On décrit souvent une Europe paralysée par un Donald Trump pas encore au pouvoir. L’est-elle vraiment ? Force est de constater que certains de ses dirigeants, dont le nouveau secrétaire général de l’OTAN, le Néerlandais Mark Rutte, ne manquent pas d’idées pour soutenir les exigences pressantes du président élu américain.
Le chef de l’Alliance atlantique a ainsi proposé lundi devant le Parlement européen de réduire les budgets sociaux afin d’accélérer les efforts de militarisation du continent.
Augmentation des dépenses de défense
« En moyenne, les pays européens consacrent facilement jusqu’à un quart de leur revenu national aux systèmes de retraite, de santé et de sécurité sociale, et nous n’avons besoin que d’une petite fraction de cet argent pour renforcer la défense »affirme Mark Rutte, soulignant que la course aux armements et l’envoi toujours croissant d’armes à l’Ukraine en guerre exigeraient des sacrifices de la part des citoyens.
Peu importe que les 27, dont la plupart sont membres de l’Otan, se soient déjà alignés sur les ultimatums de Donald Trump. Lors de son dernier mandat, il leur a ordonné de consacrer au moins 2 % puis 4 % de leur PIB à la défense.
24 des 32 membres de l’alliance militaire atteignent désormais ce seuil, voire le dépassent, comme c’est le cas de la Pologne, qui entend atteindre 4,7% cette année. Trop peu pour le futur locataire de la Maison Blanche qui a demandé la semaine dernière de stabiliser ce budget autour de 5% quand les Etats-Unis y consacrent 3,3% de leur PIB.
« Pour être honnête, 2 % ne suffisent pas pour rester en sécurité dans les années à venir. En tant que parlementaires, vous savez bien que la sécurité n’est pas gratuite”soutient Mark Rutte dans le but d’augmenter les achats groupés.
Trop de sacrifices pour Berlin
Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont déjà rejeté cette proposition, estimant que cet effort était irréalisable. « Cela ne serait possible qu’avec des augmentations massives d’impôts ou des réductions massives dans de nombreux domaines qui sont importants pour nous »» s’est opposé le chancelier sortant Olaf Scholz. A cet égard, qu’arriverait-il à certaines grandes économies des Vingt-Sept, comme l’Espagne, la Belgique ou l’Italie, qui peinent déjà à atteindre les 2 % ?
Conformément aux exigences de sa fonction, Mark Rutte continue de lier le destin de l’UE à celui de l’OTAN et estime « illusoire » imaginer les 27 faire cavalier seul en matière de défense. Y compris dans les objectifs de production pour lesquels la France réclame une autonomie stratégique aux contours encore flous : « L’implication des alliés non membres de l’UE dans les efforts industriels de défense de l’UE est, à mon avis, vitale pour la sécurité de l’Europe »explique Mark Rutte.
Les dirigeants de l’UE, du Royaume-Uni et de l’Otan se retrouveront le 3 février en Belgique pour une réunion exceptionnelle consacrée à la défense européenne, a annoncé le président du Conseil européen António Costa. Une rencontre qui s’annonce tout aussi tendue que le prochain sommet de l’Otan en juin prochain à La Haye.
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