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Avec Abidjan Fashion Week, la mode ivoirienne veut retrouver sa « lettre de noblesse »

Avec Abidjan Fashion Week, la mode ivoirienne veut retrouver sa « lettre de noblesse »
Olivia Yacé, Miss Côte d'Ivoire 2021, défile dans une robe signée Elie Kuame lors de la Fashion Week d'Abidjan, samedi 12 octobre 2024, à la Fondation Donwahi.

Il était temps qu’Abidjan ait le sien semaine de la mode. Dakar a créé le sien en 2004, Lagos en a un depuis 2011 et Bamako depuis 2015. Pour cette première édition ivoirienne, un nom de la mode abidjanaise devait s’impliquer : Elie Kuame, créateur de mode et directeur artistique de la maison du même nom. Après plusieurs reports depuis 2023, lui et son équipe de 200 personnes ont réussi à monter un événement sur quatre jours, du jeudi 10 au dimanche 13 octobre, avec un concours pour jeunes talents et une vingtaine de défilés.

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Malgré les contraintes financières, le budget de cette première édition est modeste : 316 millions de francs CFA (environ 482 000 euros). Un tiers est financé par la vente des billets, le reste par des sponsors privés et le ministère ivoirien de la Culture. « Nous voulions créer quelque chose de professionnel, d’ambitieux mais maîtrisé « , résume Elie Kuame, le front entouré de son habituel bandeau tressé.

La première Fashion Week d’Abidjan a été flamboyante. Après une soirée d’inauguration à la très chic boutique Aby Concept, dans le non moins chic Ivoire Trade Center qui jouxte le célèbre hôtel du même nom, les défilés de mode de vendredi et samedi étaient organisés à la galerie d’art de la fondation Donwahi. En coulisses, les vêtements accrochés ou jetés à la hâte sur les portants offraient un contraste explosif avec les œuvres du sculpteur Jems Koko Bi.

Un élitisme assumé

Malgré un retard de deux heures – habituel pour tout grand événement à Abidjan – le concours Jeunes Talents a permis vendredi à sept « jeunes » stylistes – certains d’un âge respectable mais encore en début de carrière – de présenter leurs collections. Une sélection hétéroclite mais de qualité : des blazers ornés de symboles Akan peints en blanc pour Magic Hands, fusion « asiatique-afro » pour Libali, des robes brodées à la main pour Lewa…

Finalement, c’est le duo ivoirien de la Maison Kanty’s qui a remporté le prix Marie-Thérèse-Houphouët-Boigny, du nom de l’ancienne première dame. Le jury, qui comprenait notamment Olivia Yacé, Miss Côte d’Ivoire 2021, dans une robe bleu pâle magique, a été séduit par sa collection de robes blanches tressées et frangées.

Mais l’attention était réservée au samedi soir, lorsque des centaines de spectateurs se sont rendus dans le jardin de la fondation. Étaient notamment présents la femme d’affaires Gabrielle Lemaire, compagne du footballeur Didier Drogba, deux reines de beauté nationales et toute la famille Yacé – Jean-Marc, le père d’Olivia, étant maire de la commune de Cocody et partenaire de l’événement. La haute société abidjanaise était également présente, toutes vêtues de tenues de créateurs et de bijoux de luxe.

Parce que l’événement assume son élitisme, le prix des places oscille entre 60 000 francs CFA (91 euros) pour le seul brunch dominical à Assinie, station balnéaire à l’est d’Abidjan, et 250 000 francs CFA pour le forfait luxe incluant l’accès au concours Jeunes Talents. , une place au premier rang du défilé de mode et l’entrée à l’after-party. Pour rafraîchir les spectateurs, la seule alternative à l’eau minérale était le champagne à 10 000 francs CFA le verre, Moët & Chandon étant le partenaire officiel de l’événement.

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Tous les invités ont semblé repartir ravis, quelle que soit l’organisation des retards et certaines longueurs de cette première édition, éclipsés par la beauté du spectacle. Un tiers des créateurs sélectionnés étaient issus de la sous-région : Talansi de la République du Congo (RDC) avec ses majestueuses tenues en raphia, Teed du Bénin, February by Serwaa du Ghana et son compatriote Kwaku Bediako, qui travaille avec des sacs de cacao en toile de jute. , Emmy Kasbit du Nigéria avec ses costumes « urban chic » et l’incontournable Adama Paris, créatrice de la Fashion Week de Dakar.

Dentelle et coquillages

La douzaine de créateurs ivoiriens n’ont pas été en reste, notamment la sublime collection d’Ibrahim Fernandez, toute en dentelle noire et coquillages blancs, la ligne de jupes longues pour homme de Rodrigue Tchatcho inspirée d’une tenue traditionnelle camerounaise, la sandja, et des tenues sportswear chic. du MICI. « On a vu beaucoup de créateurs africains qui nous montraient de belles choses, s’est réjoui Jean-Marc Yacé pendant l’entracte. Nous espérons que ce succès se répétera pendant plusieurs années et nous les soutiendrons autant que possible. »

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Forcément, c’est la maison Elie Kuame qui a clôturé le défilé, commençant son défilé avec une longue robe jaune portée par Olivia Yacé et se terminant par une robe de mariée blanche en mousseline vaporeuse, si moulante que le mannequin devait faire de petits pas. Le père de la Fashion Week d’Abidjan, visiblement ému, a été célébré sous de vifs applaudissements, avant que les créateurs en liesse ne reviennent sur scène pour un dernier salut.

«C’était vraiment la crème de la crèmea accueilli, au milieu de l’effervescence, Adriana Talansi, créatrice de la marque du même nom. On a ressenti l’ambiance des coulisses, l’enthousiasme du public… Les modèles étaient motivés, c’était magnifique. J’ai déjà fait les fashion week à Londres, Lagos, Dakar… mais celle-ci est vraiment ma préférée ! »

Pari réussi donc pour cet événement dont l’une des ambitions premières était de « créer un écosystème haute couture », selon Elie Kuame, en permettant à de jeunes talents de rencontrer des professionnels du secteur. « Il faut aider les jeunes maisons de couture à sortir de leurs ateliers, il a dit. Donnez-leur des outils de marketing, de communication et d’entrepreneuriat… »

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L’autre objectif était de «  retrouver nos lettres de noblesse »souligne Elie Kuame : « Abidjan était la capitale de la mode en Afrique de l’Ouest entre les années 1960 et 1990. Mais nous avons perdu cette position et nous nous sommes repliés sur nous-mêmes. Mais la mode évolue constamment. C’est en affrontant l’excellence que l’on peut produire l’excellence. Un jour, vous le verrez, les créations ivoiriennes seront vendues dans des boutiques de luxe à New York ou à Séoul. »

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