Avec la relance du nucléaire, le dimensionnement de la déchetterie Cigéo en question
Les annonces de nouvelles constructions de réacteurs nucléaires, si elles se concrétisent, auront des conséquences à long terme. Où et dans quelles conditions seront stockés les déchets radioactifs qu’ils produisent ? Dans un avis publié lundi 10 juin, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) soulève la question du dimensionnement du centre de stockage Cigéo, en lien avec les choix de politique énergétique.
A Bure, à cheval sur les départements de la Meuse et de la Haute-Marne, les déchets dits nucléaires doivent être enfouis sous 500 mètres de roches argileuses. « activité moyenne et élevée avec une longue durée de vie », ou le plus dangereux. La demande d’autorisation pour créer Cigéo a été déposée début 2023 par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), ouvrant la voie à une phase d’examen technique.
Dans ce contexte, l’Andra doit réaliser une démonstration de sûreté pour un inventaire dit de référence : les déchets générés par les réacteurs du parc actuel fonctionnant jusqu’à 50 ans et par l’EPR de Flamanville (Manche), où s’effectue le chargement du combustible – environ 10 000 m3 déchets de haute activité.
Caractéristiques géologiques
Mais ces dernières années, la politique énergétique a considérablement évolué. En 2022, le président Emmanuel Macron a annoncé une relance de l’atome avec la construction d’au moins six réacteurs de type EPR, voire jusqu’à quatorze. En janvier, il semblait confirmer que la construction de huit réacteurs supplémentaires serait lancée même si le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’était montré plus mesuré sur cette perspective le 5 juin devant une commission d’enquête sénatoriale. Le parc doit également être prolongé, autant que possible, jusqu’à soixante ans. Le Rassemblement national, arrivé en tête du vote européen, a même proposé, lors de la présidentielle de 2022, la construction de 20 EPR.
L’Andra a défini des stocks dits de réserve, selon plusieurs scénarios. L’un d’eux prend en compte la décision du gouvernement de construire six EPR supplémentaires à Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain).
L’IRSN a étudié leurs conséquences en termes d’étendue du site de stockage : cela pourrait « dépasser les limites actuelles de la zone d’implantation des ouvrages souterrains de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres », il écrit. Rien n’interdit cependant que les déchets de six EPR supplémentaires soient correctement stockés chez Cigéo : la zone concernée reste dans une zone de 250 km2 identifié pour ses caractéristiques géologiques favorables à l’inhumation.
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