Une fois de plus, la Méditerranée surchauffe. La vague de chaleur marine en cours dans la mer Ligure s’est poursuivie lundi 12 août, atteignant des niveaux record. Ces derniers jours, selon les données satellites, la température était supérieure de 5 degrés à la période de référence (la moyenne des températures mesurées entre 1991 et 2020) dans la zone comprise entre Nice, en Corse, et le golfe de Gênes, en Italie. Les points de surveillance locaux montrent également des températures extrêmement élevées.
Dimanche 11 août, une bouée située à l’entrée de la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), près de Nice, affichait 29,4°C, supérieur au record de 2022 de 29,2°C. « C’est quelque chose qui n’a jamais été vu auparavant dans cet endroit.observe Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche. Cette canicule marine se distingue des précédentes par son intensité.
Une autre bouée, installée entre Nice et la Corse, mesurait dimanche en fin de journée une température de 29,7°C, contre 28,9°C le 5 août. Samedi, la température était également de 30,8°C au large de Porto-Vecchio, en Corse. « Nous ressentons vraiment les effets de la chaleur de ce week-end.note Thibault Guinaldo, océanographe au Centre national de recherches météorologiques (Météo-France/CNRS). Nous atteignons des ordres de grandeur similaires à ceux de l’été 2022″marquée par des vagues de chaleur extrêmes.
Cette vague de chaleur, qui a débuté mi-juillet, est classée depuis plusieurs semaines en catégorie 2 (sur quatre), et donc considérée comme « forte ». Elle s’explique par la conjonction de deux phénomènes : d’abord les températures très élevées observées dans le sud-est de la France, où canicules et vagues de chaleur se sont succédées, et ensuite l’absence de vent, qui ne permet pas aux eaux de surface de se mélanger à celles situées plus en profondeur, plus fraîches. « À 1euh Juillet, on était dans les temps pour la saison, mais on a gagné presque 6 degrés en un mois !souligne Thibault Guinaldo.
Le réchauffement des mers et des océans, qui absorbent environ 90 % des émissions de gaz à effet de serre, est directement lié au réchauffement climatique provoqué par les activités humaines, notamment la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). Depuis les années 1980, la Méditerranée se réchauffe en moyenne de 0,4 degré par décennie. « Cette nouvelle vague de chaleur ne surprend pas les scientifiques, selon les modèles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédisent que ces phénomènes deviendront plus fréquents, plus longs et plus intenses avec le réchauffement climatiquerappelle Jean-Pierre Gattuso. Mais c’est très inquiétant. »
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