Avec la priorité sur les F-16, la Suède suspend son projet de fournir des avions de combat Gripen à l’Ukraine

Selon les propos tenus par Roustem Oumerov, le ministre ukrainien de la Défense, à l’agence Reuters, Kiev devrait recevoir « très prochainement » les premiers chasseurs-bombardiers F-16 qui lui ont été promis par les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège.

Toutefois, le nombre d’appareils qui lui seront livrés (65 pour le moment, ndlr) risque d’être encore insuffisant. C’est en tout cas ce qu’estimait récemment Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, dans un entretien à l’AFP le 18 mai. Selon lui, l’Ukraine aurait besoin de « 120 à 130 » F-16 pour espérer défier la supériorité aérienne russe.

Seuls les pays qui sont en train de remplacer leurs F-16 par de nouveaux avions de combat (des F-35A en l’occurrence) sont susceptibles de répondre au besoin exprimé par Kiev. La Belgique est dans ce cas.

Pourtant, en septembre 2023, un responsable belge de la Défense a catégoriquement exclu le transfert de F-16 vers l’Ukraine. « Nous aimerions pouvoir le faire mais nos avions ont tout simplement trop d’heures de vol. Nous ne pouvons pas envoyer en Ukraine des appareils que nous ne pouvons plus utiliser nous-mêmes », a-t-il déclaré. Et d’insister : « Personne ne prendra la décision politique » de livrer des équipements « dont la carrosserie présente des fissures ».

Pourtant, ce « risque politique », le Premier ministre belge, Alexander De Croo, l’a pris… en ouvrant la voie à un éventuel transfert des F-16 à partir de 2025. « Cela dépendra de la position du gouvernement (belge, ndlr). ) qui sera en place à ce moment-là», avait-il toutefois précisé en octobre dernier.

Plus de six mois plus tard, la position du gouvernement belge a encore évolué. Ce 28 mai, recevant M. Zelensky à Bruxelles, M. De Croo s’est engagé à livrer 30 F-16 à l’Ukraine d’ici… 2028, les premiers à être remis à l’armée de l’air ukrainienne d’ici la fin de cette année.

Ce retard s’explique par au moins deux facteurs : la mise en service des 34 F-35A destinés à la Composante « Air » de la Défense belge et la fourniture de pièces de rechange pour réhabiliter les F-16 potentiellement destinés à l’Ukraine. D’autres paramètres qui doivent également être pris en compte concernent la logistique, les infrastructures nécessaires à la mise en œuvre de ces avions, le recrutement et la formation des pilotes et techniciens ukrainiens.

D’où d’ailleurs la décision annoncée par Pål Jonson, le ministre suédois de la Défense, le 28 mai.

En août 2023, M. Zelensky a évoqué des discussions concernant un éventuel transfert d’avions de combat Gripen C/D vers l’Ukraine. D’ailleurs, des pilotes ukrainiens venaient d’avoir l’occasion de tester ce type d’avion en Suède.

Pour l’armée de l’air ukrainienne, le Gripen C/D est le chasseur-bombardier presque idéal : sa dépendance aux bases aériennes étant réduite, il peut être facilement déployé depuis une autoroute tandis que sa maintenance a été simplifiée au maximum. . De plus, il dispose d’une suite de guerre électronique très performante et peut transporter des missiles air-air Meteor à très longue portée.

Cependant, la primauté accordée au F-16 a conduit Stockholm à suspendre son projet de vente de Gripen C/D à l’Ukraine. Cependant, cette décision n’a pas été prise directement par le gouvernement suédois… mais fortement suggérée par les autres partenaires occidentaux de Kiev.

« Les autres pays qui font partie de la coalition (F-16 pour l’Ukraine) nous ont exhortés à attendre avec le Gripen », a déclaré M. Jonson à l’agence de presse TT, après avoir évoqué des « discussions intensives » avec ce dernier. « Nos partenaires soulignent que la mise en place simultanée de deux systèmes de combat aérien est très complexe et qu’il faut désormais se concentrer sur l’entrée en service du F-16 au sein de l’armée de l’air ukrainienne », a-t-il précisé. il explique.

La décision suédoise mettra sans aucun doute un terme définitif aux récentes rumeurs concernant le transfert du Mirage 2000D vers l’Ukraine. Une rumeur qu’a également entretenue l’état-major ukrainien, ayant évoqué cette possibilité à plusieurs reprises au début de cette année.