« Votre vision de la sexualité est dépassée »dit le personnage de Harris Dickinson à celui d’Antonio Banderas dans Petite filleen salles depuis le 15 janvier. Issus de générations différentes, les deux hommes sont en rivalité pour la même femme : Romy, interprétée par Nicole Kidman. Cette puissante PDG, mère de deux enfants, mène une existence méticuleuse et en apparence parfaite. Mais elle devient sexuellement frustrée dans son mariage et développe une relation de plus en plus dangereuse avec son jeune stagiaire.
Après son apogée dans les années 1980 et 1990, le film érotique voit peu à peu sa popularité décliner, malgré quelques résurgences modernes comme la saga Cinquante nuances de Greyou plus récemment Eaux profondes d’Adrian Lyne avec Ana de Armas et Ben Affleck. Mais, tandis que les histoires féminines se multiplient à l’écran, des films érotiques d’un genre nouveau font également leur apparition.
En quelques mois seulement, deux excellents vins sont sortis sur nos écrans : Emmanuelle d’Audrey Diwan, réinterprétation féministe et cérébrale du roman sulfureux, et Petite fille de Halina Reijn, primé à la Mostra de Venise 2024. Deux projets écrits et réalisés par des femmes, qui proposent un regard différent sur les jeux de pouvoir et l’imaginaire érotique.
Contrairement à de nombreux films du genre, Emmanuelle Et Petite fille s’intéressent avant tout au désir féminin. Dans les deux films, les héroïnes sont des femmes multidimensionnelles, autonomes, compétentes et frustrées dans leur sexualité – l’une parce qu’elle n’arrive pas à jouir, l’autre parce qu’elle n’ose pas assumer ses fantasmes. . Rencontrée à Paris, Halina Reijn estime que« C’est quand même subversif de faire des films sur la sexualité féminine, même si ça ne devrait pas l’être ».
Avant de se lancer dans la réalisation, cette Néerlandaise a débuté sa carrière de comédienne… Notamment aux côtés d’un certain Paul Verhoeven, réalisateur d’un des thrillers érotiques les plus emblématiques, Instinct de base. Avec Petite filleelle souhaitait offrir une touche féministe et personnelle aux classiques qui l’avaient inspirée. « Quand j’étais jeune, j’étais fan de tous ces thrillers érotiques comme 9 ½ semaines Et Proposition indécente, explique le cinéaste. J’étais aux prises avec mes propres fantasmes honteux et ces films sombres et tabous me faisaient me sentir moins seule. Mais en fin de compte, la femme était toujours punie ou carrément tuée.
Lorsqu’elle a décidé de réaliser son propre long métrage, Halina Reijn s’est promis de traiter ses personnages différemment. « Je voulais m’amuser avec les clichés du genre, tout en permettant à mes personnages de survivre (rires). Je voulais aussi qu’ils soient tous ambigus, imparfaits, pour qu’il n’y en ait pas un qui ait raison et un autre qui ait tort.
Sur la surface, Petite fille prend ainsi une structure conventionnelle. Aucun rebondissement ne surprendra le public, du jeu de séduction au passage à l’acte en passant par les inévitables complications ou encore la résolution. Mais son intérêt réside dans les fines nuances de ses personnages, et notamment leurs différences générationnelles.
A travers chaque protagoniste, le film croise différentes visions du sexe, de l’amour, du pouvoir, ou encore de ce qui constitue un bon divertissement. La réalisatrice a voulu explorer ses propres idées préconçues : « En tant que dinosaure de 49 ans, je suis un pur produit de mon époque. J’ai grandi avec des réalisateurs très dominants, des rôles où ils ne me laissaient pas parler, et maintenant je suis confronté à toutes ces nouvelles idées sur le pouvoir et le sexe… »
Le film, qui refuse de proposer des réponses simplistes, a l’intelligence de ne placer aucun personnage en supériorité morale ou émotionnelle. Le mari aimant, interprété par Antonio Banderas, reste néanmoins aveugle aux signaux de sa femme, et se montre parfois insistant. Samuel, le jeune stagiaire, peut paraître détaché, mais cela ne l’empêche pas de se remettre en question et d’avoir ses propres limites.
Comme Emmanuelle il y a quelques mois, Petite fille intègre également la notion de consentement, question essentielle dans la sexualité moderne. « Je m’intéresse beaucoup aux jeunes générations et à leur vision du corps, de la sexualité, des fantasmes… J’ai voulu montrer les différentes visions qu’on peut avoir de ces notions selon les âges. Et, en étant réaliste, un jeune homme d’aujourd’hui, du moins un homme bien (rires), peut se montrer dominant tout en demandant le consentement de sa partenaire.»
Ce que proposent ces films, c’est aussi un autre regard – littéralement – sur l’érotisme. Dans Emmanuellele désir vient souvent des mots, ou d’un simple échange de cigarettes. Elle s’exprime à travers les costumes et les décors, et se déploie parfois dans des scènes où les personnages ne sont pas physiquement ensemble. Idem dans Petite fille. « J’aime la sexualité et l’érotisme, mais pour moi, cela passe surtout par l’imaginaire »analyse Halina Reijn.
Le réalisateur prend comme exemple une scène où Samuel commande un verre de lait pour Romy dans un bar. Assise à l’autre bout de la pièce, cette dernière boit le verre d’un seul coup tout en fixant son stagiaire. Malgré l’absence de contact physique entre les deux personnages, l’érotisme de la situation est palpable. «Je pense que beaucoup de femmes ne s’intéressent pas forcément à l’aspect purement graphique et frontal du sexe, mais aussi à la sensualité de l’histoire, qui peut être tout aussi choquante et provocante, en fait. C’est juste une expérience différente.
Lorsqu’il y a lien, là encore, l’imaginaire prime sur l’explicite. Dans l’une des scènes de sexe les plus mémorables de Petite fillela caméra reste fixée sur le visage de Nicole Kidman, sans qu’on sache exactement ce que Samuel lui fait. La durée de ce long plan séquence, qui se termine par un cri guttural de la comédienne, n’est pas anodine. « Je ne suis pas une personne rapide, rit Halina Reijn. En moyenne, les femmes mettent littéralement dix-huit minutes pour jouir, j’ai donc voulu ramener cette notion de temps dans l’histoire.
Le réalisateur voulait créer une scène « honnête »dans lequel le public féminin, plus habitué aux orgasmes cinématographiques atteints en vingt secondes, se reconnaîtrait. « J’ai voulu communiquer la différence entre un orgasme performatif, dont on doit plaire à l’homme et lui faire se sentir désiré, et un orgasme qui dépasse le fantasme, plus animal, où on ne contrôle plus rien. »
Comme Audrey Diwan lors de la sortie deEmmanuelleHalina Reijn est consciente que certains de ses choix esthétiques mettront mal à l’aise le spectateur, habitué à une vision plus graphique, plus masculine et hétéronormative du sexe à l’écran. Mais elle salue l’apparition de la multiplication de nouvelles propositions, citant également Bizarre Et Challengers de Luca Guadagnino. « Je pense que les films érotiques font définitivement leur grand retour, et je suis très enthousiasmé par le fait que des histoires de femmes comme Le fond prendre plus de place au cinéma, dit la cinéaste, qui dit aussi qu’elle a hâte de rattraper son retard Emmanuelle. Nous pouvons enfin disposer d’un peu plus d’espace, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
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