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« Avec 7 500 dollars par mois, on se croyait riche » : combien gagner aux Etats-Unis pour maintenir son niveau de vie ?

En acceptant le poste de ses rêves à la prestigieuse université de Georgetown à Washington, Géraldine Vitry ne pensait plus avoir à compter son argent. Les yeux de la chercheuse postdoctorale en biologie se sont illuminés lorsqu’elle a découvert sa promesse d’emploi à 5 000 dollars par mois, une somme astronomique si on la compare au salaire moyen des jeunes chercheurs en France, qui dépasse à peine les 2 000 euros net.

Mais les premières recettes mettent fin à cette rêverie. A peine arrivée sur le sol américain, la visite d’un supermarché qui pourrait ressembler à un Monoprix lui fait comprendre qu’à l’avenir, elle devra être vigilante. « Je n’ai acheté que du petit-déjeuner et des chips : 60 $… »dit le trentenaire, encore choqué un an plus tard.

Si l’inflation reste à peu près la même qu’en France, à 3,4% sur un an en avril (contre 2,2%), le coût de la vie est bien plus élevé aux Etats-Unis. Un rapide coup d’oeil au comparateur en ligne Numbeo montre qu’il faut 7 181 euros net par mois à Los Angeles, 7 408 euros à Washington DC et 9 785 euros à New York pour maintenir un niveau de vie obtenu avec 5 700 euros net par mois à Paris.

Loyer de 2 500 $ pour un appartement de deux pièces

De quoi inciter Géraldine Vitry et son mari à revoir leur copie. Avec un revenu brut de 120 000 $ par année, le couple pensait être à l’abri de tout souci financier. Mais la réalité du terrain amène les deux Français à s’interroger sur leur avenir dans la capitale américaine. Avec un loyer de 2 500 $ – « un bon plan »assure Géraldine – et avec plus de 1 000 dollars de nourriture, sans compter les assurances et les sorties, ils arrivent à peine à mettre de côté 1 000 dollars par mois, « ce qui est insuffisant pour notre retraite ». Les Etats-Unis ne disposent pas de système par répartition : c’est donc aux ménages d’épargner pour s’assurer une retraite convenable.

Pourtant, le rêve américain a repris de l’ampleur ces dernières années. Selon le FMI, le PIB par habitant des Etats-Unis a dépassé cette année les 85 000 dollars annuels, soit 38 000 dollars de plus que celui de la France (47 000 dollars). Cet écart n’était que de 11 000 dollars en 2014. A l’origine de ce décollage du PIB américain : un dollar fort et désormais proche de la parité avec l’euro (contre 1 euro = 1,57 dollar en 2008), un secteur technologique porteur et des salaires qui croissent plus vite que l’inflation depuis la mi-2023.

« Pour un couple avec deux enfants, c’est au minimum 8 000 à 10 000 euros par mois »

Suite à ce boom économique, « La vie devient de plus en plus chère », constate Vincent Durin. Cet entrepreneur n’est pourtant pas à plaindre : il s’est récemment offert son rêve américain, une voiture de course pour plus de 130 000 $. Le Français des Deux-Sèvres peut se le permettre, sa boulangerie ouverte à Lake Worth, petite ville populaire de Floride, a atteint le million de dollars de chiffre d’affaires en seulement trois ans. Un succès inimaginable en France, où il serait difficile de vendre du pain au chocolat à 5 euros.

Oui, mais ce chiffre d’affaires est à comparer à son assurance auto à 700 dollars par mois ou à son assurance maladie qui tourne autour de 1 000 dollars (toujours par mois). « Pour un couple avec deux enfants, c’est au minimum 8 000 à 10 000 euros par mois pour vivre sereinement »affirme-t-il.

Se faire une idée des prix avant de s’y rendre

Armelle Perben a vécu dans sept pays différents avant de co-fonder Absolutely French, une agence parisienne qui accompagne les expatriés dans leurs démarches. Pour éviter toute déconvenue financière, elle conseille de faire un voyage de reconnaissance. « Il ne faut pas hésiter à interroger votre entreprise, cela permet de mieux choisir son quartier et d’entendre des Français déjà installés. » Pour ceux qui n’ont pas cette opportunité, elle suggère de se renseigner sur les groupes Facebook pour les communautés francophones. « La plupart d’entre eux s’appellent ‘Les Français à…’ suivi du nom de la ville. Ils constituent un bon moyen d’identifier les principaux points de friction sur chantier. » Pour se faire une idée du niveau de vie, il est également possible de jeter un oeil aux salaires des Américains, classés par ville, à l’aide de comparateurs commelevels.fyi ou Glassdoor.

