monde religieux et culturel
Moins d’une heure plus tôt, le primat de la Communion anglicane avait prononcé un discours particulièrement animé, fustigeant à la fois « L’immense horreur du 7 octobre » et l’exacerbation de la haine qui a suivi la guerre contre la création « qui génère d’autres guerres »avant de proposer une puissante réflexion sur la prière.
Parmi les autres intervenants figuraient, outre les organisateurs, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, Anne Hidalgo, le grand rabbin de France Haïm Korsia, Lina Hassani – une réfugiée venue d’Afghanistan grâce à un programme humanitaire de Sant’Egidio –, un représentant de Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris et enfin Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Si la plupart des gens ont regardé avec douleur les conflits en cours, tout en exprimant leur espoir, certains ont également mis en garde contre de nouvelles menaces. Amin Maalouf, représentant le monde de la culture, a ainsi évoqué les possibilités « glissements technologiques »LE « Les effets du réchauffement climatique » et le « Une nouvelle course aux armements vient de commencer sous nos yeux ».
Paris, symbole de paix
Plusieurs intervenants ont également souligné l’importance symbolique de Paris comme ville hôte, particulièrement cette année. « Si nous sommes capables d’unir toutes les nations autour de l’idéal de l’Olympisme, de reconstruire des cathédrales, d’imaginer la paix doit être à notre portée » a noté Laurent Ulrich, faisant notamment référence à la réouverture de Notre-Dame prévue le 8 décembre.
Environ 5 000 personnes, dont plus de 1 500 jeunes venus de toute l’Europe, sont attendues au cours des trois jours. Au total, 21 forums rassembleront plus d’une centaine d’intervenants religieux, politiques et de la société civile autour de thématiques variées telles que l’Asie, la transition écologique, la démocratie, les migrations, l’intelligence artificielle ou encore la mondialisation. « Religions et résistance au mal ».
La rencontre se terminera mardi 24 septembre par une cérémonie sur le parvis de Notre-Dame avec divers gestes de paix et la lecture d’un message du pape François.
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