Divertissement

Avec le cinéaste Todd Phillips, l’art de la comédie noire

Todd Phillips à Londres, le 26 septembre 2024.

On ne rencontre pas beaucoup de revers de carrière comme le sien. Avec le succès irrésistible de Joker en 2019, la planète cinéphile a dû compter avec le nom de Todd Phillips, son réalisateur, que personne n’attendait dans le cadre d’une franchise super-héroïque. Encore moins dans la relecture adulte, sombre et plus réaliste du genre que Warner, propriétaire du catalogue DC Comics, a tenté d’opposer au multivers Marvel. Avant Jokerle réalisateur, né Todd Bunzl en 1970 à New York dans un foyer juif de classe moyenne, était surtout connu pour ses comédies « grasses », dont la trilogie Très mauvais voyage (2009-2013), dont le registre potache n’est plus tellement en odeur de sainteté à Hollywood. Todd Phillips rit de la dichotomie : «Je ne vois pas une grande différence. (entre avant et après Joker)Franchement. Si tu regardes attentivement Très mauvais voyagec’était déjà une comédie noire. »

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Je suis venu à Londres pour promouvoir Joker : la folie à deuxTodd Phillips apparaît tout sourire, déjà en place dans la fenêtre de visioconférence, sur un fond monochrome affichant le titre en grosses lettres. On s’interroge sur le choix de l’expression « folie à deux » – en français dans le texte – empruntée à la psychiatrie du XIXe siècle.e siècle. « Avec Scott Silver, le scénariste avec qui je travaille, nous avons commencé à écrire le film sans idée d’un autre titre que « Joker 2 ». En faisant des recherches, nous sommes tombés sur ce concept qui désigne un délire partagé. Le côté français ajoute une touche romantique. » A la descente aux enfers d’Arthur Fleck, version Joker de Joaquin Phoenix (misérable, schizo et décharné), s’ajoute un duo amoureux avec un chanteur de la pègre, Lee, incarné par Lady Gaga.

Si le film précédent s’inspirait largement des années 1970 (Chauffeur de taxi Et La valse des marionnettespar Martin Scorsese), que Phillips dit avoir visé « le grain réaliste »il remonte aux années 1950 et 1960, prenant la forme d’une comédie musicale. Les chansons, un medley de standards des années 1960 (« Chansons que la mère d’Arthur écoutait quand il était enfant »), Phillips a insisté pour que les acteurs les jouent en direct sur le plateau. « Ça n’a pas le même impact d’entendre Joaquin Phoenix chanter Pour une fois dans ma vie à la place de Frank Sinatrail explique. Du coup, on croit vraiment à la vérité émotionnelle de la chanson. On ne ressent pas forcément ça avec Sinatra, même si Sinatra est un bien meilleur chanteur ! »

« Corruption du divertissement »

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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