Louis Delaoustre a réalisé ce travail de repérage sur place, quelques mois avant d’ouvrir un bureau à New York. Le cofondateur de la start-up montréalaise Potloc, spécialisée dans les études marketing, a ensuite réfléchi au montant des forfaits d’expatriation à proposer aux trois salariés français qui le rejoindront dans la Grosse Pomme. « Je suis parti d’un constat simple : la vie est en moyenne deux fois plus chère ici qu’à Paris, donc je leur ai proposé des salaires deux fois plus élevés »dit l’entrepreneur de 35 ans. « Puis je me suis rendu compte que c’était un peu bas pour les familles et j’ai ajouté 20 à 30 000 dollars par an et par personne à charge, car ici avoir des enfants coûte cher. »poursuit Louis Delaoustre.

Fonder une famille : un vrai budget outre-Atlantique

Un poste de dépense parfois sous-estimé par les candidats à l’expatriation. Lorsqu’elle arrive à East Cobb, une banlieue aisée de la banlieue d’Atlanta, Fanny Picart ne pensait même pas qu’elle aurait à travailler. Son mari, manager dans une start-up logistique néerlandaise, avait obtenu un triplement de son salaire, à 7 500 dollars net par mois, pour émigrer dans le sud des Etats-Unis. « Au début, on se disait qu’on serait grand »elle dit.

Mais après deux années passées dans la « Capitale du Sud », et avec deux jeunes enfants, la réalité est plus amère. « La plus petite sortie familiale au musée coûte 100 dollars, l’abonnement au club d’arts martiaux du grand dépasse les 150 dollars par mois, tout va très vite ici », regrette le trentenaire. Elle cherche un emploi, sans succès, faute de poste correspondant à son profil. Même si elle en trouvait un, les forfaits garderie n’ont rien à voir avec la France : dans son quartier, ils atteignent facilement 2 000 dollars par mois. « On est donc prudent et on part rarement en vacances »résume celui qui « vivait bien Paris avec 5 000 euros à eux deux ».

Alix Carnot, directrice d’Expat Communication, recommande donc « réintégrer les coûts sociaux » dans l’équation, y compris l’éducation coûteuse des enfants, de la crèche à l’université, qui peut coûter plusieurs dizaines de milliers de dollars, dès la maternelle. Pas de sécurité sociale ici. Les polices d’assurance maladie américaines varient de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars par mois, selon leur couverture et le degré de couverture de l’entreprise.

Maintenir un mode de vie « à la française »

« Tout est question de style de vie »», rassure toutefois Isabelle Lagadic, qui a vécu près de trente ans aux Etats-Unis. L’enseignant de l’enseignement supérieur vit dans la banlieue de Cincinnati. Ici, on est loin des mégalopoles et avec 3 700 dollars nets par mois, elle parvient à «vivez très bien, avec tout ce dont vous avez besoin». La quinquagénaire, aujourd’hui américaine, s’estime chanceuse d’avoir conservé le « côté économe » le français. « En étant prudent et en limitant les excès, il est tout à fait possible d’acheter des produits de bonne qualité et de bien vivre »acquiesce le professeur de chimie qui travaille dans le secteur public et qui n’a pratiquement pas eu d’augmentation depuis 17 ans.

Selon elle, il faut à tout prix éviter « faites comme les Américains » Et « vivre au-dessus de nos moyens, dépenser notre argent dès qu’on le reçoit ». Isabelle Lagadic reste encore sans voix face au recours quasi culturel à l’endettement. Ses amis possèdent tous une dizaine de cartes de crédit. Un avertissement qui n’empêchera pas les Français de traverser l’Atlantique toujours plus nombreux : selon le Quai d’Orsay, en 2023, les Etats-Unis restent le 2ème pays le plus attractif pour les candidats expatriés français (juste derrière la Suisse) avec 150 587 inscrits en 2023. le registre, soit une augmentation de 3,6% par rapport à 2022.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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