avec Anne Genetet, l’Éducation nationale confiée à un macroniste sans expérience sur ces questions
Députée des Français établis hors de France, l’élue macroniste s’était spécialisée dans les questions de défense et de diplomatie à l’Assemblée nationale. Dès sa nomination, samedi soir, les syndicats enseignants ont dénoncé son illégitimité.
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Son nom n’est pas celui qui a le plus retenu l’attention lorsque Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, a annoncé la composition du nouveau gouvernement, samedi 21 septembre en fin de journée. Mais il n’en est pas moins marquant, compte tenu de son profil et du portefeuille dont elle a la charge : la députée d’Ensemble pour la République (EPR) Anne Genetet a été nommée ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Michel Barnier, en remplacement de Nicole Belloubet.
Jusqu’à sa nomination surprise, cette élue du camp présidentiel était surtout connue pour son travail sur la défense et la diplomatie. Après son élection dans la 11e circonscription des Français établis hors de France en 2017, elle rejoint la commission des Affaires étrangères puis la commission de la Défense nationale et des Forces armées, dès sa réélection en 2022. Des élections législatives de 2022 à la dissolution de juin 2024, elle est secrétaire de cette commission.
En 2022, Anne Genetet avait pourtant abordé indirectement la question éducative, en étant rapporteure à l’Assemblée nationale de la proposition de loi « visant à développer la gouvernance de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et à créer des instituts de formation régionaux ». « Je n’avais pas l’impression qu’elle était passionnée par le fonctionnement de notre système éducatif. »Anna Pic, députée PS et membre de la commission de la Défense, l’a déclaré à l’AFP après sa nomination.
Les syndicats enseignants n’ont pas tardé à tourner en dérision son arrivée à la tête d’un ministère exposé, qui connaît une certaine forme d’instabilité depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, avec un quatrième ministre en moins de trente mois. « ne sait pas grand-chose, directement ou indirectement, sur l’école et le système éducatifjugé sur franceinfo Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. Cela nous inquiète beaucoup. » Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU (syndicat le plus représentatif de l’enseignement secondaire), « Il n’y a aucun point positif dans ce profil, cela ressemble à une erreur de casting au vu des enjeux pour l’école ».
« On nous donne quelqu’un qui ne connaît absolument rien à l’Éducation nationale, qui est clairement là parce qu’il y a eu une forme de malversation politique. »
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSUà franceinfo
Dans « colère »Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, a déploré auprès de l’AFP la nomination d’un « un clone de Gabriel Attal pour poursuivre la politique initiée » et qui déplaît aux syndicats enseignants.
Dès sa nomination samedi soir, la nouvelle ministre a tenté de justifier sa nomination à l’Éducation nationale, qui « fait partie du domaine privé du président »comme l’a déclaré Emmanuel Macron à l’été 2023. « Je suis une fille d’école publique, de bout en bout, du lycée à l’université. »« Nous sommes très loin de la réalité », a souligné Anne Genetet auprès de l’AFP, comme pour contraster avec Amélie Oudéa-Castéra, qui a dû quitter la rue de Grenelle en février 2024 en raison d’une polémique sur l’enseignement privé que recevaient ses enfants. « Je n’ai rien demandé et je n’ai pas envoyé de CV »elle s’est défendue, soulignant un engagement envers « la transmission du savoir » dans sa carrière.
Immédiatement mis sous pression, ce « médecin, travailleur indépendant et blogueur », comme mentionnéa son site Internet ouvert jusqu’à dimanche matin, doit aborder de nombreux sujets, de la rémunération des enseignants à l’étiquetage des manuels scolaires, en passant par la question des uniformes dans les écoles et le sujet de la diversité scolaire. « Je souhaite travailler sur la dévalorisation du métier et la solitude des enseignants, ainsi que sur la nécessité de la formation continuea détaillé le parlementaire de 61 ans. Je suis bien conscient de tout cela.
Vice-présidente du groupe parlementaire dirigé par Gabriel Attal, Anne Genetet s’était montrée circonspecte quant à l’arrivée au gouvernement d’élus des Républicains, finalement au nombre de dix. Elle avait appelé sur BFMTV, vendredi matin, à une « grande vigilance » face à la probable nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. « Quand je vois les positions que M. Retailleau a prises par le passé, (…) j’espère vraiment qu’il mettra en œuvre la politique de Michel Barnier et non la sienne. »
« Pas d’accord »elle s’était également opposée aux rumeurs qui faisaient de Laurence Garnier la nouvelle ministre de la Famille. « Cette politique gouvernementale envoie un signal terrible sur le concept de famille. Elle va à l’encontre de tout ce que les Français ont soutenu, voté et soutenu depuis de nombreuses années. »avait critiqué Anne Genetet sur la chaîne d’information. Pointée du doigt pour ses positions conservatrices anti-mariage gay, Laurence Garnier n’occupera pas le ministère de la Famille mais rejoindra néanmoins le gouvernement, au portefeuille de la Consommation.
Au ministère de l’Education, Anne Genetet devra composer avec Alexandre Portier, en charge de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel. L’élu LR, conservateur et proche de Laurent Wauquiez, a défendu à plusieurs reprises l’enseignement privé et critiqué la politique de Pap Ndiaye, qui occupera ce poste de mai 2022 à juillet 2023. « L’école est aujourd’hui présentée comme un lieu qui institutionnalise la discrimination et qu’il faudrait donc transformer pour y répondre. Or, tout analyser en termes de domination est un trait caractéristique du wokisme. »il avait critiqué dans Le JDDen juin 2023. Au gouvernement, la collaboration entre Renaissance et LR sur les questions éducatives s’annonce complexe.
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