L’une de ses collègues se sent également soulagée. « Les Charrues, ça porte tout le pays. Et puis, c’est l’occasion pour nous de pouvoir assister à des concerts sans avoir à se déplacer à Rennes, Nantes ou Paris. »
« J’envisageais de chercher du travail ailleurs »
Même son de cloche chez un technicien qui travaille aux Charrues depuis de nombreuses années. « Renoncer au festival aurait eu des conséquences désastreuses pour le Centre-Bretagne. Carhaix doit sa renommée aux Charrues. La ville serait tombée en léthargie. Il faut aussi penser à toutes ces associations qui gravitent autour de l’événement et qui lui tendent la main en échange d’argent. Cela aurait été un manque à gagner énorme pour elles. Bon, je vais reprendre le travail. Le cœur un peu plus léger », conclut cet homme qui habite à Carhaix. Travailleur à temps partiel dans le secteur du spectacle, il souligne l’impact sur son activité. « Pour toucher un temps partiel, il faut travailler 507 heures. Les Charrues, pour moi, c’est 50 heures de travail. Mais je connais des gens sur le site qui travaillent 150 heures. Ils étaient inquiets. »
De son côté, un régisseur voit les nuages noirs qui planaient sur son activité se dissiper. « Je viens d’Angers. Je travaille ici pendant cinq semaines. Je prenais un gros risque avec la fin du festival. Pendant la période d’incertitude que nous venons de vivre, j’ai pensé à trouver du travail ailleurs, l’année prochaine, à la même période. Et je ne suis pas le seul. »
Pour un autre technicien, lui aussi un habitué, quitter le site aurait posé pas mal de problèmes. « On s’améliore à Kerampuilh depuis des années. Les festivaliers et les artistes en profitent. Tout effacer aurait été stupide. Et investir dans un autre site aurait été vraiment difficile. »
Un lien émotionnel très fort
Les bénévoles, qui habitent souvent le coin, soulignent tous leur attachement au festival. « L’autre jour, j’ai regardé un reportage sur une famille qui vient ici en nombre. Les Charrues, c’est leurs vacances. Ils occupent à eux seuls un quart du camping municipal. C’est pour eux que je travaille aujourd’hui. Le festival est une grande fête à laquelle participent toutes les générations. »
Tous acceptent volontiers de parler, mais sous le sceau de l’anonymat. Comme si s’exprimer librement pouvait leur attirer des ennuis. « On sait que l’ambiance est très tendue entre Troadec et les organisateurs, conclut ce quinquagénaire. Les égos jouent un rôle majeur dans cette histoire. Il est grand temps de les dégonfler. »
Le mot de la fin revient à ce pur Carhaisien. « Je pense que beaucoup de gens ici ont le sentiment d’avoir perdu le contrôle du festival. Car, au fil des années, les organisateurs se sont entourés de gens venus d’ailleurs. En mettant de côté les locaux. Le sentiment d’être dépossédé de quelque chose ne fonctionne pas ici. »